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Présidentielle : pas de "France forte" sans "Europe forte" !
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Hymne à la joie

Grande oubliée de la campagne, l'Europe apparaît pourtant comme un sujet incontournable pour répondre aux défis que doit surmonter notre pays.

Guillaume Klossa

Guillaume Klossa

Penseur et acteur du projet européen, dirigeant et essayiste, Guillaume Klossa a fondé le think tank européen EuropaNova, le programme des « European Young Leaders » et dirigé l’Union européenne de Radiotélévision / eurovision. Proche du président Juncker, il a été conseiller spécial chargé de l’intelligence artificielle du vice-président Commission européenne Andrus Ansip après avoir été conseiller de Jean-Pierre Jouyet durant la dernière présidence française de l’Union européenne et sherpa du groupe de réflexion sur l’avenir de l’Europe (Conseil européen) pendant la dernière grande crise économique et financière. Il est coprésident du mouvement civique transnational Civico Europa à l’origine de l’appel du 9 mai 2016 pour une Renaissance européenne et de la consultation WeEuropeans (38 millions de citoyens touchés dans 27 pays et en 25 langues). Il enseigne ou a enseigné à Sciences-Po Paris, au Collège d’Europe, à HEC et à l’ENA.

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La crise de l’eurozone et des dettes souveraines en a été le révélateur dans les consciences populaires : nos économies sont liées et ce qui se passe chez nos voisins européens, que cela soit la modération des salaires  en Allemagne, la mauvaise gestion de la Grèce, le dumping fiscal irlandais ou le surendettement des Banques européennes, impacte directement le citoyen français, ses revenus, sa retraite, l’avenir de son emploi. En d’autres termes, la réalité c’est que la souveraineté économique est passée progressivement de l’échelon national à l’échelon européen.

Réguler la Finance, présentée comme l’ennemi national, ne peut se faire au minimum qu’à l’échelle de l’Eurozone. Créer les conditions de la réciprocité économique avec la Chine suppose de créer un rapport d’égal à égal qui ne peut se faire qu’au niveau de l’Union. Accélérer la mutation vers une économie durable et faire de nos pays les laboratoires d’un développement durable nécessite des investissements considérables en R&D qui ne pourront être rentabilisés qu’à l’échelle de l’Union européenne. En d’autres mots également, on ne pourra sortir de ces crises et créer les conditions d’un retour à une croissance durable qu’ensemble et de manière concertée, ce qui signifie que les marges de manœuvre du futur président de la République, la mise en œuvre de son programme, dépendent essentiellement de ce que fera l’Europe.

La sortie de crise ne peut donc être qu’européenne. Il n’y aura pas de « France forte » pour reprendre le slogan du candidat Sarkozy sans « Europe forte ». Et le futur président de la République, en tant que membre éminent du Conseil européen des chefs d’Etat et de gouvernement, aura une responsabilité majeure dans la feuille de route de la sortie de crise européenne. « Le changement, c’est maintenant » du candidat Hollande ne sera possible que si ce changement se réalise de manière concertée au niveau européen.

Dès lors l’enjeu de cette campagne est autant national qu’européen. Ne pas faire de l’Europe un enjeu central de cette campagne, c’est mentir aux Français, mensonge par omission mais mensonge quand même. Dès lors, on peut regretter  l’absence de l’Europe dans l’annonce de candidat de Nicolas Sarkozy, s’étonner comme le journal Le Monde du silence de François Hollande - celui qui  se présente comme le candidat de la sortie de crise - sur l’euro, la grande œuvre de François Mitterrand. Les plus Européens regretteront qu’Eva Joly, l’emblème des Verts Européens qui n’hésitent pas à s’afficher hors de France comme fédéralistes et François Bayrou, héritier direct du démocrate chrétien Robert Schuman, n’inscrivent pas au cœur du débat présidentiel la question fédérale. Cette question anime pourtant le débat politique allemand depuis plus de 6 mois. En France, ce débat est jusqu’à présent mort-né.

Espérons que cette omission du sujet européen ne soit que temporaire, espérons également que les Etats Généraux de l’Europe qui se tiendront à Paris le 10 mars prochain soient l’opportunité pour les candidats de préciser leur vision et leurs engagements européens. 

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