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Samuel Paty a été décapité. Mais l’inspection académique, des enseignants et la FCPE l’avaient assassiné avant…
©PASCAL GUYOT / AFP

Lâcheté collective

Ils ont été nombreux dans ce cortège funèbre et honteux.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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L’inspection académique a publié un rapport de 22 pages sur ce qui s’est passé au collège du Bois d’Aulne à Conflans-Sainte-Honorine. Commençons par le titre qui est révoltant : « Enquête sur les événements du collège du Bois d’Aulne avant l’attentat du 16 octobre » !

La décapitation de Samuel Paty - dont le nom n’est même pas cité dans le titre - c’est un « événement » ? N’importe qui doté d’un peu de coeur et de sensibilité aurait écrit : « enquête sur l’assassinat de Samuel Paty ». L’inspection académique, douce et prudente, s’exprime dans un style très académique.

On apprend également que Samuel Paty a été sommé de s’expliquer devant le père d’une élève choquée par les caricatures de Mahomet qu’il avait montré en classe. Dans quel pays sommes-nous où un enseignant doit se justifier de défendre la liberté d’expression ? Il parait que ça s’appelle la France !

On apprend aussi que la FCPE, une fédération de parents d’élèves classée à gauche, a conseillé, de guerre lasse, au père de l’élève de porter plainte. Nous sommes toujours en France ? On découvre ensuite que des profs ont, avant d’y renoncer, envisagé de faire savoir à l’inspection académique qu’ils se désolidarisaient de Samuel Paty. Ces profs sont français non ? Et il paraît qu’en France l’école est laïque et républicaine.

On comprend la logique qui sous-tend toutes ces attitudes. Si Samuel Paty n’avait pas blasphémé, il serait encore vivant. Élémentaire n’est-ce pas ? Et si les mécréants de Charlie Hebdo n’avaient pas publié les caricatures de Mahomet ils seraient toujours en vie. Toujours élémentaire n’est-ce pas ?

On hésite entre le dégoût et l’écoeurement. Mais nous ne sommes même pas révoltés tellement l’Education nationale nous a habitué à ne pas l’être. Pour que les choses soient un peu plus claires faisons un détour par la Tchétchénie. Là bas l’assassin, Abdoullakh Abouyezidvitch Anzorov, a été enterré devant une foule émue.

Le président tchétchène Ramzan Kadyrov a certes déploré l’assassinat de Samuel Paty. Mais il a aussitôt ajouté que ce qui se passait en France, où l’on insulte les musulmans, « poussait les musulmans au terrorisme ». Nous préférons la franchise de Kadyrov à l’hypocrisie de l’inspection académique.

Ps : Une réunion d’information a été organisée au collège pour évoquer la mort de Samuel Paty. Sur les 50 profs de cet établissement, à peine la moitié étaient présents. Les autres étaient sans doute occupés à consoler les élèves musulmans choqués par les caricatures. 

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