Pro business… ou pas assez ? Le Medef reproche au gouvernement de ne pas tenir ses engagements fiscaux et pas seulement...<!-- --> | Atlantico.fr
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Bruno Le Maire est accueilli par le président du MEDEF Patrick Martin lors de la Réunion des entrepreneurs français (REF) organisée à l'hippodrome de Longchamp, le 29 août 2023.
Bruno Le Maire est accueilli par le président du MEDEF Patrick Martin lors de la Réunion des entrepreneurs français (REF) organisée à l'hippodrome de Longchamp, le 29 août 2023.
©EMMANUEL DUNAND / AFP

Atlantico Business

Le Medef critique le gouvernement de ne pas respecter son engagement à réduire les prélèvements sur les entreprises. Le gouvernement se vante d'être pro-business, c'est-à-dire favorable aux entreprises, mais oublie de réduire les dépenses publiques et sociales.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Bruno Le Maire ne s'attendait pas à une "standing ovation" de la part des chefs d'entreprise hier, lors de la clôture de La Réf, marquant la véritable rentrée du Medef. En apparence, tout avait déjà été dit avant lui par le président de la République dans un message vidéo, et surtout par la Première ministre. Les patrons voulaient savoir si la stabilité fiscale promise serait maintenue. Leurs craintes se sont avérées justes, confirmées par Elizabeth Borne, annonçant que la suppression des impôts de production serait étalée sur le second quinquennat en raison de la conjoncture budgétaire. Bruno Le Maire a suivi la même ligne. Les patrons ont murmuré pendant l'annonce de la Première ministre, mais ont applaudi sans réserve les propos du ministre de l'Économie. Pour de nombreux observateurs, cela reflète les mystères de la politique. Cependant, il n'y a pas vraiment de mystère. La politique, c'est avant tout une question de "forme", et cette forme n’est souvent que le reflet du fond qui remonte à la surface.

Premier point : la majorité des patrons reconnaissent que la gouvernance Macron a été et reste très pro-business. Les lois sur l'organisation du travail, le chômage, les retraites, ainsi que les allègements fiscaux pour les entreprises ont indéniablement stimulé la dynamique de l'économie française. Cette évidence ne peut être niée par personne. Cependant, il faut  rappeler que l'amélioration du climat économique a été entamée par les prédécesseurs d'Elizabeth Borne. La Première ministre se fait ainsi le porte-drapeau de l'économie de l'offre, un concept longtemps tabou en France, montrant qu'elle découvre cette logique libérale. Néanmoins, le problème qui préoccupe les chefs d'entreprise est que la politique de l'offre ne se limite pas aux avantages fiscaux. Il faudrait évidemment  prendre en compte l'environnement et réduire les dépenses publiques.

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Deuxième point : les patrons ont peut-être surjoué leur mécontentement en reprochant au gouvernement de ne pas avancer assez rapidement sur les impôts de production, ou en soupçonnant la Première ministre de vouloir puiser dans la cagnotte de l'UNEDIC (12 milliards d'euros) pour combler les trous budgétaires. Leur grogne reflète en réalité leur difficulté à envisager l'avenir de manière claire, en l'absence d'un plan défini par la Première ministre pour répondre à leurs inquiétudes. Ils manquent d'une vision structurelle de la France de demain dans le monde.

Troisième point : Bruno Le Maire a été mieux accueilli en tant que ministre de l'Économie depuis plus de 7 ans, car il sait que les acteurs économiques ont besoin de confiance, de direction et de clarté quant à leur trajectoire et leurs motivations. La logique de l'offre ne se nourrit pas uniquement de mesures fiscales garanties, mais aussi de projets visant à réduire les moyens de l'État-providence, et surtout de transparence. L'inquiétude des chefs d'entreprise provient du manque de transparence concernant l'avenir. Entre la situation en Ukraine, la formation de blocs autoritaires autour de la Russie et de la Chine, la conjoncture européenne dominée par l'inflation et la détresse énergétique de l'Allemagne, ainsi que les défis liés au réchauffement climatique, à la concurrence protectionniste et à la redéfinition d'un nouvel ordre mondial bouleversant les règles de la mondialisation, sans oublier l'émergence de l'intelligence artificielle...

Tous ces enjeux suscitent des inquiétudes et des angoisses pour les chefs d'entreprise. Ils sont conscients que l'État affiche une générosité sociale financée à crédit. Bruno Le Maire présente un atout au sein de la scène politique : il aborde tous ces sujets et répond en partie aux attentes des acteurs économiques. La situation française dépend de ses choix fiscaux, de ses investissements, de la gestion de ses dépenses publiques, mais aussi de sa relation avec une Allemagne en difficulté et avec une Chine parfois risquée pour l'approvisionnement, entre autres facteurs. Pour une grande partie de la classe politique française, la gouvernance actuelle est souvent considérée comme excessivement pro-business, tandis que pour les chefs d'entreprise, elle ne l'est pas suffisamment du fait de son repli sur elle-même et d'une gestion interne marquée par des dépenses publiques difficilement réductibles.

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La tâche de Bruno Le Maire dans les prochains mois consistera à prendre en compte cet environnement international incertain et à se ménager des marges de manœuvre budgétaires non pas en augmentant les impôts et les taxes, mais en réduisant les dépenses publiques et sociales. La France a réussi à être pro-business tout en recourant largement à l'État-providence. Cette approche du "en même temps" ne pourra cependant pas perdurer indéfiniment.

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