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Pollution massive : la Chine en pleine révolution verte
©Reuters

Rouge-vert

Deux mois après un pic de pollution qui a plongé le nord de la Chine en alerte rouge, le premier ministre Li Keqiang a promis de "rendre le ciel bleu à nouveau".

Matthieu  Timmerman

Matthieu Timmerman

Matthieu Timmerman, l'auteur du livre, est un spécialiste de la politique asiatique, et plus particulièrement chinoise. Docteur en sciences politiques, anciennement professeur à l'IEP de Lille et à la Beijing Foreign Studies University, il travaille actuellement pour l'ONG Planète Urgence en Asie du sud-est.

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Atlantico : Quels dispositifs la Chine a-t-elle déployé pour effectuer cette reconversion écologique ?

Matthieu Timmerman : A partir du moment où il y a une crise, il y a des effets d'annonce et c'est toujours à peu près la même chose. La régulation de la circulation automobile et la fermeture des centrales de charbon. C'est une politique qui est appliquée mais toujours à moitié. Ce n'est pas la mauvaise volonté du gouvernement, c'est simplement qu'il y a des freins. Des freins au niveau des entités locales et surtout des grandes entreprises qui n'ont pas forcément envie de se voir appliquer des lois sur l'environnement. A partir de là, vous avez une ambivalence structurelle par rapport à la politique de lutte contre la pollution en Chine. 

A côté de cela, il y a des sanctions économiques appliquées à l'échelle locale pour les entreprises qui ne respecteraient pas les normes écologiques. Mais également tout une politique urbaine à revoir. Le problème de la Chine c'est que les villes s'étalent, ce qui implique naturellement plus de pollution. Et il y a un gros travail pour repenser les villes à l'échelle chinoise. Car pour le moment ils appliquent un modèle occidental (avec des banlieues etc) qui n'est pas adapté au territoire chinois et qui a des conséquences décuplées sur l'environnement. 

La pollution atmosphérique est responsable de près de 4000 morts chaque jour en Chine, (d'après une étude menée par l’université californienne de Berkeley). Si le pays promet pour 2020 des moyens de transports plus écologiques, l'électricité consommée provient encore à 62% des centrales de charbon, extrêmement polluantes.  La transition énergétique chinoise risque d'être longue mais à quel point ?

C'est impossible à dire. Tout dépend de la volonté du gouvernement chinois. Techniquement et économiquement parlant ça prendra beaucoup de temps. Il faut arrêter de jouer sur cette ambivalence et sur ces effets d'annonces avec des politiques qui ne seront pas forcément suivis. C'est aussi une question de volonté des citoyens. C'est même là le cœur du problème. 

Il faut bien noter qu'il est plus délicat de promouvoir une transition écologique qu'une croissance économique comme la Chine à connu. 

Lors du tournant économique de la Chine en 1978, il y avait eu un pacte conclu avec la population chinoise. On ne va plus les embêter avec la politique - qui a été désastreuse pendant la révolution culturelle - mais on va promouvoir la technicité, l'économie et la croissance. Et cette croissance n'est pas forcément bâtie sur de bonnes bases. Ce sont des bases quantitatives alors qu'il faudrait miser sur le qualitatif. ll faut que les citoyens participent à cette transition écologique. Un des grands problèmes du système politique chinois c'est qu'il s'agit d'un gouvernement autoritaire. C'est difficile de faire participer les gens à l'écologie. 

Ce revirement écologique vient notamment d'une pression sans précédent des citoyens du pays (manifestations etc...) Concrètement quels sont les conditions de vie des citoyens chinois concernés par cette pollution aujourd'hui ?  

Elles sont désastreuses mais ils font avec. Si vous avez les moyens et le travail qui le permet, vous pouvez vous expatrier à l'intérieur de la Chine, au sud ou la pollution est moindre. Sinon, pour le citoyen lambda qui ne peut pas quitter Pékin, c'est le système "débrouille". On met des masques, on investit dans des purificateurs d'airs et on ne laisse pas sortir les enfants.

Il y a de véritables nuages de pollution qui vous empêche de voir le bout d'une rue. Un fait marquant, c'est qu'en prenant l'avion, lors du décollage, il y a bien deux ou trois minutes où vous vous retrouvez dans un véritable nuage noir. D'ailleurs très souvent les vols peuvent être annulés. C'est très effrayant. 

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