Primaire de la gauche : duel entre le nouveau monde et l'ancien (nouveau) monde du PS<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Primaire de la gauche : duel entre le nouveau monde et l'ancien (nouveau) monde du PS
©Reuters

Finale Hamon Valls

Inexorablement le rouleau compresseur fait son chemin ; il n'a pas épargné le parti socialiste, doublement touché.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

Voir la bio »

Manuel Valls qui incarnait la gauche de gouvernement, la sociale-démocratie  voire le social-libéralisme qui espérait se glisser dans les habits de candidat officiel et incarner l'avenir de la gauche dite bien-pensante, est devancé par Benoit Hamon le frondeur, qui a quitté le gouvernement dans le sillage d'Arnaud Montebourg en aout 2014. Le député de l'Essonne, avec 36,35% des voix devance l'ancien premier Ministre qui affiche  un score de 31,11% des suffrages. Vincent Peillon, le candidat surprise, qui voulait défendre le bilan de François Hollande, mais peut-être avant tout barrer la route de l'investiture à Manuel Valls, ne totalise que 6,5% des voix. Arnaud Montebourg rate la qualification  avec seulement 17,69% des suffrages. Mal positionné dans l'opinion, (son programme anti-mondialisation et anti-européen, mais productiviste était peu lisible),  l'ancien ministre de l'Economie n'a pas réussi à attirer un électorat  qui lui a préféré son rival Hamon, camarade d'opposition à François Hollande et Manuel Valls. Il prône comme lui, l'avènement d'une sixième République, mais il a su capter l'électorat de gauche en voulant  "en finir avec la vieille politique, les vieilles recettes". Vaste programme en théorie, avec une mesure phare, la mise en place d'un  revenu universel. C'est largement autour de cette thématique controversée que s'est déroulée la campagne de la primaire de gauche. Arnaud Montebourg, qui défendait la valeur travail, y était opposé ; c'est même lui qui chiffrait son application à 400 milliards d'euros.

Mais hier la question n'était plus en débat et l'ancien ministre de l'Economie qui avait réuni ses amis en début de soirée, a appelé ses électeurs à reporter leurs suffrages sur Benoit Hamon dimanche prochain. Un ralliement sans condition ni négociation. Il n'avait pas d'autre choix. Les partisans de Manuel Valls n'ont pas manqué, et ne manqueront pas de souligner cette  divergence fondamentale entre les deux hommes, ainsi que d'autres différences, moins cruciales telle la légalisation du cannabis, pour montrer qu'il y a davantage de points de convergence que de divergences, avec le programme de l'ancien Premier ministre, à commencer par la "valeur travail" , ce ne sera certainement pas suffisant pour permettre à l'ancien locataire de Matignon de remporter la primaire dimanche prochain. "Les électeurs ont voté par conviction et non par contrition", a souligné Benoit Hamon. Il a conquis l'électorat de gauche  en insistant sur les mesures sociales, fussent-elles utopiques, et  un discours écologique (il veut sortir du diesel  d'ici 2025, interdire les perturbateurs endocriniens). Benoit Hamon a évité de parler de laïcité, thème mis en avant par Manuel Valls et  thème cher à la gauche traditionnelle, ainsi que des questions régaliennes qui la divisent. Benoit Hamon fait la course en tête dans les villes et Manuel Valls réalise ses bons scores dans les secteurs périurbains et ruraux. Pendant l'entre-deux tours le débat portera sur  la faisabilité des programmes. Manuel Valls a déjà commencé à attaquer son adversaire en pointant son irréalisme et en mettant en avant sa "présidentiabilité".

Mais aujourd'hui, le candidat socialiste, quel que soit son nom n'a, d'après les sondages, aucune chance d'être présent au deuxième tour de la présidentielle puisque les enquêtes d'opinion le placent régulièrement en cinquième position. On assiste à un changement d'ère, à gauche, comme à droite, on l'a vu avec la désignation de François Fillon à la primaire de la droite.  Si Benoit Hamon est élu candidat de la gauche dimanche, ce qui est plus que probable, son élection signera la fin du PS  façonné par François Mitterrand. Il se placera dans le sillage du Labour Party britannique qui a rejeté le New Labour de Tony Blair. Va-t-on  vers l'éclatement du Parti ? Celui-ci connait une érosion depuis des années et il tremble sur ses bases depuis l'ascension d'Emmanuel Macron. Une partie de l'électorat de gauche  suivra les élus qui ont déjà rejoint, ou s'apprêtent à rejoindre le leader d'En Marche. A l'inverse, une partie des électeurs potentiels de Jean-Luc Mélenchon reviendront peut-être dans le giron socialiste. Nous sommes à la fin du mois de janvier, période où  la cristallisation de l'électorat commence. Dans la plus grande incertitude.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !