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Pourquoi la labélisation d’imams "made in France" ne verra jamais le jour
©BERTRAND GUAY / AFP

Echec

La grande Mosquée de Paris se retire du projet de "Conseil national des imams" porté par Emmanuel Macron.

Jean-Pierre Marongiu

Jean-Pierre Marongiu

Jean-Pierre Marongiu est écrivain, conférencier, ingénieur, expert en Management et Directeur général et fondateur du thinktank GRES : Groupe de Réflexions sur les Enjeux Sociétaux.Perpetuel voyageur professionnel, il a parcouru la planète avant de devenir entrepreneur au Qatar où il a été injustement emprisonné près de 6 ans, sans procès. Il a publié plusieurs romans et témoignages dont : Le Châtiment des Elites, Qaptif, InQarcéré, Même à terre, restez debout ! Aujourd'hui conférencier et analyste societal, il met son expérience géopolitique au service d'une approche libérale-souverainiste de la démocratie.

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Emmanuel Macron, qui décidément n’est pas encore parvenu au bout de ses errances paradoxales, veut doter l’Islam d’un label républicain, une cocarde bleue, blanc, rouge de concours agricole pour imams méritants. Pour parvenir à ses fins, le chef de l’État a encouragé le CFCM à travailler sur le projet d’un « Conseil national des imams » (CNI).

Il s’agit de réfléchir, suivant son discours du 2 octobre 2020, à la construction d’un Islam des Lumières afin qu’il devienne un partenaire de la République.

C'est particulièrement sur ce point que le bât blesse. En voulant scinder un Islam religieux d’un Islam qualifié de politique, Emmanuel Macron se prend les pieds dans le tapis de prière, et plonge tous les musulmans dans l’embarras.

L’Islam n’est pas qu’une religion, c’est un système universel de gouvernance qui régit la vie des fidèles et donne des directives d’ordre religieux, politique, culturel, sociétal et civilisationnel. Un modèle de management all inclusive qui ne reconnaît la suprématie d’aucun autre. L’équivalent chrétien étant la démocratie.

La démocratie se différenciant de la République Française par la laïcité, à savoir la séparation de l’état et des affaires religieuses. Les religions judéo-chrétiennes ont appris, non sans souffrances, à se situer sur le plan sociétal en dessous des lois de la République pour en devenir partenaires. C’est bien en cela que l’Islam fondamentaliste, rejetant toutes autres lois que celle d’Allah, ne peut être compatible avec la République.

Au sein du CFCM existent des composantes radicales, comprendre une interprétation littérale du Coran, et des factions plus modérées dans la compréhension de celui-ci. Une modération subtile ne pouvant cependant aller jusqu’au rejet de la Charia.

Récemment, le recteur de la Grande Mosquée de Paris s’est retiré du projet CNI, de manière irrévocable affirme-t-il, renonçant à composer avec les influences islamistes très présentes dans le Conseil Français du Culte Musulman.

Le CFCM, créé en 2003 par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur afin de doter les musulmans vivant en France d'une instance représentative, a rapidement été sclérosé par des conflits entre ses différentes composantes. Le CFCM regroupe le RMF, la GMP et l'UOIF, des fédérations turques (CCMTF), afro-antillaises (FFAIACA), le mouvement Tabligh, Foi et Pratique et des représentants des grandes mosquées historiques.

Il paraît évident que l’UOIF, émanation des Frères Musulmans financés par le Qatar, et le CCMTF sous perfusions turques ne peuvent que s’opposer au texte proposé par Emmanuel Macron tentant de contrôler les financements étrangers. Plus que cela Emmanuel Macron affirmait avec la conviction fluctuante qui caractérise ses fréquentes allocutions, vouloir libérer l’Islam de France des influences étrangères. Et c'est bien cela qui n’est pas envisageable pour L’UOIF et pour le CCMTF, pas davantage pour le GMF sous influence algérienne ou le RMF sous influence marocaine.

Confier le contrôle du financement des mosquées au CFCM équivaut à demander à Al Capone de superviser la fermeture des débits de boissons durant la prohibition.

Suivant des sources émanant des services de renseignements, le financement des mosquées n’est rien d’autre qu’un immense système de blanchiment d’argent à deux voies. Par une porte arrive l’argent de la drogue qui se mêle à celui des donations de pays prônant l’islamisme radical et de l’autre ressort les financements d’associations activistes et du terrorisme.

Le CNI un projet ancien ressorti opportunément des cartons d’archives après l’assassinat de Samuel Paty et l’attentat de Nice.

L’ancêtre du CNI s’appelait alors la Charte pour l’Islam de France et c’était Jean-Pierre Chevènement, un des inspirateurs d’Emmanuel Macron, qui était à la manœuvre.

La séparation du religieux et du politique faisait déjà débat, mais le plus significatif fut le refus du CMCF, pour une fois unanime, de dépénaliser le droit au blasphème, lequel pour la charia est passible de mort.

Cela seul suffirait à tracer une limite infranchissable à toute certification à la française.

Il en est d’autres, la polygamie ne peut être une option en France même si les services sociaux louvoient pour que les différentes épouses soient logées dans un même immeuble. Les appels au djihad, l'appel à l'antisémitisme, au mépris des mécréants, à l’interdiction de la mixité entre croyants et non-croyants, etc.

Quel imam labélisé pourra interdire les recommandations de la Charia qui s’oppose aux fondements mêmes de la démocratie et des droits de l'Homme ?

Le CNI est supposé délivrer un agrément aux imams en fonction de leurs connaissances et de leur engagement à respecter un code de déontologie. Les neuf fédérations de mosquées qui composent le CFCM devaient en préambule rédiger et approuver une « charte des valeurs républicaines ».

Suivant le recteur de la Grande Mosquée de Paris, il s’est avéré, sans grande surprise, que les composantes islamistes, notamment celles liées à des régimes étrangers hostiles à la France, ont bloqué les négociations en remettant en cause systématiquement les mesures les plus essentielles de la charte.

Recep Tayyip Erdogan avait été le premier à apostropher Emmanuel Macron, lui demandant au nom de qui il se permettait de vouloir restructurer l’Islam. Il en a même rajouté quelques couches dans l’escalade verbale en lui promettant une révolte de gilets rouges. Récemment, Erdogan en a rajouté dans la menace feutrée en lançant implicitement un appel au vote des musulmans de France à se débarrasser du problème Macron.

Car si la création du CFCM devait dans l’esprit de Nicolas Sarkozy canaliser un réseau d’électeurs disparates, il s’est avéré que la manne électorale captive des mosquées est devenue une arme à double tranchant.

Ayant perdu toute représentativité autre qu’à l’éphémère majorité à l’Assemblée Nationale, Emmanuel Macron ne cesse de se fourvoyer dans des stratégies mortes aussitôt nées. Merci d’éteindre l’Islam des Lumières en partant.

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