Plan anti-tabac : qui des États répressifs ou des États plus libéraux obtient les meilleurs résultats de santé publique ?<!-- --> | Atlantico.fr
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La politique européenne en matière de lutte contre le tabagisme est-elle efficace ?
La politique européenne en matière de lutte contre le tabagisme est-elle efficace ?
©PHILIPPE HUGUEN / AFP

Infantilisation des citoyens ?

Une approche d’État-nounou en matière de politique sur le tabac mine la démocratie et la transparence.

Juan D. Estevez

Juan D. Estevez

Juan D. Estevez est membre de Young Voices Europe. Il est étudiant à la maîtrise de théorie politique et rédacteur en chef du magazine étudiant Der Freydenker. Il est actuellement boursier de la Fondation Friedrich Naumann pour la Liberté.

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Beaucoup diraient que les politiques paternalistes – dans lesquelles le gouvernement prend des décisions au nom des individus avec l’intention de promouvoir ce qui est perçu comme leur meilleur intérêt – sont un élément nécessaire de la bonne gouvernance et que les avantages l’emportent sur les inconvénients. Cependant, comme l’a constaté le Nanny State Index, il existe « peu de preuves que les pays ayant des politiques plus paternalistes jouissent d’une meilleure santé ou d’une meilleure longévité ». Au lieu de cela, les politiques coercitives des États nounous créent des problèmes invisibles.

Dans le contexte de la santé publique, les politiques paternalistes peuvent inclure des réglementations ou des restrictions visant à réduire les comportements considérés comme nocifs. Ces interventions, bien que bien intentionnées, peuvent porter atteinte aux libertés individuelles et à l'autonomie. Elles augmentent le coût de la vie et affectent de manière disproportionnée les personnes à faible revenu. Ces prix élevés stimulent les activités du marché noir et la corruption. Douze pays taxent désormais les boissons sucrées, contre cinq en 2017, malgré le manque de preuves que de telles mesures réduisent l'obésité. De plus, 15 pays taxent le liquide des cigarettes électroniques, contre huit il y a à peine cinq ans, et deux ont complètement interdit la vente de cigarettes électroniques. De plus, les gouvernements ont outrepassé l’autorité des propriétaires de bars et de restaurants en décidant des politiques relatives au tabagisme.

Nos politiciens nous disent souvent que la politique devrait « suivre la science ». Cependant, les données scientifiques qu’ils utilisent sont souvent, au mieux, sélectionnées avec soin et, au pire, absurdes. Par exemple, au cours des dernières années, des chercheurs ont découvert que le vapotage était moins nocif que le tabagisme. Ceci est particulièrement important pour les personnes qui recherchent une alternative au tabac ou qui ont besoin d’aide pour arrêter complètement de fumer. Comme le note le NHS britannique, « la nicotine elle-même n’est pas très nocive et est utilisée en toute sécurité depuis de nombreuses années dans les médicaments destinés à aider les gens à arrêter de fumer ». Ainsi, à la lumière de ces informations, il semble naïf de la part des gouvernements d’imposer de nouvelles interdictions et réglementations sur les produits destinés à réduire les méfaits du tabac.

Pour aggraver les choses, les politiciens et les bureaucrates tentent parfois de faire passer ces nouvelles réglementations par la porte dérobée. Des documents divulgués suggèrent une collaboration silencieuse entre la Commission européenne et le Conseil européen pour influencer le traité sur le tabac de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et, ce faisant, pousser le Parlement européen à adopter des positions hostiles à l'égard des cigarettes électroniques et des alternatives similaires aux cigarettes.

Ces manœuvres en coulisses pour se regrouper derrière une approche d’État-nounou en matière de politique sur la nicotine, sans passer par les voies appropriées ni suivre réellement la science, portent atteinte aux principes de transparence, de démocratie et de libertés civiles au sein de l’Union européenne et de ses États membres. En choisissant cette voie, les bureaucrates bruxellois prennent des mesures unilatérales qui non seulement contournent les représentants élus au Parlement européen, mais ignorent également les voix de millions de consommateurs européens qui ont opté pour des produits sans fumée à base de nicotine. Le recours à des organismes internationaux comme la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac pour promouvoir des politiques malsaines sans consulter ses membres et leurs citoyens soulève de sérieuses questions sur l’engagement de l’UE à respecter les libertés individuelles et à promouvoir le bien-être public.

La manipulation apparente par la Commission européenne de la prochaine COP10 à Panama pour approuver les positions hostiles de l’OMS, puis les présenter comme une loi internationale contraignante, ne rend pas service aux citoyens européens. Cela échappe au contrôle démocratique nécessaire et menace les droits et les choix de ceux qui ont choisi des alternatives sans fumée au tabac.

En promouvant cette approche, l’UE ne fait qu’aggraver ses problèmes de légitimité. En tant qu’organe élu représentant le peuple, le Parlement européen devrait jouer un rôle central dans l’élaboration des politiques publiques, aux côtés des gouvernements de ses États membres. Cependant, il semble que des bureaucrates non élus prennent les décisions à huis clos, excluant ceux-là mêmes qui devraient avoir leur mot à dire quant à leur propre bien-être.

Cette situation ne fait que souligner la nécessité d’un processus décisionnel plus transparent et plus responsable au sein de l’UE. Il est essentiel que Bruxelles consulte les États membres et leurs représentants élus avant d’imposer des politiques ayant des conséquences considérables sur la santé publique et les libertés individuelles. Il est déjà assez regrettable que nos politiciens nationaux sautent sur chaque occasion pour promouvoir des politiques paternalistes, mais le fait que Bruxelles aggrave le problème en soutenant une politique d'Etat nounou constitue un problème substantiel pour les libertés civiles et l’élaboration des politiques scientifiques.

Cet article a été publié initialement sur le site The European Conservative : cliquez ICI

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