Pourquoi trop se laver est mauvais pour la santé<!-- --> | Atlantico.fr
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Trop se laver réduit nos défenses immunitaires.
Trop se laver réduit nos défenses immunitaires.
©Reuters

Le saviez-vous ?

Des spécialistes affirment qu'être trop propre réduirait les défenses immunitaires et augmenterait les risques de développer des allergies ou de faire de l'asthme. Si certaines bactéries sont en effet responsables de maladies graves, voire mortelles, d'autres sont en revanche utiles à l'organisme.

Stéphane Gayet

Stéphane Gayet

Stéphane Gayet est médecin des hôpitaux au CHU (Hôpitaux universitaires) de Strasbourg, chargé d'enseignement à l'Université de Strasbourg et conférencier.

 

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Au fil des siècles, la propreté est devenue un automatisme important dans notre société et la multitude de produits commercialisés, qu'ils soient ménagers ou pour le corps, nous incite à repousser les limites de l'hygiène. Car si briller c'est bien, désinfecter c'est mieux. Au 19ème siècle, le médecin allemand Robert Koch qui découvrit la bactérie responsable de la tuberculose, la "bacille de Koch", révéla que les bactéries étaient responsables de nombreuses maladies spécifiques. Dès lors, se laver quotidiennement devint dans l'inconscient collectif, un geste vital pour se préserver des maux.

Aujourd'hui, plus de 100 ans après la démocratisation du gant de toilette, les spécialistes affirment au contraire qu'être trop propre réduirait les défenses immunitaires et augmenterait les risques de développer des allergies, ou de faire de l'asthme. Les microbes sont-ils donc aussi mauvais pour notre santé que nous le pensons ? Comme le détaille la BBC, si certaines bactéries sont en effet responsables de maladies graves, voire mortelles, d'autres sont en revanche utiles pour apporter des vitamines à l'intestin, protéger la peau, favoriser la digestion ou encore, fabriquer de l'oxygène et fixer le niveau d'azote dans l'air. En somme, s'il est mauvais dans certains cas, le microbe est également bénéfique à la survie de l'espèce humaine. Alors comment trouver le bon équilibre ?

L'hypothèse hygiéniste

Tout commence à la naissance.  En 1989, l'épidémiologiste britannique David Strachan, alors chercheur à la London School of Hygiene and Tropical Medicine, est le premier à faire le lien entre l’exposition aux bactéries pendant la petite enfance et l’allergie. Il suppose que le mode de vie du monde occidental limite fortement le contact entre les enfants et les microbes, empêchant de ce fait, leur système immunitaire de se développer correctement. Selon lui, les défenses de l’organisme auraient tendance à considérer certains éléments inoffensifs tels que le pollen ou la poussière comme une attaque majeure, créant l'état d'allergie. On parle alors d'hypothèse hygiéniste.

En résumé, l'augmentation de la prévalence des allergies dans notre société serait liée à un environnement décidément trop propre (ex : l'assainissement des eaux, la surconsommation des antibiotiques ou encore ou encore, la stérilisation de composés)

Les automatismes qui vont à l'encontre de l'hygiène sanitaire

Comme l'expliquait le docteur Stéphane Gayet, spécialiste en hépato-gastroentérologie, infectiologie et en hygiène hospitalière au CHU de Strasbourg, "l'enfant a besoin de faire ses expériences immunitaires en rencontrant divers antigènes microbiens. C'est indispensable à la construction de son système immunitaire". Pour autant, nuance-t-il, certaines erreurs sont à éviter au moins pour la première année de vie. "Quand une maman goûte la bouillie réchauffée en mettant la cuillère dans sa bouche, avant de l'introduire dans la bouche de l'enfant, c'est un geste dangereux. Car si elle a le virus de l'herpès ou des champignons de type Candida albicans, pour ne citer que ces deux exemples, elle va les transmettre à l'enfant qui risque de développer une primo-infection sévère". De la même façon, Stéphane Gayet déconseille le contact avec les animaux durant les premiers mois de vie d'un enfant.

L'élimination des agents pathogènes, le secret d'une bonne hygiène

En 2003, Graham Rook, épidémiologiste et successeur de David Strachan, publiait dans l’International Scientific Forum on Home Hygiene, une théorie selon laquelle, il vaut mieux se fier à nos vieux amis, à savoir les bactéries qui coévoluent avec l'homme depuis plusieurs millénaires.  Selon lui, au lieu de considérer que les microbes sont bons ou mauvais pour la santé, il est préférable de faire le tri. Ainsi, le scientifique suppose que nos vieux amis sont les seuls parasites desquels il est inutile de se protéger à tout prix. A l'inverse,  les virus tels le rhume, la grippe ou autres agents pathogènes n'apportent aucun bénéfice sanitaire au corps humain. En outre, différencier les vieux amis du corps humain et les microbes qui lui sont bénéfiques, des agents pathogènes menaçant pour la santé, s’avère être la meilleure solution. Mais comment faire ?

Favorisez la propreté à la désinfection

Selon Stéphane Gayet, la propreté se distingue de la désinfection. "La propreté de notre corps et des objets ainsi que des surfaces, d'une façon très générale, est bénéfique et sans danger [...] Une désinfection peut vite devenir excessive et préjudiciable dans une habitation et c'est encore plus vrai sur notre corps. Elle doit être parcimonieuse et surtout réfléchie, bien ciblée et non pas tous azimuts auquel cas elle est absurde et mauvaise pour notre santé". Inutile de vous doucher deux fois par jour donc, une fois suffit. De la même façon qu'il est préférable d'agiter votre chiffon régulièrement, plutôt que de faire un ménage hebdomadaire à coup de désinfectant.

Désinfecter "ne nous protège pas des infections, contrairement à une idée reçue ", insiste le docteur Gayet. "Quant à la désinfection de notre corps, à part celles des mains dans certaines circonstances précises, elle est la plupart du temps bien plus néfaste que bénéfique et produit l'inverse de notre protection vis-à-vis des infections". 

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