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Remaniement en vue : pourquoi François Hollande a d’ores et déjà perdu tout espoir d’en tirer des bénéfices
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Objectif nul

Après les départs successifs du gouvernement, l'un des enjeux pour François Hollande à un an de la présidentielle sera d'élargir à nouveau l'équipe ministérielle à gauche et de ressouder les troupes.

Jean-Pierre Bédeï

Jean-Pierre Bédeï

Jean-Pierre Bédéï, ancien éditorialiste au bureau parisien de La Dépêche du Midi, est l'auteur d'essais politiques dont "Au perchoir", "Sur proposition du Premier ministre" et "La Macronie ou le nouveau monde au pouvoir" (L'Archipel, 2024, 2015 et 2018).

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Atlantico : En quoi la composition du prochain gouvernement sera-t-elle déterminée par les enjeux de la future campagne présidentielle ? Et quels seraient les risques pris par les personnalités qui pourraient rejoindre le gouvernement ?

Jean-Pierre Bédei : Après les départs successifs du gouvernement des écologistes, de ministres identifiés à gauche comme Arnaud Montebourg,  Benoît Hamon et enfin Christiane Taubira, l'un des enjeux pour François Hollande à un an de la présidentielle sera d'élargir à nouveau l'équipe ministérielle à gauche afin de retrouver l'assise initiale de la majorité du début du quinquennat et donner ainsi l'image d'une gauche rassemblée. Il devrait s'efforcer de réintégrer dans la nouvelle équipe ministérielle des écologistes ou des personnalités estampillées à gauche. Mais cela semble difficile tant les positions prises par les Verts sur la prolongation de l'état d'urgence et la déchéance de la nationalité sont opposées à la ligne gouvernementale. Dans ces conditions, seuls les écolos qui ont rompu avec le parti de Duflot et sont alignés sur la ligne de Hollande sont susceptibles d'être intégrés. Dans ce qui sera probablement le dernier gouvernement avant la présidentielle, Hollande sera peut-être aussi tenté de faire entrer une ou deux personnalités de la société civile qui sont populaires afin de renouveler et d'améliorer l'image de l'équipe de Valls. Mais d'une manière générale, il fait plutôt confiance à des politiques issus du sérail. Quant aux risques pris par les nouveaux ministres, ils ne sont guère importants car ils arrivent en bout de course du mandat présidentiel, et il sera difficile de leur reprocher de ne pas avoir redressé la situation s'il la gauche perd en 2017.

Quels sont les points de faiblesse que François Hollande se doit de renforcer ?

Il doit donner l'image d'un gouvernement de combat, soudé face à la droite dans la campagne présidentielle qui va commencer.  Enfin et surtout, il doit trouver un discours et une orientation politique susceptibles de remobiliser le maximum d'électeurs de gauche possible  mais aussi de convaincre une partie de la droite et du centre afin de revenir à se qualifier pour le deuxième tour de la présidentielle. Un grand écart qui relève d'une alchimie très incertaine. S'il veut rassembler, il doit commencer par cesser de diviser comme il l'a fait sur la déchéance de la nationalité.

Un remaniement a t-il réellement le potentiel d'influer sur l électorat ? S'agit- il plus d'une cuisine interne aux partis que d'un réel enjeu vis à vis des électeurs?

Au-delà d'un épisode de curiosité éphémère concernant les nouveaux-venus au gouvernement, le remaniement n'influe guère sur l'opinion publique. Ce qu'attendent les Français, ce sont des résultats. Et peu importe pour eux que ce soit Pierre, Paul ou Jacques qui occupent les fonctions de ministre.  Ils voient davantage un remaniement comme l'arrangement entre des partis ou comme un jeu de chaises musicales qui profite à une élite qui s'accroche au pouvoir. En revanche, pour les militants ou les sympathisants politiques, la composition d'un gouvernement est toujours un signal qui leur est envoyé. Quant au Président, les sondages montrent que depuis le début de la Vème République, il ne profite guère très longtemps de l'image d'une nouvelle équipe. Il grappille tout au plus deux ou trois points dans les enquêtes d'opinion dans un premier temps avant de retomber à son précédent niveau dans les deux ou trois mois qui suivent. Pour le chef de l'Etat, un remaniement ne constitue guère une martingale durable.

Peut-on estimer que ce remaniement est le point de départ de l'organisation d'un mouvement de scission à gauche ? La volonté des frondeurs d'organiser des primaires à gauche peut elle trouver un second souffle à cette occasion ? 

La fracture à gauche a commencé bien avant le remaniement qui devrait avoir lieu dans les prochains jours. Il date du remplacement de Jean-Marc Ayrault par Manuel Valls même si le premier menait déjà une politique de rigueur que le second a symbolisée plus nettement avant qu'Emmanuel Macron n'en apparaisse le fer de lance. Si aucune figure de la gauche du PS ou du parti de Duflot n'entre dans la nouvelle équipe, la fracture existant au sein de la gauche perdurera. Mais il y a peu de chance qu'elle se traduise par une scission ou des départs d'élus au sein du PS. Seul Europe-Ecologie-Les Verts a connu ce phénomène. Quant à la primaire, elle est née dans l'esprit de ses instigateurs avant le remaniement et celui-ci ne devrait que renforcer la détermination de cette frange de la gauche à vouloir mettre en  uvre cette compétition dans la mesure où la nouvelle équipe gouvernementale ne fera qu'appliquer la politique de Hollande. Cela ira-t-il jusqu'à donner un second souffle à la primaire ? Cet hypothètique nouvel élan ne pourra venir que de la capacité de la  gauche de la gauche à s'organiser elle-même et à réduire ses propres divisions. Ce qui est loin d'être fait. Et cela n'a rien à voir avec le remaniement.

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