Le très discutable appel de la Fédération des restaurateurs
« Régularisez les sans-papiers » !
Ils veulent une main d’œuvre très, très bon marché.
Benoît Rayski
Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.
Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.
Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.
On manque de personnel dans la restauration et l’hôtellerie. Un excellent article paru dans Atlantico fait d’ailleurs le point sur le marché de l’emploi en France. Dans les secteurs mentionnés, la pénurie est évidente. Des milliers de postes ne trouvent pas preneur. C’est pourquoi les restaurateurs ont cru bon de demander aux pouvoirs publics de régulariser des sans-papiers.
Il y a là un gisement de main d’œuvre taillable et corvéable à merci ! Mais pourquoi les restaurateurs et les bistrotiers n’ont-ils pas pensé à augmenter les salaires de ceux, Français, qui voudraient bien travailler ? Oui, pourquoi ? Ça les obligerait sans doute à rogner sur leurs bénéfices. Mais de cela, ils ne veulent pas. Ils préfèrent des sans-papiers régularisés et payés avec un lance-pierre.
Travailler dans l’hôtellerie et la restauration est fatiguant. On est la plupart du temps debout. Mais avec un salaire plus élevé, nombreux sont ceux qui accepteraient ce sacrifice. De toute façon, les métiers manuels, les métiers physiques ont depuis longtemps perdu toute attractivité.
Des milliers de jeunes, la plupart du temps de banlieue, préfèrent être livreurs ou chauffeurs Uber plutôt que de faire une formation pour être tourneur, serrurier, mécanicien ou ouvrier dans l’automobile. C’est aussi par ce que le travail a été dévalorisé et pas seulement sur le plan financier. Il est dit que « tu gagneras ton pain à la sueur de ton front ». L’on ne vit pas que de pain. Il faudrait que le travail soit non seulement bien rémunéré mais respecté et considéré.
Il y a de cela quelques années – des années lumières hélas – j’étais en voiture sur une petite route qui longeait la Loire. Il devait être environ six heures du matin. A un arrêt de car, il y avait un gamin, 15 ans ou 16 ans qui faisait du stop. Je m’arrêtais.
Il me dit qu’il avait raté son car et qu’il devait se rendre à Saumur à 60 kilomètres de là. Je l’ai pris à mon bord et je lui ai demandé pourquoi il allait à Saumur. Il m’a dit qu’il était élève dans une école d’hôtellerie. Et qu’en alternance, il faisait un stage dans un grand restaurant saumurois.
Je lui ai demandé alors comment il envisageait son avenir. Il m’a répondu : « un jour je serai serveur, peut-être chef de rang, peut-être maître d’hôtel ». Le temps a passé depuis. Peut-être est-il devenu restaurateur ? Et peut-être cherche-t-il à employer des sans-papiers régularisés ?
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