Repli de l’armée russe sur le front Est en Ukraine : le début de la fin de la guerre ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Vladimir Poutine préside une réunion du gouvernement via une liaison vidéo à la résidence d'État de Novo-Ogaryovo à l'extérieur de Moscou, le 23 mars 2022.
Vladimir Poutine préside une réunion du gouvernement via une liaison vidéo à la résidence d'État de Novo-Ogaryovo à l'extérieur de Moscou, le 23 mars 2022.
©Mikhail KLIMENTYEV / SPUTNIK / AFP

Donbass

L'armée russe a annoncé vendredi qu'elle allait désormais se concentrer sur une « libération » complète de la région du Donbass. Moscou affirme avoir achevé la première phase de son « opération » en Ukraine. Officiellement, l’Etat-major russe assure que sa stratégie a été d’étirer les défenses ukrainiennes sur de nombreux fronts pour les empêcher de défendre le Donbass massivement.

Jérôme Pellistrandi

Jérôme Pellistrandi

Le Général Jérôme Pellistrandi est Rédacteur en chef de la Revue Défense nationale.

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Atlantico : Le ministère russe de la Défense a indiqué que son armée allait désormais se concentrer sur une libération « complète » de la région du Donbass, à l'Est de l'Ukraine. Il s'agissait d'une des options de départ de « l'opération spéciale » lancée en Ukraine, l'autre étant la conquête de tout le pays. Comment analyser cette décision ?

Jérôme Pellistrandi : Il faut le comprendre comme l’échec du plan envisagé initialement. Jusqu’au 24 février, on pensait que la cible était ce qu’il restait du Donbass (Donetsk et Lougansk) et qu’il s’arrêterait là. On s’est aperçu qu’il attaquait sur tous les fronts : au Nord, Kiev, à l’Est dans le Donbass, au Sud par la Crimée vers Marioupol. S’il décide de se concentrer sur l’Est, c’est qu’ailleurs ça ne marche pas. Ils veulent sanctuariser le Donbass en vue de futures négociations. C’est donc l’échec du plan initial et l’engagement dans une guerre qui va être longue. Les Ukrainiens vont chercher à récupérer tous leur territoire : Kharkiv, Marioupol, etc. Les Russes sont dans une situation où ils n’ont pas réussi à remplir leurs objectifs, ce qui est inquiétant et dangereux.

Est-ce un repli stratégique ou la preuve d’une déroute ? Renonce-t-il définitivement à prendre le pays ?

C’est une tactique par défaut. L’échec de l’offensive fait qu’ils essaient de trouver d’autres modes d’action. C’est ça qui est dangereux. D’autant que les Ukrainiens peuvent être tentés de dire qu’il n’y a rien à négocier car les Russes ont perdu. De fait, les Russes n’ont pas réussi à obtenir ce qu’ils envisageaient. Mais cela signifie que tout est possible. Les Ukrainiens eux vont avoir le sentiment d’avoir gagné la bataille.

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« Libérer » le Donbass est-il un objectif plus atteignable pour les Russes ? Cela va-t-il être facile ?

Il est plus atteignable, mais cela leur demande de récupérer des troupes ailleurs et les Ukrainiens ne vont pas se laisser faire. Les Russes disent se concentrer sur la libération de cette partie de l’Ukraine, mais pour les Ukrainiens, il n’y a rien à libérer. Les Russes n’ont pas perdu la guerre, mais ils sont loin de l’avoir gagnée.

Cette réorientation vers le Donbass est-elle une prémisse de fin de conflit ou au contraire d’un enlisement ?

C’est en tout cas la résultante d’un conflit qui s’enlise tant sur le plan militaire que diplomatique. Car à partir du moment où les Russes s’enlisent, on ne voit pas ce qu’ils ont pour négocier. Ils vont arriver dans une relative faiblesse. Poutine va-t-il accepter cette forme d’échec ? Rien n’est moins sûr, il va falloir voir ce qu’il se passe dans les jours à venir.

Comment cela va-t-il impacter les négociations ?

Les négociations n’avancent pas car les Russes ne veulent pas admettre qu’ils changent de but de guerre. Les Ukrainiens sont, en quelque sorte, dans une position de force. Chaque jour gagné par les Ukrainiens est un jour perdu par Poutine. Mais c’est un conflit de longue durée qui s’annonce. D’autant qu’on assiste à une mondialisation de la guerre (et pas à une guerre mondiale) : problème de production agricole, prix de l’énergie, etc.

La question qui demeure est : quid de Poutine dans cette affaire. Le gouvernement Russe a reconnu la mort de 1351 soldats, ce n’est pas négligeable. On peut se demander jusqu’où la société russe va accepter le mensonge et le coût humain, surtout si le seul prix est le Donbass. Et face à cela, il y a un risque de fuite en avant. En Biélorussie, Loukachenko se rend compte de la menace d’une révolution type Maïdan. Donc la recomposition politique ne fait que commencer.

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