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Quand les centristes font planer un parfum de Jasmin sur l’Assemblée…
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EDITORIAL

L’épisode du retrait de l’article sur la déchéance de la nationalité de la Loi sur l’immigration est plus qu’une simple péripétie parlementaire. Il est surtout le révélateur des pulsions de rébellion des centristes de l’UMP. Et peut-être même l’acte fondateur d’une confédération centriste.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Epreuve de force avec utilisation de l’article 49.3 ou retrait du texte, le gouvernement a tranché : il a renoncé hier à l’article sur la déchéance de la nationalité de la loi sur l’immigration. A priori, il aurait pu s’agir d’une simple péripétie comme il s’en produit régulièrement dans une démocratie parlementaire, lorsqu’une majorité se cabre contre un projet gouvernemental. Mais l’épisode est plus qu’une habile manœuvre parlementaire ; elle tente de masquer les fissures qui se font jour au sein de la majorité, et dont la manifestation spectaculaire est l’émergence d’une nouvelle force centriste, qui fait désormais face à une aile nettement plus droitière qui a pris pour dénomination la Droite Populaire.

C’est l’article de la loi sur l’Immigration, prévoyant la déchéance de la nationalité pour les assassins de policiers naturalisés depuis moins de dix ans, qui a mis le feu aux poudres. Cette mesure avait été réclamée avec fracas l’été dernier par Nicolas Sarkozy, dans un discours devenu fameux à Grenoble, à la suite de la mort d’un policier, abattu par un malfaiteur lors d’un braquage dans la région. Cette disposition, intégrée à la loi sur l’Immigration, avait déjà été rejetée par un certain nombre de députés de la majorité, dès le vote de la loi en première lecture en novembre. Elle avait été retoquée au Sénat, à la fois pour des raisons philosophiques (le refus d’instaurer deux catégories de Français), et constitutionnelles (la remise en cause du principe d’égalité).

 Les centristes trouvent la potion amère

Remaniement de novembre mal digéré, et climat de radicalisation du débat politique avec la montée du FN, les centristes commencent à trouver la potion amère. Ils ne sentent pas assez représentés au gouvernement, et se retrouvent encore moins dans le ton parfois employé par l’UMP sur les questions identitaires ces dernières semaines. De quoi provoquer une crispation certaine autour du texte qui revenait devant l’Assemblée hier -alors que le Ministère de l’Intérieur a changé de titulaire.

Les centristes ont besoin d’air et la question de la présence d’un candidat centriste est clairement posée malgré les logiques de vote utile induite par les sondages, qui montrent qu’un 21 avril à l’envers est possible.

La confédération centriste, l'UDF d'autrefois ?

Jean-Louis Borloo, qui a retrouvé sa liberté de parole, se découvre une véritable vocation de chef de file. Hervé Morin dont la notoriété est moindre dans l’opinion, travaille lui aussi à la mise sur pied de ses réseaux à travers le pays. Ils se sont entourés d’experts et de conseillers. Pour l’heure, ils travaillent en ordre dispersé mais ils se parlent, et un comité de liaison se réunit tous les quinze jours. En ligne de mire, la création d’une Confédération Centriste, à l’image de l’UDF d’autrefois. La maison est loin d’être construite mais les fondations viennent d’en être jetées, alors que peu d’observateurs auraient parié sur leur détermination il y a encore quelques semaines.

L’exécutif a donc préféré mettre un couvercle sur la cocote bouillonnante que devient sa majorité, avec une UMP de plus en plus fractionnée, entre tenants d’un discours musclé, rangés derrière Jean-François Copé, une aile droite pas très éloignée du FN sur certains points, et une aile gauche qui refuse que l’immigration devienne le prisme dominant des discours de la majorité. D’autres sujets arrivent, avec la réforme de la fiscalité, ou le financement de la dépendanc,e et tout indique que l’UMP devra composer avec ses alliés centristes pour faire adopter les projets du gouvernement.

Mine de rien c’est une petite révolution qui est en train de se produire …

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