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PSG / Dortmund : un formidable coup de pied au culte
©ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP

Ligue des champions

Ils l'ont fait ! En battant Dortmund 2 à 0 avec des buts signés Neymar et Bernat, les Parisiens arrachent leur qualification pour les quarts de finale. Une première depuis 2016.

Olivier Rodriguez

Olivier Rodriguez

Olivier Rodriguez est entraîneur de tennis et préparateur physique. Il a coaché des sportifs de haut niveau en tennis. 
 
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A force, on commençait à la voir venir de loin la malédiction. Vous avouerez tout de même... après un arbitrage borgne autorisant la remontada, après une main improbable de Kimpembe qui inaugure le VAR, après le métatarse de qui-vous-savez, après les absences récurrentes d'autres cadors lors des soirées qui comptent... oui après un enchaînement de fatalités qu'on ne rencontre guère que chez les juges pour enfants, c'était cette fois un virus qu'il n'est plus nécessaire de nommer qui privait le Paris Saint Germain de son public pour le match le plus important de la saison. 

Mais il y a une fin à tout, même aux malédictions... et si le match précédent nous était sorti par les yeux, nul doute que celui-ci, ce matin, pour de bonnes et de mauvaises raisons, sera sur toutes les lèvres. C'est officiel, le PSG version QSI verra les quarts de finale de la Ligue des Champions. Du jamais vu depuis 2016... Après les déculottées d'anthologies et les défaites historiques, le club quitte enfin la nuit pour entrevoir la lumière. C'est ce qu'on pourrait appeler un formidable coup de pied au culte. Et c'est peu dire qu'en cette période de grand trouble, cette victoire fait un bien fou à un club et à des supporters qui en avaient terriblement besoin. Ce matin donc, nous ne bouderons pas notre plaisir. D'abord en considérant que pour une fois, il ne sera pas difficile de distinguer les bons Français des mauvais Allemands... et ensuite, en soulignant qu'il toujours agréable de voir un collectif en faire une affaire personnelle. Car dans ce match ô combien important, les Parisiens auront mis beaucoup de bons ingrédients pour forcer la victoire: de l'intensité, de l'envie, de la cohésion, bref, tout ce qu'on voulait voir. Ils auront surtout affichés une belle solidarité tout au long d'un dernier quart d'heure particulièrement fébrile qui faisait craindre à tous le retour du pire. Au moment de tresser les louanges, il faut insister sur les très bons matchs de Bernat (buteur à la 45è) et de Kimpembe. Si le premier confirme sa capacité à être irréprochable lorsque l'oxygène se raréfie, le second s'est rappelé au bon souvenir de tout le monde en nettoyant tout ce qui passait à sa portée du début à la fin du match... un match, pour lui, comme un exorcisme. On pourrait aussi citer Cavani pour sa générosité ou Paredes pour la belle simplicité de son jeu. On pourrait... oui, on pourrait... Mais on devrait finalement citer tous les joueurs Parisiens pour leur engagement au coeur d'un match rendu grand par les traumatismes qui le précédaient et les circonstances qui l'entouraient. Et c'est peu dire que tout cela pesait lourd... Très lourd. Le virus, un historique handicapant, la défaite du match aller, le match joué à huis clos, l'angine d'Mbappé, les anniversaires, l'inconduite fraternelle de certains... on pourrait en citer d'autres mais c'est déjà bien suffisant... ça fait presque toutes les plaies de l'Egypte ! Alors, voir cette équipe, dans la douleur, surmonter autant ses doutes que ses adversaires est particulièrement réjouissant. Au final, ce qui est nouveau, c'est que pour une fois au PSG, la performance est beaucoup plus mentale que technique et beaucoup plus collective qu'individuelle. Et les larmes de Neymar (buteur à la 27è) donnent peut-être une juste idée de la pression qui étouffait jusqu'alors les joueurs et dont ils sont désormais libérés. Ce matin, pour le PSG, l'aventure Européenne continue et, jusqu'à nouvel ordre, tous les rêves sont permis. 

Mais si hier soir nous avons eu la joie, il nous aura manqué le partage. Car c'est bien triste un stade vide, même quand on fait un match plein. En fait, ça change tout. Le football sans public, c'est une fête sans liesse... c'est du champagne sans les bulles... c'est comme faire l'amour sans prendre de plaisir... Et ça donne une drôle d'atmosphère.

Une atmosphère rendue particulière par l'absence du public et l'omniprésence d'un virus à laquelle il va falloir s'habituer dans les semaines et, peut-être, les mois à venir. Une mise entre parenthèse obligatoire qui nous propose un nouveau type de football: le football sous vide. Consommable, certes, mais moins savoureux, évidemment. A bien y réfléchir, on s'en sort pas si mal. Parce que le vide, ce n'est pas rien et c'est même déjà quelque chose. Et c'est beaucoup mieux que le néant... C'est terrible le néant... ça défie jusqu'à l'entendement. Pourquoi ? Parce que le penser contredit déjà sa définition ! Une impasse totale. A la différence, le vide, s'il n'a pas de contenu, propose au moins un contenant. Alors nos matchs, même sans public, finalement, c'est déjà mieux que rien et, par les temps qui courent, c'est peut-être déjà beaucoup. C'est aussi l'occasion d'appréhender, en général, la place du sport dans la société et celle du football, en particulier. Et cela tombe bien car notre époque brouille souvent notre capacité à savoir lequel fait l'autre. Dans ces circonstances forcément temporaires, mais dramatiques, il reviendra à chacun de redéfinir certaines priorités... histoire, donc, de donner aux choses le sens et l'importance qu'elles méritent vraiment. Il s'agira, en somme, d'essayer de concilier des concepts a priori inconciliables: l'extrême gravité d'un virus tueur et la nécessaire légèreté de l'être. 

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