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Religion, mariage, communautarisme : mais pourquoi les Français ont-ils autant d'idées reçues (fausses) sur l'islam ?
©Reuters

Bonnes feuilles

Entre haine et paranoïa, la société française se fait de sa minorité musulmane et de l’islam français une représentation collective délirante, c’est-à-dire déconnectée de la réalité. C’est ce que Thomas Guénolé appelle l’islamopsychose. Il s’attelle, dans ce livre, à pointer les erreurs et à déconstruire les préjugés assénés sur ces sujets par Manuel Valls, Gilles Kepel, Éric Zemmour et bien d’autres. Extrait d'"Islamo-psychose" de Thomas Guénolé, publié chez Fayard (2/2).

Thomas Guénolé

Thomas Guénolé

Thomas Guénolé est politologue et maître de conférence à Sciences Po. Son dernier livre, Islamopsychose, est paru aux éditions Fayard. 

Pour en savoir plus, visitez son site Internet : thomas-guenole.fr

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« Nous sommes français. Nos ancêtres les Gaulois. Un peu romains. Un peu germains. Un peu juifs. Un peu italiens. Un petit peu espagnols. De plus en plus portugais. Peut-être, qui sait, polonais. Et je me demande si déjà nous ne sommes pas un peu arabes. »

François Mitterrand, discours en Sorbonne, 18 mai 1987

Dans la France d’aujourd’hui, on parle énormément de la minorité musulmane, mais, au-delà des clichés, il semble qu’on la connaisse très mal et très peu.

Il est courant de parler indifféremment des « immigrés » et des « musulmans » en considérant que c’est à peu près la même chose. C’est pourtant faux. Les trois quarts de la population de confession musulmane sont de nationalité française. Et parmi eux, plus des deux tiers sont des Français de naissance. Postuler que les « Maghrébins » et les « musulmans », cela désigne grosso modo la même population : encore une croyance très répandue. C’est pourtant faux. En réalité, en termes d’origines, l’Algérie, le Maroc et la Tunisie représentent un peu moins de 60 % du total.

Affirmer que les Français de confession musulmane pratiquent massivement le communautarisme religieux est une opinion fréquente. C’est pourtant faux. Ainsi, parmi les descendants d’immigrés maghrébins, seuls 2 % sont membres d’une association religieuse : cela invalide la thèse d’une volonté collective de rester dans un entre-soi confessionnel. De plus, environ 90 % des Français de confession musulmane acceptent d’être soignés par un médecin du sexe opposé, serrent la main d’une personne de sexe opposé sans y voir de problème, et écoutent régulièrement de la musique.

Soutenir que les Français de confession musulmane ou les Français d’origine maghrébine se marient systématiquement entre eux, et sont donc communautaristes, est devenu un lieu commun. C’est pourtant faux. Ainsi, pour plus de la moitié des hommes d’origine marocaine ou tunisienne, la conjointe n’est ni une immigrée maghrébine, ni une descendante d’immigré maghrébin, ni une immigrée ou descendante d’immigré d’une autre région du monde. Autre exemple : pour plus de la moitié des hommes d’origine subsaharienne, la conjointe n’est ni une immigrée subsaharienne, ni une descendante d’immigré subsaharien, ni une immigrée ou descendante d’immigré d’une autre région du monde.

À force d’en entendre parler, on pourrait croire que le voile est un phénomène massif parmi les Françaises de confession ou d’origine culturelle musulmane. C’est pourtant faux. Deux tiers d’entre elles ne portent jamais le voile, moins d’un quart le portent systématiquement, et les autres le portent rarement ou par intermittence. Quant à la burqa, si l’on retient l’estimation disponible la plus haute – moins de 2 000 cas dans toute la France selon le ministère de l’Intérieur –, elle n’est portée que par environ 0,05 % de la population féminine française de confession musulmane.

Il est également devenu banal de juger que cette population féminine, soumise aux valeurs patriarcales de ses contrées d’origine, aurait majoritairement des opinions conservatrices en matière de moeurs. C’est pourtant faux. Parmi les non-pratiquantes et celles qui ont totalement délaissé la religion – c’est-à-dire plus de la moitié du total –, trois quarts approuvent le concubinage et trois quarts approuvent l’IVG. 

Extrait d'Islamo-psychose, de Thomas Guénolé, aux Editions Fayard.

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