Nouvelles révélations Wikileaks sur les millions donnés par les grandes entreprises américaines à Bill Clinton pour obtenir les faveurs d’Hillary<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
International
Nouvelles révélations Wikileaks sur les millions donnés par les grandes entreprises américaines à Bill Clinton pour obtenir les faveurs d’Hillary
©REUTERS/Adrees Latif

THE DAILY BEAST

Des e-mails piratés et révélés par Wikileaks montrent des liens étroits entre les donateurs de la Fondation Clinton et le Département d’Etat américain.

Betsy Woodruff

Betsy Woodruff

Betsy Woodruff est journaliste pour The Daily Beast.

Voir la bio »
Andrew Desiderio

Andrew Desiderio

Andrew Desiderio est journaliste pour The Daily Beast et étudiant à l'Université George Washington. 

Voir la bio »

Betsy Woodruff et Andrew Desiderio. The Daily Beast.

Un document de douze pages publié par Wikileaks mercredi dernier montre comment un obscur cabinet de consulting est devenu le lien entre la famille Clinton et ses proches d’un côté et des multinationales très généreuses de l'autre.

Ces documents montrent clairement que l’intérêt de Bill Clinton est à vendre. Le Daily Beast a vérifié la liste fédérale des donateurs et lobbyistes et a trouvé que les mêmes sociétés qui ont employé le cabinet Teneo et soutenu la fondation Clinton par des dons en argent – avec entre autres Dow Chemical et Coca-Cola – ont également été favorisées par Hilllary Clinton au Département d’Etat.

Il est quasiment impossible de trouver des traces probantes de contreparties entre les donateurs de la Fondation Clinton, Teneo et le Département d’Etat dirigé par Hillary Clinton. Mais les informations révélées dans les e-mails piratés et publiés par Wikileaks montrent que Teneo – une entreprise fondée par un proche des Clinton – semble agir comme point de passage obligatoire pour les entreprises qui souhaitent accéder au cercle des Clinton.

Doug Band, un des cofondateurs de Teneo en 2011, parle de "Bill Clinton, Inc" lorsqu’il se réfère à ces coups montés. Les listes fédérales des donateurs et lobbyistes montrent que les entreprises qui ont employés Teneo ont aussi réussi à faire du lobbying auprès du Département d’Etat lorsqu’Hillary Clinton était à sa tête. On ne sait pas si ces entreprises auraient eu autant de chances sans avoir été dans l’orbite de Teneo mais les e-mails semblent indiquer que les relations étaient plus étroites que ce que l'on pensait.

Teneo n’affiche pas publiquement sa liste de clients. Mais en 2015, le magazine Fortune a révélé que Coca-Cola, Alibaba.com et Dow Chemical figuraient parmi ses clients. Ces entreprises avaient auparavant fait de généreux dons à la Fondation Clinton et du lobbying auprès du Département d’Etat durant le mandat d’Hillary Clinton. Alibaba avait fait du lobbying auprès du Département d’Etat en 2012 à propos des droits de la propriété intellectuelle et de "la protection de la propriété sur les sites web et sur le marché chinois", d’après sa déclaration fédérale de lobbying.

Les dons d’Alibaba à la Fondation Clinton suscitent des critiques depuis longtemps en raison du rôle supposé de cette firme dans la censure de l’Etat chinois sur internet. "Un ancien président de la République a reçu un don de la part d’une entreprise chinoise qui participe à la censure et maintenant, sa femme est candidate à l’élection présidentielle'’ avait déclaré l’opposant chinois exilé Harry Wu au Los Angeles Times en 2008. "C’est une honte pour les Etats-Unis". Coca-Cola, un autre donateur généreux de la Fondation Clinton et qui deviendra par la suite client de Teneo, a également reçu une faveur après avoir fait du lobbying auprès du Département d’Etat au temps d’Hillary Clinton.

Les relevés d'actions de lobbying ont montré qu’en 2010 Coca-Cola avait fait du lobbying auprès du Département d’Etat et du Département du Commerce à propos d' une taxe sur l’un de ses ingrédients au Pakistan. Plus tard, le gouvernement pakistanais a opposé son veto sur cette taxe. On ne sait pas exactement ce qui s’est passé dans les coulisses, mais Coca-Cola a eu ce qu’il voulait.

D’une façon similaire, l’entreprise a fait du lobbying auprès du Département d’Etat contre une taxe qu’elle ne voulait pas payer en Thaïlande. Un câble diplomatique du Département d’Etat révèle que l’ambassadeur américain en Thaïlande, Eric G John, a parlé du sujet lors d’une réunion avec le ministre des Finances thaïlandais. Le câble mentionnait "des efforts spécifiques pour aider les entreprises américaines Coca-Cola et Pepsi." D’après le câble, le Premier ministre thaïlandais de l’époque, Abhisit Vejjajiva a réaffirmé que si Coca-Cola le demandait, le gouvernement ne serait pas opposé à une hausse des prix de la part de Coca-Cola. On ne sait pas si Coca-Cola continue de payer cette taxe après ce qui apparait comme un sursis de la part du Premier ministre thaïlandais.

Coca-Cola a fait entre 5 et 10 millions de dollars de dons à la Fondation Clinton, d’après les registres fédéraux. Dow Chemical est un autre donateur de la Fondation Clinton qui semble être bien en cour au Département d’Etat. Ses liens avec Teneo sont étroits et anciens. Récemment, le New York Times a révélé que Dow Chemical était le plus gros client de Teneo et que son PDG, Andrew Liveris, avait visité la Maison Blanche et co-préside l'Initiative présidentielle pour l’industrie avancée.

Dans des e-mails publiés plus tôt ce mois-ci, Liveris avait demandé à des proches conseillers d’Hillary Clinton d’envoyer une lettre au Premier ministre indien de l’époque, Manmohan Singh, concernant l’acquisition par Dow Chemicals d'actions d'Union Carbide en Inde. Union Carbide était le propriétaire et l’opérateur de l’usine de Bhopal en Inde et 17 ans avant l’acquisition par Dow, une grave fuite de gaz sur ce site avait causé la mort de milliers d’Indiens.

Liveris voulait éviter que Dow soit tenu responsable pour le drame. On ne sait pas si les officiels du Département d’Etat ont fait ce que Liveris leur a demandé, mais l’administration Obama n’a jamais aidé le gouvernement indien à punir Dow. Cette année, des activistes ont mis en cause le département américain de la justice d’être intervenu en faveur de Dow et de lui éviter d’apparaitre devant une cour de justice indienne.

Les relevés fédéraux montrent que des filiales de Dow ont fait du lobbying auprès du Département d’Etat en 2011. Glen Caplin, un porte-parole de la campagne de Clinton, dit qu’Hillary Clinton n’a pas donné de priorité aux donateurs de la Fondation Clinton lorsqu’elle était secrétaire d’Etat. "Le Département d’Etat a clairement dit que les actions d’Hillary Clinton n’avaient pour but que les meilleurs intérêts de la politique étrangère américaine et qu’elle n’a jamais pris de décisions calquées sur les donations à la Fondation Clinton", a-t-il déclaré.

Aucune des entreprises mentionnées ici n’ont voulu répondre aux questions du Daily Beast. En faisant appel à Teneo, elles ont enrichi certains ex-conseillers de Bill Clinton, et se faire une place auprès des Clinton semble ne pas avoir été une mauvaise idée pour les affaires.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !