Pas de miracle pour les chauves : pourquoi la découverte sur le traitement de calvitie n'en est pas une<!-- --> | Atlantico.fr
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Des traitements déjà existants permettent de ralentir la perte de cheveux.
Des traitements déjà existants permettent de ralentir la perte de cheveux.
©Reuters

Boule à zéro

Des chercheurs ont annoncé lundi 21 octobre être parvenus à faire pousser des cheveux humains sur le crâne de souris, grâce à la culture en laboratoire de cellules spécifiques. Si ces travaux sont intéressants et font avancer la recherche, la découverte sur le traitement de la calvitie n'est pas nouvelle.

Pascal Boudjema

Pascal Boudjema

Pascal Boudjema est chirurgien capillaire, spécialisé dans le traitement de la calvitie. Il a créé un site d'information sur le sujet : www.lesgreffesdecheveux.fr

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Atlantico : Pour la première fois, des chercheurs sont parvenus à faire repousser des cheveux en cultivant en laboratoire des cellules humaines du derme papillaire, créant l’espoir de traiter la calvitie. Comment fonctionne le remède contre la calvitie ?

Pascal Boudjema : La chercheuse de l’université Columbia a réussi à reproduire sur un modèle in vitro, c’est-à-dire un modèle en dehors du corps humain, des follicules pileux en trois dimensions. C’est un milieu de culture particulier qui, renseignements pris, suscite un certain engouement mais c’est un résultat de recherche expérimentale pour le moment. La papille est la partie basse du follicule, c’est là que va se construire le cheveu. In vitro il y a des résultats mais de là à les transposer in vivo il y a un grand fossé.

Les traitements déjà existants permettaient soit de ralentir la perte de cheveux soit de prélever des cheveux à l’arrière de la tête mais sans gain de cheveux. En quoi ce remède est-il une nouveauté par rapport aux traitements existants ?

On est tous à la recherche du graal, c’est-à-dire à la possibilité de reproduire des cheveux à l’infini. Les travaux dont j’ai relaté les résultats préliminaires un peu plus haut tendent à penser qu’il sera possible un jour de reproduire à l’infini en laboratoire des cellules qui, une fois réinjectées au niveau des zones chauves, pourront donner de nouveaux cheveux en ayant prélevé très peu de matière au niveau des cellules originelles. On multiplie les cheveux. Aujourd’hui, on arrive à déplacer et à faire repousser des cheveux sur l’homme, c’est la greffe de cheveux. Elle consiste à déplacer une racine du point A vers le point B. Ensuite cette racine va repousser de manière définitive. Cette méthode est très utilisée et donne satisfaction aujourd’hui.

Il existe des traitements médicamenteux. Deux médicaments permettent de ralentir la chute des cheveux et de les faire repousser au niveau des zones chauves.D’une part, il existe une lotion en application locale :le minoxidil que l’on applique sur le cuir chevelu dégarni. Celle-ci permet de ralentir la chute des cheveux voire de faire repousser de nouveaux cheveux. Le deuxième médicament est un comprimé à prendre : le propecia à base de finastéride. Celui-ci permet de faire repousser des cheveux chez des personnes très clairsemées. Il ne fonctionne que chez l’homme et donne de bons résultats. Le seul inconvénient est qu’il entraine une baisse de la libido. Ces troubles sont réversibles à l’arrêt du traitement. L’inconvénient est que ces traitements sont longs et se prennent à vie. En dehors de ces deux médicaments, il n’y a que la greffe qui n’a pas d’effets secondaires. Celle-ci marche dans 99,9% des cas.

Le clonage de cheveux sera très intéressant chez les personnes qui n’ont pas de réserve à l’arrière de la tête. Ces cas sont toutefois rares. Le graal consisterait à trouver une technique de clonage où on prélève une racine à l’extérieur de la tête, on démultiplie en laboratoire et on réinjecte les cellules sur la personne. C’est une réserve inépuisable de cheveux très séduisante pour les personnes exclues de la greffe de cheveux aujourd’hui.

Quelles sont les personnes pour lesquelles cette technique est rendue possible ?

La greffe marche sur les personnes qui ont des brûlures après un accident ou un traumatisme. Le clonage des cheveux permettrait d’extraire des racines au niveau de la couronne, les multiplier en laboratoire et réimplanter au niveau des zones à repeupler. Cela constituerait un progrès intéressant dans cette perspective-là.

Cette technique a été testée sur des souris et, dans cinq tests sur sept, la greffe a produit de nouveaux cheveux pendant au moins six semaines. Est-on certain de son efficacité sur les humains ? Que reste-t-il à déterminer avant de rendre cette technique possible ?

On n’est certain de rien sur l’humain, il ne faut pas brûler des étapes. Ces travaux sont intéressants mais il est bien trop tôt pour en conclure un degré de pourcentage chez l’homme. Il faut savoir relativiser.  

Propos recueillis par Karen Holcman

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