Réindustrialisation : Emmanuel Macron fait (enfin) preuve de volontarisme <!-- --> | Atlantico.fr
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Emmanuel Macron a dévoilé de nouvelles mesures ce jeudi 11 mai pour accélérer la réindustrialisation du pays.
Emmanuel Macron a dévoilé de nouvelles mesures ce jeudi 11 mai pour accélérer la réindustrialisation du pays.
©YOAN VALAT / POOL / AFP

Renouveau industriel

Le défi va être de réussir leur exécution dans les prochains mois pour que ces ambitions ne restent pas lettre morte.

Charles-Edouard de Cazalet

Charles-Edouard de Cazalet est Directeur associé de Sogedev – EPSA Innovation.

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Atlantico : Ce jeudi, Emmanuel Macron a fait des annonces relatives à la réindustrialisation du pays. Qu’en retenir ?

Charles-Edouard de Cazalet : Cette intervention montre enfin un volontarisme fort d’un gouvernement pour redéployer une industrie française puissante et alignée avec les défis futurs, environnementaux, économiques, technologiques et sociaux.

Face au chantier que représente la réindustrialisation du pays, les annonces du président vont-elles dans le bon sens ? Sont-elles suffisantes ?

Les annonces vont clairement dans le bon sens avec 4 axes forts :

L’accélération : permettre aux projets industriels de voir le jour plus vite (division par deux du délai d’obtention des diverses autorisations administratives, déblocage du foncier notamment à travers l’investissement en amont dans les friches etc…) et donc de gagner en compétitivité,

Le financement : fournir un appui financier complémentaire de l’Etat pour les industries vertes (crédit d’impôt industrie verte) afin d’accélérer la transition écologique, flécher et développer encore plus les aides vers les industries d’avenir,

La formation : favoriser les parcours de formation qui permettront de répondre aux créations d’emploi générées par la réindustrialisation,

Le protectionnisme européen : prendre clairement parti pour l’arrêt des distorsions de concurrence avec les pays qui ne partagent pas les mêmes valeurs et les mêmes objectifs environnementaux et de biodiversités, à la fois en favorisant nos industries européennes (bonus auto pour les véhicules électriques produits en Europe) mais également en pénalisant l’importation de produits qui ne respectent pas ces valeurs et objectifs.

Qu’est-ce qui est, actuellement, défaillant dans la manière dont l’Etat intervient auprès des entreprises pour réindustrialiser le pays ?

Il manquait probablement une prise de position claire et volontariste en faveur des industries sur les différents axes évoqués par le Président de la République. Il y avait depuis quelques décennies un désamour généralisé de l’industrie, que ce soit dans les formations, dans l’image qu’on laissait se développer d’une industrie peu attractive, dans le focus économique des gouvernements et dans les batailles économiques internationales.

Les différentes crises ont montré l’absolue nécessité pour une nation forte de disposer d’une souveraineté industrielle dans différents secteurs clés si on ne voulait pas être les spectateurs du renforcement des économies américaines et chinoises, puis devenir économico-dépendants.

Finalement, ces crises sont une aubaine pour des pays comme la France car elles ont été le catalyseur de multiples prises de conscience qui conduisent certains gouvernements à prendre leur responsabilité et à marquer des positions fortes.

Il est également nécessaire de regagner la bataille de l’image de nos industries, en France et à l’étranger, et les médias ont un rôle à jouer aux côtés des pouvoirs publics. Il faut remettre en avant nos industries de demain au même titre que les start up qui seront ensemble nos atouts pour développer notre puissance économique.

De quoi ont besoin les entreprises à l’heure actuelle pour permettre un renouveau industriel et s’adapter aux enjeux du 21e siècle ?

- Faciliter les démarches (rôle des villes, des communautés de communes, des régions et des préfets pour simplifier et recréer de l’emploi et du dynamisme local / rôle de l’Etat pour créer les infrastructures).

- Aider fortement les projets d'usines innovantes belles, décarbonées et économes pour que l’État soit un accélérateur de l’industrie de demain, de l’industrie verte.

- Mettre en lumière et médiatiser ces industries, au même titre que la start up nation pour redevenir fiers de nos industries et en faire des employeurs attractifs et des marques enviables.

- Lutter rapidement et fortement contre le dumping de pays tiers : dumping économique (USA avec l’IRA : mettre une pression forte pour une réaction européenne coordonnée), dumping social (pays asiatiques : renforcer les contraintes environnementales et sociétales à l’importation).

Comment rendre l’industrie plus attractive ?

Le diagnostic posé par Emmanuel Macron est pertinent et complet et les mesures annoncées répondent en grande partie aux besoins des entreprises pour avoir une industrie attractive. Tout le défi va être dans les prochains mois de réussir leur exécution et le sponsorship du gouvernement au plus haut niveau et de manière constante va être nécessaire pour faire bouger les lignes rapidement. Si le gouvernement réussit l’exécution de ce plan, les entreprises auront toutes les cartes en main pour que l’industrie française redevienne florissante, compétitive, enviable et moderne aussi bien sur un plan technologique qu’environnemental.

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