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Paris plus fort que New York sur l'"hôtellerie" chez les particuliers : Airbnb responsable de la crise du logement, vraiment ?
©Flickr/unicellular

Economie collaborative

Internet était déjà responsable de la violence urbaine, du terrorisme, des difficultés de La Poste… Le voici maintenant coupable de la crise du logement.

Hugues Serraf pour Drivy

Hugues Serraf est journaliste et directeur de la communication de Drivy, la plateforme Internet de location de voitures entre particuliers.

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Airbnb est-il responsable de l’aggravation de la crise du logement en région parisienne ? Libération en est convaincu, qui fait sa une sur le site de location de chambres et d’appartements entre particuliers dont il s’inquiète de la popularité croissante. Il est vrai qu’avec quelque 40 000 offres recensées, la plateforme est devenue un acteur majeur de l’immobilier en Ile-de-France, de loin son premier marché en dehors des Etats-Unis.

On s’était habitué aux critiques de l’hôtellerie traditionnelle, qui n’aime pas beaucoup la concurrence et tente, depuis plusieurs années déjà, de pousser le législateur à rendre la location privée à la  fois plus complexe et plus coûteuse (l’Union Nationale des Industries de l’Hôtellerie vient d’ailleurs d’écrire à Manuel Valls pour demander carrément l’interdiction des locations d’une nuit, rapportent Les Echos), mais cette nouvelle approche négative est plus surprenante.

Paris étant la première ville au monde pour l’accueil de touristes (près de 50 millions par an), il est logique qu’elle soit en pointe sur ce genre de phénomène. Et, étant également l’une des plus chères au m2 habitable, il n’est pas non absurde que ses résidents permanents cherchent à en tirer un avantage maintenant que la technologie le permet. Mais en tirer la conclusion que c’est parce que les Parisiens prennent goût au business que l’on ne trouve plus à se loger est un poil tiré par les cheveux (si l’on ose une expression aussi chargée de kératine)...

La pénurie de logements en Ile-de-France est une constante depuis les années 50 – au minimum– et des centaines d’études et de rapports s’empilent chaque année sur les bureaux des ministres concernés pour déplorer, entre autres, un encadrement excessif du marché de la location rebutant les investisseurs ou conduisant les propriétaire à laisser leurs biens inoccupés par dizaines de milliers, un nombre insuffisant de mises en chantier, une absence de réflexion urbanistique à l’échelle de la région, etc. A ces études, les gouvernements successifs donnent des réponses diverses, dans le sens de l’assouplissement des réglementations comme dans celui d’un durcissement mais c’est la première fois que l’initiative individuelle est désignée comme coupable. Même la loi Duflot avait fait l’impasse sur cet affreux Airbnb, pour ne rien dire de l’Abbé Pierre qui, en 1954, était passé totalement à côté

Oui, le fait que des Parisiens se mettent à louer une pièce de leur logement à des touristes, voire leur appartement tout entier est une donnée nouvelle, essentiellement liée à l’arrivée des outils du Web et singulièrement au débarquement des petits malins d'Airbnb. Oui la stratégie d’investisseurs privés rachetant des studios dans le seul but de les commercialiser en courte durée sur Internet bouscule les hôteliers dans leur confort et leur modèle économique..  Mais jusqu’à nouvel ordre, c’est le droit le plus strict des uns et des autres et la seule intervention légitime de l’Etat dans cet affaire concerne le mode de taxation des revenus qu’ils en tirent.

Maintenant, s'il a vraiment envie de faire quelque chose pour la pénurie de logement, il lui reste encore les leviers de l'incitation à la construction, à l'investissement locatif, d'une meilleure coordination de l'implantation des activités économiques en Ile-de-France, d'une amélioration de l'offre de transport régionaux. Un tas de trucs rébarbatifs que les startups californiennes n'ont aucune envie de lui contester... Enfin, au moins pour le moment.

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