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François Hollande : celui que Nicolas Sarkozy n'attendait pas
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Adversaire surprise

Pour terrasser l'adversaire, Nicolas Sarkozy et François Hollande n'ont reculé devant aucune manœuvre. Mais loin des stratégies élaborées en petit comité, une autre campagne s'est déroulée. C'est cette aventure souterraine que révèlent Nathalie Schuck et Nicolas Barotte dans "Coups pour coups" (Extrait 2/2).

Nicolas  Barotte et Nathalie Schuck

Nicolas Barotte et Nathalie Schuck

Nicolas Barotte est journaliste au service politique du Figaro. Il couvre l'actualité du Parti socialiste depuis 2004. Il a suivi l'ascension de François Hollande, de sa traversée du désert à la campagne présidentielle de 2012.  

Nathalie Schuck est journaliste au Parisien, chargée du suivi de l'Elysée.

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Qui aurait parié il y a un an sur ce match improbable ? Jusqu’en mai 2011, Nicolas Sarkozy pensait qu’un autre le défierait : Dominique Strauss-Kahn, le champion toute catégorie de l’opinion, dont il était persuadé de ne faire qu’une bouchée. On le sait, les ambitions du patron du FMI ont explosé en vol dans un hôtel de New York. Martine Aubry? La première secrétaire du PS a négligé que l’élection présidentielle était d’abord une affaire d’envie. Celle d’être candidat à la présidence, François Hollande l’a tue pendant longtemps. Quand il s’est déclaré, le 31 mars 2011, dans son fief de Tulle, en Corrèze, personne ne l’a pris au sérieux.

Tirant habilement parti des erreurs et faiblesses de ses adversaires, il s’est imposé à la primaire sans vraiment forcer son talent. Mais il revient de loin…

Cinq ans plus tôt, le premier secrétaire du PS s’imaginait candidat face à Nicolas Sarkozy, président de l’UMP. N’avaient-ils pas posé ensemble à la une de Paris Match en 2005, tout sourire, pour défendre le oui au référendum sur la Constitution européenne ? Une image pour une ambition : l’Élysée. Le socialiste la traînera comme un boulet. Sa candidature s’éloignera avec la victoire du non au référendum et l’émergence de Ségolène Royal dès 2006. « Il s’est fait passer devant par sa femme sans rien dire », commentera Nicolas Sarkozy, cruel et un brin macho.

Les deux hommes se connaissent bien. Longtemps, ils se sont tutoyés. Lorsque Sarkozy est entré à l’Élysée, Hollande est passé au « vous ». Ils ont usé ensemble leurs fonds de culotte sur les bancs de l’Assemblée, élus députés la même année, en 1988. On l’oublie souvent, mais ils s’étaient déjà affrontés dans les urnes.

C’était en 1999, pour les européennes. Hollande conduisait la liste de gauche, Sarkozy avait repris au débotté la tête de la liste RPR-DL lâchée par Philippe Séguin. L’affaire s’est mal terminée pour l’homme de droite : il a fini neuf points derrière. Depuis ce temps-là, il se méfie. Il sait Hollande bon débatteur et doté d’une sacrée répartie.

Bien que très différents, on leur trouve cependant quelques points communs. Presque le même âge, d’abord. Sarkozy a fêté en janvier ses cinquante-sept ans. En août, Hollande en aura cinquante-huit. Avant la campagne, ils se sont astreints à un régime drastique pour garder la forme, même si Hollande ne fait pas de sport, contrairement au joggeur de l’Élysée. Ils partagent une passion commune : le football. Hollande est une encyclopédie vivante sur le sujet. Sarkozy soutient le PSG. Côté sphère intime, ils ont tous deux eu plusieurs compagnes et quatre enfants. « On est pareil. Toi et moi, on a refait notre vie », lui a glissé un jour Sarkozy, parfois impudique, lors d’un rendez-vous à l’Élysée. Hollande garde le souvenir d’avoir été « choqué » par cette « inélégance ». Il protège sa vie privée.

Nicolas Sarkozy persiste à le sous-estimer. Hollande n’est à ses yeux qu’un « candidat de substitution ». Il ne le juge pas à sa hauteur, le surnommant tour à tour « Guy Bedos », « le sénateur », « le rigolo ». « Prenez un sucre, ça paraît solide quand vous le tenez dans la main. Mettez-le dans l’eau, c’est soluble », lançait le Président l’été dernier, geste à l’appui, tout fier de sa trouvaille…

François Hollande, qui n’aime pas le conflit, savait qu’il aurait face à lui une bête de campagne prête à tous les coups. Même en petit comité, il parle peu de son adversaire. « Il est étrange ce type », estime-t-il parfois, le trouvant au fond très peu président.

Ne pas être pris au sérieux a toujours fait les affaires du socialiste. Lorsqu’il dirigeait le PS, une phrase résumait sa façon de tenir tête aux « éléphants » : « Il faut laisser dégorger les escargots. » « Au bout du compte, ce sont les gentils qui gagnent », a coutume de dire l’ancien premier secrétaire. Comme il est en réalité un faux gentil, il fallait que l’autre, Sarkozy, tienne le rôle du méchant.

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Extrait de Coups pour coupsEDITIONS DU MOMENT (10 mai 2012)

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