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Pour Jean-Luc Mélenchon, Macron est le « néo-libéral » idéal, sauf que les analystes politiques ont du mal à définir le logiciel idéologique du président. Et pour cause, il n'en a pas
©LUDOVIC MARIN / AFP

Atlantico Business

L‘hebdomadaire Marianne a offert 10 pages à Jean-Luc Mélenchon pour affirmer qu’Emmanuel Macron préparait le chaos social avec des principes néo-libéraux. Ca l’arrange beaucoup, mais ça ne correspond guère au logiciel idéologique du président.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Plutôt que de se répandre sur 10 pages pour affirmer qu’Emmanuel Macron agissait selon des valeurs néo-libérales, qu’il préparait le chaos social et fiscal,Jean-Luc Mélenchon aurait mieux fait de démonter le logiciel idéologique du président.

Il y a peu de plateaux télé ou de dîners en ville au cours desquels les intellectuels abonnés des médias, les éditorialistes politiques ou même les étudiants en sciences politiques ne cherchent à définir l’idéologie d’Emmanuel Macron. Le débat est assuré.

La vérité, c’est que s’ils s’y essaient, ils n’y parviendront pas.

La quête est veine.Le logiciel idéologique auquel se réfère Emmanuel Macron n’existe pas.Il va falloir se faire une raison, camarades observateurs de la politique de tous bords. On en avait déjà le pressentiment pendant la campagne présidentielle. A tel point que le refus de s‘inscrire dans un courant idéologique ou un système de valeurs reconnu condamnait (pour beaucoup) Emmanuel Macron à l’échec. En France, on est de droite ou de gauche ou on n’est pas. Refusant de se situer à droite ou à gauche, Macron n‘était pas reconnu. Donc il n’avait pas de futur.

Si Jean-Luc Mélenchon inscrit Macron dans le camp des ultra et néo-libéraux, ce n'est pas en s’appuyant sur ce qu’il a dit ou fait, c’est parce que ça l’arrange. Ça le place lui, comme principal et unique opposant à La République En Marche. La France des insoumis a besoin d’exister, Jean-Luc Mélenchon considère la politique comme un spectacle de boxe, il a donc besoin d’un sharing partner. L’hebdomadaire Le Point avait permis à Macron de s’expliquer sur le début de son mandat et de cadrer sa politique. Jean-Luc Mélenchon a trouvé Marianne pour publier son réquisitoire.

Ce qui agace tous les observateurs et commentateurs de la vie politique, c’est que Macron échappe aux critères d’analyse classique. Et si personne ne réussit à le cataloguer dans une classe idéologique, c’est qu’il ne répond à aucune idéologie. Alors bien sûr, il est partisan d’une économie de marché, d’un libre- échange international régulé et contrôlé, d’une Europe solidaire et forte...

Emmanuel Macron est un peu comme un chef d’entreprise. Depuis qu‘il s’est engagé publiquement en politique, il considère être un pur produit de la culture occidentale moderne qui sait d’où il vient et où il va.

Comme un chef d’entreprise, seule compte la réalité des faits et des chiffres. La France est un pays à genoux. Elle ne peut pas échapper aux contraintes de la modernité. A la mondialisation, à l’économie de concurrence et à la révolution digitale. Le seul moyen pour que les enfants de ce pays puissent vivre décemment et en liberté est d’accepter les contraintes, de les assumer pour dégager des résultats et des moyens qui permettent de préserver cette liberté, cette indépendance et le niveau de vie.

Pour résumer, Emmanuel Macron est obsédé par la nécessite de récupérer des emplois marchands pour le plus grand nombre et pour ce faire, il faut restaurer la compétitivité des entreprises.

La loi travail doit donc introduire plus de flexibilité, les réformes fiscales doivent restaurer des marges d‘investissement et récompenser la prise de risque, parce que le risque est un des moteurs de l’activité, le modèle social doit permettre une cohésion sociale et cette cohésion sociale a besoin de contre-pouvoirs syndicaux plus forts.

Alors, tout cela emprunte au libéralisme beaucoup de ses outils et moyens, mais n’impose pas une idéologie forte.

Emmanuel Macron dans sa campagne présidentielle comme dans ses premiers mois du mandat a surtout été mu par le pragmatisme. Quand il reçoit Poutine etTrump, c’est par pragmatisme. Parce que la France en a besoin pour son commerce de relations paisibles avec ses partenaires.Quand il ménage Angela Merkel, c’est aussi par pragmatisme, parce qu’il a besoin de l‘Allemagne surtout si l’intérêt de la France et de l’Europe sera d’amener l‘Allemagne à infléchir sa position en Europe.

Quand il impose les ordonnances, ce n’est pas par idéologie, c’est pour aller plus vite. Quand il initie une réforme du modèle social, c’est pour éviter qu’il ne fasse faillite.

Quand il défend l'idée d'une inversion de la hiérarchie des normes sociales, c’est parce qu’il pense que la négociation au plus près de l’entreprise serait plus efficace en termes de résultat.

Mais quand il se rend compte que les syndicats ne peuvent pas l'accepter parce qu'ils ne sont pas équipés pour négocier au niveau de l’entreprise, il suspend le projet.

Rien de cela ne s’inscrit dans une idéologie précise et radicale. Tout s’inscrit dans le pragmatisme.

Au demeurant, s'il existe un modèle à l’équation Macron, c’est plus dans les pays développés, anglo-saxons qu’il faut aller le chercher. Aux Etats-Unis, en Grande Bretagne, en Europe du nord, en Allemagne. La vie politique dans ces démocraties n’est pas enfermée dans l’idéologie. Il y a certes des sensibilités qui s’expriment, mais ce qui s’impose c’est surtout le respect de la réalité.Y compris quand, sous les coups de la crise, les populismes arrivent dans le débat avec des positions plus radicales. Aux USA, Donald Trump doit composer avec la culture, l’administration et les contre-pouvoirs. En Grande Bretagne, les représentants politiques cherchent par tous les moyens à sortir du piège d’un Brexit difficile à mettre en œuvre. En Allemagne, la réaction première et naturelle des gouvernants est de trouver des coalitions sur la base de compromis.

Le seul principe qui s’applique est le principe de réalité.

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