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Non, caillasser la police n’est pas une activité festive
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Le bloc-pol de Laurence Sailliet

Les images des forces de l’ordre obligées de quitter l’esplanade des Invalides ce week-end sous les jets de projectiles de personnes décrites comme des "jeunes" ou des "fêtards" n’ont même pas suscité d’émotion particulière. Cette banalisation des violences est inacceptable.

Laurence Sailliet

Laurence Sailliet

Laurence Sailliet est députée européenne Les Républicains et membre du groupe du Parti populaire européen.

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Dimanche matin, les journaux titraient : « A Paris, des incidents entre jeunes et policiers lors d'un "Projet X" aux Invalides ». De prime abord, on pouvait imaginer que des heurts avaient suivi l’intervention des forces de l’ordre. Pas un scoop malheureusement, tant les actes de rébellion, les insultes et les violences à l’encontre des policiers sont devenus courants et pour certains même « acceptables ». Pourtant, à la lecture des articles, on comprenait que les « jeunes », les « fêtards » même diront certains ont envoyé des projectiles au passage des véhicules qui arrivaient sur les lieux. Jeunes et fêtards donc … Qu’aucune autre dénomination, qu’aucun autre qualificatif n’ait été trouvé pour designer ces individus dangereux est pour le moins inquiétant et participe amplement à la délétère banalisation de la « haine anti-flic ». 

Oui il y avait des jeunes et des fêtards à ce moment-là sur l’Esplanade des invalides. Venus pour se détendre et s’amuser, on ne peut douter que pour le plus grand nombre ils étaient prêts à quitter les lieux sans esclandre respectueux de l’autorité légitime des policiers. Il ne s’agit pas de faire un brûlot anti-jeunesse. D’ailleurs qui pourrait leur reprocher de se retrouver sur l’esplanade sans autorisation alors que les plus hautes autorités ont expliqué, il y a peu, que les rassemblements interdits étaient tolérés. La brèche est ouverte, ne nous étonnons pas des conséquences. Mais ceux qui ont commis ces actes de violences contre les policiers ne sont pas de jeunes fêtards. Ce sont des délinquants.  Pour certains même, affronter la police est devenu un jeu. 

Le bilan de cette soirée est lourd : neuf blessés parmi les forces de l’ordre. Rappelons qu’elles sont intervenues après que des jets de bouteilles ont eu lieu, effrayant certains participants pacifiques. Les policiers remplissaient leur mission : sécuriser et protéger. A ce stade d’écriture, je n’ai pas entendu l’expression d’une quelconque indignation ou mot de soutien de leur hiérarchie, peut-être seront-ils tardifs, en tous cas trop tardifs. Peu d’émotion aussi du côté des commentateurs ou des responsables politiques. On peut ainsi imaginer le désarroi de la profession face à cette triste indifférence. 

C’est bien cette banalisation de la haine anti-flics, ces accusations à leur encontre de violence ou de racisme qui seraient généralisés ou la remise en cause même de leur mode opératoire qu’ont voulu dénoncer ceux qui se sont rassemblés depuis deux semaines. Ils ont déposé menottes à terre et chanté la Marseillaise dans plusieurs lieux symboliques comme au Trocadéro, à l’Arc de Triomphe ou encore devant le Bataclan. Pour ce dernier lieu l’image est encore plus forte évidemment lorsque l’on se souvient que lors des attentats du 13 novembre 2015 les policiers de la BAC avaient été les premiers à intervenir au Bataclan et avaient tué l'un des assaillants. 

A ceux qui ont l’outrecuidance de remettre en cause ce moyen de contestation rappelons leur qu’il est le seul. Le sens du devoir qui constitue leur engagement fera qu’ils ne failliront pas dans leur mission. Non ils ne bloqueront pas le pays. Oui ils continueront à intervenir quelles qu’en soient les circonstances pour protéger les personnes et les biens. Parce qu’ils sont loyaux ils ne seront peut-être pas entendus. Quelle injustice ! Leur colère doit être la nôtre et l’on ne peut accepter que le pouvoir ne cède qu’aux violents et aux factieux, à ceux qui brandissent injures et menaces et qui n’hésitent pas à utiliser la force pour obtenir gain de cause. Il est temps de revenir à l’ordre mais aussi à l’ordre des choses. Et pour cela déjà ne considérons pas et ne laissons pas dire que des individus qui attaquent la police ne sont que des « jeunes » ou des « fêtards ». Aux dérives du langage succèdent immanquablement les dérives de la pensée … si ce n’est pas le contraire. 

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