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Pourquoi la France ne doit plus avoir peur de l'argent des autres
©Reuters

Les entrepreneurs parlent aux Français

Le privé doit prendre des risques, fiscalement d'abord. Mais, il doit aussi faire entrer un argent qui coule à flot ailleurs. En Chine notamment.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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On  n'a encore rien inventé de mieux que l’argent. S'il ne sonne pas, on trébuche. Et pendant que les uns trébuchent, les autres courent. Devant. J’aimerais que la France soit devant. J’aimerais que nos entrepreneurs soient des leaders mondiaux, dont la musculature sera offerte en partage, à un écosystème qui ne demande qu’à développer de gros biceps internationaux.

Est-ce le rôle de l’Etat que de nous mettre devant ? Non. L’Etat n’en a, ni la légitimité, ni désormais, les moyens. Il doit simplement concentrer ses moyens, là où le privé décide d’investir. Pour abonder et massifier.

Le rôle du privé ? Oui, mais l’investissement français est loin des besoins d’un pays qui souhaite jouer en 1ère division. Moyens trop faibles, épargne désespérément éloignée de la PME française, pratiques d’investissement d’un banal et d’un mimétisme affligeant, dont chacun se plaint, en dehors de quelques rares boutiques d’investissement qui "osent oser". Des tickets trop petits, sous-valorisés, qui donnent peu de chances aux entrepreneurs de réussir et les démotive. Quand un Blablacar ou Sigfox lève 100M, le tout Paris frissonne d’excitation, persuadé d’avoir touché le Graal, quand ces levées sont monnaie courante aux USA, Israël ou Corée. Et encore, les Chinois viennent de mettre eux, 530M dans l’un des concurrents, donc notre brave Blablacar, risque de rester un gentil succès d’estime bien tricolore, quand nous pourrions avoir un leader mondial bien en couleur.

L’Etat doit simplement rendre le sol fertile, car ce soit disant "argent public" dont nous les politiques nous rabattent si souvent les oreilles, n’est autre que notre argent, que nous leur déléguons, bien obligés, sous forme de taxes et charges diverses au nom d’une solidarité bien nécessaire, mais devenue calamité, par une mauvaise gestion bien avérée. Il doit donc écouter ce que dit le marché, le privé. Je sais, le privé c’est laid dans un pays dont les charges sont à plus de 50% liées au public, mais il faut s’y habituer. Le monde est tiré par le privé, et alourdit par le public. Et le privé, c’est vous et moi. Et nous sommes doués d’intelligence, de vision et surtout, capable d’observer le monde et son fonctionnement.

Le privé doit prendre des risques. Il faut l’y inciter. Fiscalement, mais pas seulement. Il faut lui donner un sens du risque et le mettre en concurrence afin qu’il soit incité à sortir d’habitudes soporifiques et trop classiques. Pour cela, rien de mieux que de faire rentrer un argent qui coule à flot ailleurs, et cet argent pour le moment, est ailleurs justement. Là où la croissance que nos économistes trouvent un peu molle, ferait déjà notre bonheur.

La Chine notamment. Il n’y a aucun problème à prendre l’argent là où il est du moment que cela dope notre place d’acteur mondial, les emplois et le savoir-faire français. Cette conception de l’identité capitalistique nationale, est totalement dépassée, les grands pays l’ont bien compris et les USA et Israël prouvent chaque jour, que l’argent étranger contribue à la réussite nationale tout autant que l’argent "local". Il n’a définitivement ni odeur, ni nationalité. Soit il est là, soit il ne l'est pas.

Cette année, ce sont plus de 80 opérations, portant sur des valorisations en milliards de dollars, qui se sont déroulées aux USA, avec l’arrivée des investisseurs étrangers. Et qui vont, non pas asservir les USA, mais bien les renforcer. En effet, ce sont dès lors des technologies américaines (et souvent Israéliennes), qui vont ainsi s’imposer au Monde et prendre le contrôle en Asie. Laissant nos quelques beaux bébés français, resplendissants certes, comme de bien faibles nains dans un monde de géants. Regarder nos pieds en évitant de nous comparer, nous permet de maintenir l’illusion, mais l’illusion ne crée pas la croissance. des châteaux de cartes.  Un jeu de cartes sans atout maître.

Il faut donc mettre notre puissance, notre créativité en ordre de marche, et entamer un tour du monde en 80 jours, afin d’aller séduire les investisseurs de tous les pays, d’attirer les meilleurs talents mondiaux en leur offrant une terre d’investissement fertile, la France. Selon un mauvais jeu de mot, pas forcément besoin de "Verne" pour trouver un "Jules" en matière d’investissement !

Notre pays, a toujours été prompt, jusqu’alors, à détenir en valeur cortex, les meilleurs concepts mondiaux, mais incapable de les traduire en produit et suprématie mondiale. Il est temps de le faire. Devenant l’aimant à milliards, sortons un peu de la seule obsession Qatari, il existe bien d’autres puissances, riches à milliards, et ces milliards seront nos fertilisants. Nos PME et start-up françaises, dans les domaines du médical, des nanos, du e-commerce, du digital, du logiciel, de l’énergie, ont la capacité de nous donner des champions mondiaux. Il ne leur manque que le carburant, ou comme dirait Audiard, "le flouse", "l’artiche", "la fraîche", afin d’avoir les moyens de leur ambition. De taille suffisante, nos entreprises attireront les talents et les charmes de la France, viendront compléter l’avantage compétitif que nous aurons quand un talent étranger devra choisir d’aller dans un pays ou un autre.

Chiche pour la Chine ? Cessons de brider notre croissance et mélangeons-nous au monde. Enfin. Afin de mieux en devenir le principal acteur.

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