Rythmes scolaires : ce qu'on peut changer dès maintenant, ce qu'il faudrait changer plus tard<!-- --> | Atlantico.fr
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Le passage à la semaine de 4,5 jours n’en finit plus de poser problème.
Le passage à la semaine de 4,5 jours n’en finit plus de poser problème.
©Littlefrench

SOS dépannage

Parents et enseignants n'en finissent plus de s'arracher les cheveux face aux perturbations causées par la réforme Peillon. S'il faudra probablement attendre le mois de septembre 2014 pour voir le système se corriger, les acteurs de la société civile peuvent déjà agir au niveau local.

Jean-Rémi Girard

Jean-Rémi Girard

Jean-Rémi Girard est vice-président du SNALC-FGAF (Syndicat National des Lycées et Collèges). 

Il tient le blog sur l'Education nationale "Je Suis en retard" : http://celeblog.over-blog.com

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Atlantico : Jours non-payés, absences cautionnées par les parents, boycotts annoncés, le passage à la semaine de 4,5 jours n’en finit plus de poser problème. Sachant que ces rythmes scolaires seront probablement maintenus pour cette année, les parents et les enseignants peuvent-ils s’organiser pour sauver les meubles ?

Jean-Rémi Girard : Les marges de manœuvres sont par définition limitées par la loi, ce qui réduit évidemment les possibilités en la matière. Quelques actions restent effectivement envisageables cependant pour tenter d’améliorer ce système. Tout d’abord, il est essentiel que les parents et les enseignants commencent à faire remonter l’ensemble des dysfonctionnements remarqués vers les collectivités locales, en particulier sur le plan des animations encore mal encadrées, sans quoi les problèmes continueront logiquement de se manifester. On peut aussi par ailleurs décréter que certaines des heures de travail des enseignants dédiées aux concertations et réunions soient déplacées vers le temps périscolaire. Cela permettrait ainsi d’offrir à des animateurs parfois dépassés des conseils pédagogiques qui leur permettraient de délimiter ce qu’ils peuvent faire ou ne pas faire avec un groupe d’enfants. Enfin, il est nécessaire de rappeler que ces activités périscolaires ne sont pas obligatoires, donc que les parents sont tout à fait en droit de chercher des solutions alternatives pour les activités de leurs enfants.

L’instauration des TAP (Temps d’Activité Périscolaire) est un des principaux points noirs de la réforme, les enfants concernés étant souvent limités à des « ateliers coloriage » faute de moyens. Peut-on corriger cette faille à l’heure actuelle ?

Le problème est ici que l’on a une réforme nationale dont les modes d’applications sont forcément locaux. Sachant que le contexte varie en fonction des municipalités, il devient extrêmement difficile d’apporter une réponse globale en la matière. Il serait nécessaire néanmoins de commencer à instaurer, pour les élèves les plus âgés, la possibilité d’avoir une activité d’aides aux devoirs au sein de l’école. Ce serait déjà un moyen d’étendre la palette d’activités pour les établissements qui se limitent pour l’instant aux ateliers coloriages.  

Ensuite, bien qu’une telle mesure dépende du ministère de l’Education nationale, il m’apparaît important d’accorder des heures supplémentaires aux enseignants, puisqu’ils sont logiquement ceux qui sont le mieux formés pour ce type de situation. Intégrer les enseignants dans le périscolaire permettrait de simplifier le dispositif, pour peu que l’on décide d’y mettre les moyens.

Enfin, il me semblerait bénéfique de laisser la décision des horaires des différentes activités soient laissés au conseil d’école et non à la municipalité comme c’est le cas actuellement. On se retrouve aujourd’hui avec des situations parfois délirantes en termes de longueur d’activités ou d’interruption de siestes chez les plus petits pour correspondre aux rythmes imposés. Il est donc logique que les parents et les enseignants soient ici consultés sur la composition des emplois du temps.

De plus en plus d’établissements font désormais appels à des bénévoles pour combler le manque de personnel. Cette option est-elle un moindre mal en dépit du problème de formation qui se pose ?

Ce n’est hélas pas vraiment un « moindre mal » puisque le fait d’engager des personnes qui ne savent pas s’y prendre peut causer des dégâts par la suite (organisation, gestion de l’autorité…). Dans le principe on serait tenté de dire « pourquoi pas » à l’option des bénévoles mais il est dans ce cas nécessaire de les former, plutôt que de les envoyer directement sur le terrain comme c’est parfois le cas actuellement. Je pense donc qu’il ne serait pas absurde de demander aux inspecteurs de l’Education nationale ainsi qu’aux conseillers pédagogiques, chargés initialement de former les professeurs, de s’investir aussi dans la formation de ces personnels auxiliaires chargés des activités périscolaires.

Le mouvement contestataire prend de l’ampleur alors qu’une journée de « boycott » est prévue pour le 13 novembre prochain et que de nombreux maires réclament une refonte de la réforme. La pression actuelle suffira-t-elle à changer les choses ?

Ce qui est sûr, c’est qu’on ne reviendra probablement pas à la situation antérieure, mais on peut cependant imaginer une réécriture de la loi qui prendrait compte des nombreux problèmes que l’on recense en ce moment. Une fois encore, je pense que les conseils d’écoles doivent avoir un pouvoir de décision accru pour une meilleure souplesse dans la construction des rythmes. Dans certains cas, on pourrait même imaginer que certaines écoles, si elles estiment qu’elles fonctionneront mieux ainsi, rétablissent la semaine de 4 jours. Il s’agit là d’une solution qui pourrait faire consensus, ne serait-ce que dans le monde de l’éducation et chez les parents d’élèves.

J’aimerai conclure cependant en disant qu’il faudrait éviter d’instrumentaliser la grogne actuelle à des fins purement politiques alors que les municipales approchent. Il est vraiment nécessaire d’aborder le problème avec pragmatisme et consensus pour tenter de régler au mieux les dysfonctionnements que l’on constate aujourd’hui. 

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