Pourquoi l’amour est de plus en plus la cible d’idéologies néfastes<!-- --> | Atlantico.fr
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Noémie Halioua publie « La terreur jusque sous nos draps » aux éditions Plon.
Noémie Halioua publie « La terreur jusque sous nos draps » aux éditions Plon.
©LOIC VENANCE / AFP

Bonnes feuilles

Noémie Halioua publie « La terreur jusque sous nos draps » aux éditions Plon. Un nouvel ordre moral s'abat sur nos vies privées. Les aspirations romantiques, les discours amoureux et les récits de couples mythiques sont passés au peigne fin. Politisation de l'intime, pathologisation du sentiment, diabolisation du masculin, victimisation du féminin, tout est fait pour en finir avec la liberté d'aimer. Extrait 1/2.

Noémie Halioua

Noémie Halioua

Noémie Halioua est essayiste et journaliste, cheffe du service international chez Factuel. Elle est l'auteure de L'affaire Sarah Halimi (Cerf), de Les uns contre les autres (Cerf) et coauteure de l'ouvrage collectif Le nouvel antisémitisme en France (Albin Michel). Elle publie également des chroniques dans différentes revues ( Front populaire, Revue des Deux Mondes, etc.).

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L’amour entre l’homme et la femme est sous le feu d’une double critique: il est accuséà la fois de marginaliser les minorités sexuelles et de soumettre la femme par un système de domination. En fait, pour le néo-féminisme, l’hétérosexualité est un problème sans solution dont les femmes auraient tout intérêt à se débarrasser. Ce serait la fin de la part du risque potentiel contenu dans la rencontre de l’altérité sexuelle, la fin du risque de l’incompréhension. «Pour les hommes comme pour les femmes, l’amour est très lié à des questions de domination et de soumission, car on pense d’abord à l’amour comme amour hétérosexuel», regrette la philosophe Manon Garcia, auteur de plusieurs ouvrages à succès sur l’infériorisation de la femme. «Lamour est l’endroit où la différence des sexes se vit le plus intensément, de la manière la plus heureuse, et, en réalité, aussi de la manière la plus malheureuse. Par conséquent, les normes sociales de genre, la féminité et la masculinité, sont en jeu de manière très directe et parfois très violente dans l’amour. Ce que l’on appelle la féminité est en fait une norme de soumission.» La féminité, une «norme de soumission»? Drôle de conception de la féminité.

Résumons: si lamour entre lhomme et la femme fait mal, c’est parce qu’il serait le produit d’un ordre établi, qu’il faudrait renverser. Si l’amour est douloureux, ce serait parce qu’il serait un instrument d’assujettissement des femmes. Dans la relation «hétérosexuelle», lamour serait le bras armé de la domination masculine. Le dossier de La Déferlante, est par ailleurs coordonné par la journaliste Victoire Tuaillon, productrice d’un podcast à succès sur ce même sujet intitulé «Le cœur sur la table», qui décortique lamour, de ses difficultés modernes à ses nouveaux impératifs. «Dans un monde qui confond trop souvent amour, violence et dominations en tous genres, nous avons besoin de nouveaux modèles pour vivre des relations affectives plus profondes, et plus égalitaires, les un·e·s avec les autres», juge-t-elle. «Quest-ce qui pourrait sauver lamour?» chantait linoubliable Daniel Balavoine, dans un tube intemporel qui donne inlassablement envie de danser. Des professeurs de vertu répondent par l’instauration d’un égalitarisme strict, comme si «égalité» et «amour» n’étaient pas des oxymores au même titre que «servitude» et «liberté», «nécessaire» et «superficiel», «silence» et «bruit».

Entendons-nous, ces théories ne sont pas échafaudées pour le plaisir de la connaissance, dans une démarche de recherche de vérité, ce sont les prémisses d’une lutte à mort: chaque argument vise à tailler une arme pour abattre l’amour entre l’homme et la femme. Ce ne sont plus les lois qui doivent être changées, mais les mentalités et les comportements, les reins et les cœurs qui sont sondés, sans ambivalence ni nuance. Pour les pourfendeuses de l’amour, il n’y a pas de lieu qui mérite d’être protégé des guerres politiques, pas de terrain qui mérite d’être sanctuarisé. Le moindre battement de cœur est un objet de lutte collective et la moindre aspérité individuelle devient suspecte. «Montre-moi comment tu vis, avec qui, tes factures et ta progéniture et je te dirai ce que vaut ton programme», écrivait Régis Debray pour critiquer l’idéologie de la transparence. «Dis-moi qui tu aimes et comment tu couches, et je te dirai si ton amour est politiquement correct», pourrait-on paraphraser. Faites attention si, en tant que femme, vous aimez les hommes «virils»: on vous expliquera que vous avez érotisé la violence symbolique, que votre désir n’est que le signe d’un apprentissage réussi, inconscient, du très méchant «patriarcat». Attention, si, en tant qu’homme, vous aimez les femmes puissantes, on trouvera tous les moyens de vous prouver le contraire, de vous montrer que vous demeurez, malgré vos ressentis, un bourreau aux aspirations tyranniques, surtout si vous faites pipi debout. Attention, si vous portez en vous un goût puissant pour l’altérité sexuelle: vous serez soupçonné d’être sadique ou masochiste selon votre sexe. C’est au nom de cet «idéal de justice et d’égalité» que sévit avec de moins en moins de complexes une brigade de juges du cœur qui passent au peigne fin les relations amoureuses, pour sanctionner les fantasmes et les comportements peu glorieux.

Extrait du livre de Noémie Halioua, « La terreur jusque sous nos draps », publié aux éditions Plon

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