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Présidentielle et paris sur l'avenir : petite mesure du pouls des sarkozystes
©Capture d'écran

Expérience

Les sarkozistes alertent François Fillon sur sa manière de faire campagne et les risques de voir Marine Le Pen remporter l'élection présidentielle car elle serait "sous estimée dans les sondages". Si l'hypothèse venait à se concrétiser, la cohabitation pourrait être la prochaine étape.

Tristan Quinault Maupoil

Tristan Quinault Maupoil

Tristan Quinault Maupoil est journaliste politique au Figaro.

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Jean-Luc Mano

Jean-Luc Mano

Jean-Luc Mano est journaliste et conseiller en communication chez Only Conseil, dont il est le co-fondateur et le directeur associé.

Il anime un blog sur l'actualité des médias et a publié notamment Les Perles des politiques.

 

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Atlantico : Les proches de Nicolas Sarkozy n'hésitent pas à faire part de leurs craintes de voir François Fillon perdre l'élection présidentielle. Pourtant, ces derniers ont plutôt soutenu leur candidat, au moment où il était le plus en difficulté dans l'affaire du PenelopeGate. Où en sont les sarkozystes exactement dans la campagne ? Qu'ont-ils en tête concrètement, quels sont les scénarios qu'ils envisagent pour l'avenir ?

Tristan Quinault-Maupoil : Leur soutien à François Fillon c'est un peu comme la corde qui soutient le pendu. Ils ne le soutiennent pas avec un enthousiasme débordant. Laurent Wauquiez a même tenu à rappeler sur France Info le matin du 29 mars que François Fillon n'était pas selon lui le mieux placé pour redresser la France. On voit qu'il y a quand même un doute. Il y a bien un soutien mais il est plutôt bancal. 

D'ailleurs les sarkozystes ne sont pas en première ligne. Pourtant avec les juppéistes et les lemairistes qui sont partis, ils en avaient la possibilité mais ce n'est pas le cas. Du coup, c'est le noyau dur des fillonistes aujourd'hui qui a pris le relais. 

Qu'ont-ils en tête? Ils sont très attentifs. Car si François Fillon arrive à l'emporter - ce qui n'est pas exclu - ils pourront en récupérer les fruits du fait de l'avoir soutenu durant la campagne. Si au contraire il venait à perdre, au moins ils n'apparaitront pas comme des traitres  – c'est important pour l'électorat de droite qui n'aime pas les divisions- et pourront ensuite prendre le relais dans l'appareil du parti et se positionner pour les législatives du mois de juin.

Une chose est évidente, si François Fillon ne l'emporte pas, une forme de bataille s'engagera aussitôt pour savoir qui conduira les élections législatives. Car même dans l'hypothèse ou Emmanuel Macron et Marine Le Pen se retrouvent face à face au second tour, l'un comme l'autre aura beaucoup de mal à former une majorité. Donc la droite aura une importante carte à jouer en juin. 

Mais qui pour mener cette campagne ? C'est une question compliquée. François Baroin, qui est à la fois dans l'équipe de campagne de François Fillon et possède le soutien des sarkozystes, semble être le bon trait d'union et celui qui fédèrerait toute la droite. Mais certains pourraient contester cette légitimité et d'autres ténors risqueraient bien de se manifester. 

L'enjeu le plus important c'est de parvenir à se mettre d'accord rapidement. Car s'ils n'y arrivent pas, ils grilleront leur dernière cartouche pour accéder au pouvoir. 

Jean-Luc Mano : Je ne peux pas me prononcer pour les sarcozystes mais ça fait quelques semaines maintenant que Nicolas Sarkozy dit à ses proches que la progression de Marine Le Pen est sous-estimé et qu'il y a un risque réel de la voir arriver au pourvoir. Cette hypothèse vaut d'ailleurs dans leurs esprits quel que soit le candidat qu'elle affronteraitvau second tour. 

Car s'il y a un risque qu'elle puisse l'emporter sur Emmanuel Macron, les sondages nous confirment que le risque d'une victoire est encore plus grand face à François Fillon. Et quand on regarde aujourd'hui  les 18/20% d'électeurs de François Fillon, ils se répartissent en trois gros tiers : le plus important concerne un report sur Emmanuel Macron, un autre concerne l'abstention et un dernier concerne Marine Le Pen. On voit bien que là-dessus les lignes ont bougé. 

D'autre part, dans le cas d'un affrontement entre François Fillon et Marine Le Pen, il  y a clairement une partie des électeurs centristes qui s'est radicalisée contre François Fillon et qui donc risque bien de voter pour Marine Le Pen. 

Christian Estrosi a d'ailleurs récemment déclaré qu'il existait une sous-évaluation du vote en faveur de Marine Le Pen dans les sondages. Comment se pose aujourd'hui pour la droite l'hypothèse d'une cohabitation avec le Front national ? Et quel rôle les sarkozystes pourraient justement jouer si une telle hypothèse venait à devenir réalité ?

Jean-Luc Mano : Je crois que si ce scénario venait à se produire et que Marine Le Pen accédait à l'Elysée, dans la foulée il y aurait une prime au Président sortant comme il y a toujours eu. C'est valable pour tous les cas de victoire d'ailleurs. Il y aurait donc un groupe Front National à l'Assemblée Nationale très important. Et l'hypothèse la plus probable selon moi c'est une Assemblée Nationale ingouvernable, sans majorité. 

Je crois aussi que si certains à droite étaient tentés d'accepter une cohabitation, la droite imploserait. Ce serait la fin de l'alliance avec le centre car les centristes accepteraient difficilement cette situation. 

Ensuite, une partie des responsables de la droite française ne  supporterait pas une cohabitation avec Marine Le Pen. Peut-on imaginer Xavier Bertrand et Christian Estrosi - qui se sont engagés très fermement dans le combat contre le Front National et qui ont été élu dans un moment de rassemblement avec toutes les forces républicaines contre Marine Le Pen et Marion Maréchal Le Pen - aujourd'hui se dire "oui après tout cohabitons" ? Peut-on aussi imaginer de voir Bruno le Maire, Jean-Pierre Raffarin  et Nathalie Kosciusko-Morizet se mettre dans une logique de cohabitation ? Non, ça conduirait à l'implosion des Républicains. 

En revanche qu'une petite partie, la fraction la plus dure du parti, puisse accepter une logique de cohabitation, c'est probable. Effectivement, pas sûr que ça effraie quelqu'un comme Laurent Wauquiez dont les positions sont plus proches du Front National. 

Un tel scénario ne serait pas l'occasion pour la droite de s'affirmer en tant que force d'opposition forte contre le Front National ? 

Jean-Luc Mano : Etre dans une cohabitation ce n'est jamais le meilleur moyen d'être force de proposition. Il y a forcément des compromis à faire avec le Président. Donc c'est l'institutionnalisation très claire d'un compromis entre une partie de la droite et le Front National. C’est-à-dire la victoire définitive de Marine Le Pen, qui cherche précisément cela.

Le gouvernement de cohabitation dirigé par un Républicain serait bien forcé à un moment donné de faire un compromis. Et faire un compromis ce n'est évidemment pas la même chose qu'être en opposition. 

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