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Recul gouvernemental sur la loi El Khomri : ces bénéfices qu’espère en tirer la droite
©Reuters

Un pas en avant, trois pas en arrière

Les reculades du gouvernement Valls, même si elles sont ténues, vont permettre à la droite de démontrer que le gouvernement n'est pas si réformiste qu'il veut bien le laisser entendre et qu'il recule à la première difficulté.

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

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Au départ, par un réflexe pavlovien, la droite a dit non. Pas question que François Hollande et Manuel Valls lui refassent le coup de la déchéance. Cette fois, elle ne soutiendra pas le gouvernement. Non, non et non. Convaincus  que les frontières politiques doiventt être respectées, les principaux leaders de l'opposition se sont… opposés à la loi El Khomri. A l'instar d'Alain Juppé qui, le 22 février, dénonçait "une improvisation extraordinaire et une absence totale de consultation qui provoque un tollé du côté des organisations syndicales". Mais ça c'était avant. Avant que le gouvernement s'embourbe, avant que la gauche du PS ne monte au créneau et que les lycéens descendent dans les rues. Les jours passant, les Républicains ont peu à peu compris l'intérêt qu'ils avaient à isoler François Hollande et Manuel Valls, à les cornériser une fois encore. A montrer qu'ils ne sont plus soutenus que par… leur opposition.

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Alain Juppé fait donc marche arrière et affirme qu'il votera la loi El Khomri: "si elle est présentée dans les termes où elle est aujourd'hui déposée sur la table". Bruno Le Maire lui emboite le pas, tout comme François Fillon alors que derrière Nathalie Kosciusko-Morizet, 17 députés signent une pétition, affirmant "Nous voterons ce texte en disant “enfin!” car nous avons traversé, depuis 2013, pas moins de douze lois modifiant le Code du travail, sans qu'une vrai réforme ne soit proposée". Mais les pétitionnaires précisent que, pour mériter leur soutien, le texte ne doit pas être édulcoré.

L'idée est bien d'anticiper la moindre reculade de l'exécutif. Une reculade que Nicolas Sarkozy envisage précocement, histoire de se démarquer de ses concurrents de droite et d'expliquer son silence sur le projet de loi : "Dans le meilleur des cas, la montagne accouchera d'une souris car l'habituel exercice de synthèse de François Hollande l'aura emporté sur le courage. Dans le pire des cas, cela aboutira à un recul général", explique-t-il.

Une reculade qui a finalement bien eu lieu hier. Même si elle est ténue - Manuels Valls ne revenant vraiment que sur la mesure qui a cristallisé la grogne, c'est à dire le plafonnement des indemnités accordées par les prud'hommes en cas de licenciement abusif - la droite a eu beau jeu de s'engouffrer dans la brèche.  Ainsi le sénateur Roger Karoutchi dénonçait immédiatement une loi " totalement vidée. Un texte pour rien" et accusait "Hollande et Valls" d'être les "champions du monde de triple salto arrière !". Jean-François Copé twittait: "Quel bel "exemple" de commandement et de réforme du pays : pression syndicale, vite arrêtons tout !" Pour Jean-Pierre Raffarin, proche d'Alain Juppé, "La faiblesse d'un gouvernement  n'est jamais satisfaisante. Une fois de plus ce sont les PME qui sont sacrifiées". Hervé Morin lançait: " La reculade sera définitivement le maître-mot du mandat de François Hollande". Enfin pour le conseiller de Paris Christian Saint Etienne: " La modification de dispositions clés de la loi El Khomri est un coup de poignard dans le dos des jeunes et des chômeurs ! ". Rien que ça.

Il s'agit bien sûr de pointer du doigt le manque de fermeté du gouvernement face à la rue, face aux syndicats, face à sa gauche. De souligner que la volonté réformiste de Manuel Valls se heurte et se heurtera toujours au mur des réalités. De démontrer que seule la droite est capable de s'attaquer efficacement aux prétendus verrous qui ferment les portes aux embauches. Oubliant, un peu vite, que Nicolas Sarkozy lui-même avait renoncé à réformer les 35h.

En reculant, même d'un pas, le chef de l'Etat et le Premier Ministre se sont décrédibilisés aux yeux de toute la droite, même de cette droite modérée qu'ils espéraient pouvoir séduire. Ils se sont décrédibilisés sans gagner un seul électeur sur leur gauche. Pascal Cherki affirmait hier soir: "Même avec les corrections apportées par le gouvernement, la loi El Khomri demeure inacceptable tant sur son contenu que sa philosophie". Au mieux, l'exécutif évitera-t-il peut-être que le mouvement social prenne de l'ampleur. L'UNEF maintenait néanmoins, hier soir, son appel à manifester. Une bien mauvaise passe qui, tout en affaiblissant la ligne du Premier ministre, ne sert pas les intérêts de François Hollande. La droite qui avait anticipé ce recul, remporte cette fois, le match de la communication. 

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