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Non, les créations record d’entreprises en 2020 ne sont pas un indicateur réjouissant sur le dynamisme de l’économie française
©ERIC PIERMONT / AFP

Espoir ?

L'INSEE a publié sa note mensuelle le 15 janvier sur les créations d'entreprise, qui annonce une hausse des créations d'entreprise en France pour l'année 2020, malgré un mois de décembre décevant. Ce résultat surprenant est-il pour autant un bon signe pour l'économie française ? Entre petites entreprises et multiplications des statuts d'auto-entrepreneur, cette augmentation doit être considérée avec circonspection.

Philippe Crevel

Philippe Crevel

Philippe Crevel est économiste, directeur du Cercle de l’Épargne et directeur associé de Lorello Ecodata, société d'études et de conseils en stratégies économiques.

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Atlantico.fr : Les créations d'entreprises constituent-elles un indicateur fiable pour mesurer le renouvellement économique de notre pays ?

Philippe Crevel : En 2020, 854 982 entreprises ont été créées, en France, contre 815 257 en 2019 et 691 283 en 2018. En 2000, avant la création du statut d’auto-entrepreneur, 216 056 créations d’entreprise avaient été enregistrées. La proportion d’habitants créant leur entreprise est trois fois plus importante en France qu’aux États-Unis. Elle est deux fois supérieure à celle enregistrée en Allemagne et au Royaume-Uni. Le statut d’auto-entrepreneur mis en place le 1er janvier 2009 a contribué à la forte croissance en France de la création d’entreprise. Chez nos partenaires, que ce soient à travers les mini-jobs en Allemagne ou le travail à la tache au Royaume-Uni, des dispositifs assez proches ont été institués afin de fluidifier le marché du travail. la transformation du statut d’auto-entrepreneur en micro-entrepreneur vise à normaliser les règles en vigueur en matière de création d’entreprise.

Les créations d’entreprise, en France, comme ailleurs, concerne essentiellement le secteur des services et surtout les services dits domestiques (chauffeurs, livraison à domicile, bricolage, etc.). Néanmoins, le secteur aux entreprises est dynamique.

Faut-il craindre la multiplication des très petites entreprises avec un faible chiffre d'affaires ?

Ces derniers mois, les trois quart des créations sont des entreprises individuelles, la moitié prennent la forme de micro-entrepreneurs. Malgré tout, la France est en pointe sur les start-up. Selon le Gouvernement, en 2020, les startup françaises ont réalisé 620 levées de fonds pour un total de 5,4 milliards d’euros. le problème en France, ce n’est pas la création mais la pérennité et la croissance des entreprises, leur passage du stade TPE à PME et à ETI (entreprise de taille intermédiaire). Le marché du financement reste trop étroit, les contraintes administratives importantes. Les entrepreneurs ont souvent comme seule solution de vendre à une grande entreprise française ou étrangère.

Les entreprises créées en 2020 ne sont-elles pas au fond le signe qu'un grand nombre de chômeurs n'a pas d'autres moyens qu'essayer de lancer une petite structure pour trouver de quoi survivre ?

En période de crise, le nombre de créations d’entreprise augmente. Des personnes sans emploi crée une entreprise, soit pour tenter leur chance, soit en attendant de retrouver un emploi. Les confinements ont accentué cette tendance. Un nombre important de Français, en particulier des jeunes, souhaitent monter leurs affaires, changer de vie, quitter les grandes métropoles. Le passage par une grande entreprise fait un peu moins rêver qu’auparavant. Il y a une volonté de se réaliser en créant son activité. Le succès n’est pas toujours au rendez-vous mais l’envie est forte en France. Le recours à la micro-entreprise permet à des personnes ayant des problèmes de revenus de se constituer, en toute légalité, un supplément. Ce statut assure un minimum de protection sociale ce qui peut être recherché actuellement.

Les créations d'entreprises en France sont-elles différentes de celles de nos voisins européens ?

Tous les pays européens sont confrontés à la même situation en matière de création d’entreprise. De nombreuses activités sont précaires avec à la clef de nombreuses faillites. Du fait d’un volume plus important de créations, la France enregistre un nombre plus élevé de liquidations. De petites tailles, les entreprises françaises sont plus fragiles. Les réseaux d’entraide y sont un peu moins développés. En France, le créateur peut éprouver des difficultés à trouver des financements. Il hésite aussi plus qu’à l’étranger à se tourner vers les banques. Il est moins enclin à ouvrir son capital et à s’associer. Les jeunes qui sont de plus en plus nombreux à franchir le pas de la création sont moins complexés. Utilisant les moyens des réseaux, ils s’installent souvent dans des espaces de co-working et tapent plus rapidement aux portes pour obtenir des soutiens. Cela concerne la France comme les autres pays. Aux Etats-Unis, la culture de la réussite par la création d’entreprise est beaucoup plus importante. Les universités, les grandes entreprises concourent davantage à l’émergence de nouvelles PME. Le problème en France et en Europe, ce n’est pas la création, c’est le jour d’après !

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