Pologne : l’Europe finira-t-elle par s’émouvoir du tournant de plus en plus autoritaire pris par le libéral Donald Tusk ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Donald Tusk a retrouvé son poste de Premier ministre en Pologne en décembre dernier.
Donald Tusk a retrouvé son poste de Premier ministre en Pologne en décembre dernier.
©JOHN THYS / AFP

Virage autoritaire

Les médias libéraux saluent le virage autoritaire du gouvernement Tusk, soutenu par l'UE.

Thomas O'Reilly

Thomas O'Reilly

Thomas O'Reilly est un journaliste irlandais travaillant pour The European Conservative à Bruxelles.

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La lutte pour le pouvoir politique en Pologne s'est intensifiée mardi lorsque la police a pris d'assaut le palais présidentiel à Varsovie, arrêtant deux anciens ministres du parti Droit et Justice (PiS) au milieu de nouvelles allégations de montée de l'autoritarisme de la part de l'administration récemment mise en place par Donald Tusk.

L'ancien ministre de l'intérieur et le vice-ministre de l'intérieur Mariusz Kamiński et Maciej Wąsik ont été arrêtés par la police sur la base d'accusations d'abus de pouvoir remontant à 2007, les deux hommes politiques dénonçant les arrestations comme étant motivées par des considérations politiques.

La couverture de ces événements par la presse en général est frappante par son deux poids deux mesures. Alors que les politiciens souverainistes sont condamnés pour toutes les violations perçues de l'"État de droit", les médias traditionnels saluent régulièrement les actions autoritaires des gouvernements pro-UE, comme lorsque le nouveau Premier ministre polonais Tusk a ordonné à la police de fermer partiellement le radiodiffuseur national TVP dans ce que les critiques ont qualifié de retour inquiétant à l'ère soviétique.

À la suite de ces arrestations, le ministre de l'intérieur Marcin Kierwiński s'est rendu sur les réseaux sociaux pour faire l'éloge de ces actions qui s'inscrivent dans le cadre de la lutte contre la corruption.

Ces arrestations ne manqueront pas d'intensifier la bataille qui se prépare entre le nouveau Premier ministre Tusk et le président Andrzej Duda, allié du PiS, qui a accordé aux deux anciens ministres la grâce présidentielle à la suite des élections nationales d'octobre, au cours desquelles le PiS a perdu sa majorité parlementaire. M. Duda est considéré par la droite polonaise comme sa meilleure arme contre la purge institutionnelle croissante menée par M. Tusk et son gouvernement de coalition arc-en-ciel.

Les responsables du PiS promettent de se battre, confirmant à The European Conservative qu'ils espèrent rallier leurs forces dans les rues le 11 janvier lors d'une manifestation prévue contre les mesures sévères de Tusk et de son cabinet.

Dans des commentaires adressés à The European Conservative, le député Arkadiusz Mularczyk a critiqué l'UE pour son silence total sur les arrestations, malgré leur dénonciation bruyante de huit années de gouvernement conservateur en Pologne. "Ce système que M. Tusk dirige en Pologne est un système politique très similaire à celui de la Russie et de la Biélorussie - des actions politiques sans cadre légal", a ajouté l'homme politique du PiS. Le député emprisonné Mariusz Kamiński aurait, selon des sources du parti, entamé une grève de la faim mercredi matin pour protester contre ce qu'il considère comme des poursuites politiques.

Les deux ministres du PiS ne sont pas les seuls membres de l'ancien gouvernement polonais à faire l'objet de poursuites. Plusieurs eurodéputés de droite sont accusés d'incitation à la haine pour avoir diffusé des contenus anti-immigration sur les médias sociaux, après que le Parlement européen leur a retiré leur immunité parlementaire en novembre, en réponse à une campagne menée par des ONG.

M. Tusk est un proche allié de l'UE, ce qui signifie qu'indépendamment de son approche musclée à l'égard de ses opposants politiques, les eurocrates se sont réjouis de la victoire de sa coalition libérale contre le précédent gouvernement PiS et continuent de soutenir la campagne de lutte contre l'"État de droit" ciblant les conservateurs dans tout le pays.

En effet, Politico, la principale publication des élites européennes, a adopté un point de vue résolument détendu sur la répression de M. Tusk, en dépit de ses propres mises en garde répétées contre "l'autoritarisme" et "la montée de l'extrême droite" en Pologne et dans toute l'Europe.

Cet article a été initialement publié dans The European Conservative.

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