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Des Paroles et des Actes : 
"Pas sûr que la surenchère de Nicolas Sarkozy lui permette de rebooster sa campagne"
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Plateau télé

Karim Zeribi analyse l'intervention de Nicolas Sarkozy, mardi soir, sur le plateau de l'émission "Des paroles et des actes", où il a répondu aux questions des journalistes et affronté le responsable socialiste, Laurent Fabius.

Karim Zeribi

Karim Zeribi

Karim Zéribi est un homme politique marseillais, conseiller municipal et communautaire (Europe Écologie Les Verts). Il est président du Conseil d'Administration de la Régie des transports de Marseille. Il est également l’un des chroniqueurs réguliers d’une émission quotidienne de débats d’actualités sur RMC (« Les Grandes Gueules »).

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Atlantico : Nicolas Sarkozy était l'invité mardi soir de l'émission politique "Des paroles et des actes", sur France 2. Que retenez-vous de ce débat ?

Karim Zeribi :J’ai vu un homme qui s’est beaucoup justifié, avec parfois des accents de sincérité. Mais, quoiqu’on pense de lui, en bien ou en mal, il semble que sa parole pèse moins lourd qu’en 2007. Les journalistes l’attaquent sur son début de quinquennat "bling-bling", le voilà qui dénonce ceux qui attaquent les riches, puis il se met en colère contre le journaliste François Langlet qui lui demande si le bouclier fiscal était vraiment une bonne idée, puis il se défend de protéger les riches,  et il finit par asséner qu’il est le dernier chef d’Etat en Europe à maintenir un impôt sur la fortune ! C’est une ligne argumentaire qui donne le tournis.

On nous annonçait une entrée en campagne tonitruante, une avalanche de propositions qui allaient déstabiliser son rival, et on a droit à quoi, au cours de cette soirée tellement importante pour lui ? Des élections législatives à la proportionnelle en 2017 ? Les parrainages des candidats à l’élection présidentielle retirés aux maires et octroyés aux Français ? Vous pensez que les Français attendaient ces propositions ? Un impôt minimum sur les bénéfices des grands groupes : mais si cette idée était une bonne idée, pourquoi ne pas l’avoir mise en œuvre dès le début de la crise ? Quant au refrain sur l’immigration…

Nicolas Sarkozy replace l'immigration au centre de la campagne. S'agit-il selon vous d'une bonne stratégie ?

Qui peut croire que la France a trop d’étrangers sur son territoire, alors que tous les économistes et tous les démographes, démontrent le contraire, chiffres à l’appui ? Et pourquoi asséner que "notre système d’intégration frise l’embolie" ? Ses propos sur la viande hallal, ou ceux de son ministre de l’Intérieur sur le lien entre immigration et délinquance, sont quand même une forme de preuve qu’il se contente de surenchérir, de plus en plus loin, de plus en plus fort, pour séduire une frange de l’électorat qui semble ne pas vouloir de lui.

D’un point de vue électoral, on peut comprendre cette stratégie : l’enjeu – tout le monde le comprend, et surtout Marine Le Pen – c’est de siphonner les voix du Front National. Mais même en admettant que le coup marche pour le premier tour, il me paraît très risqué pour le second tour. Une majorité des électeurs de Bayrou pourrait préférer Hollande. Cela dit, la campagne est loin d’être terminée : je pense que Nicolas Sarkozy va recentrer son discours, maintenant qu’il a donné des gages à la droite de la droite.

Nicolas Sarkozy a répondu aux questions de journalistes, puis a débattu avec l'ancien Premier ministre socialiste Laurent Fabius. Qui en est sorti vainqueur ? Quelles ont été les stratégies adoptées? Lequel était le plus virulent, agressif ?

Match nul, mais Sarkozy jouait "à domicile". C’est donc lui qui fait la mauvaise opération de la soirée… Un bel exercice de langue de bois, affrontement de coqs compris, que les amateurs auront apprécié. Face à un interlocuteur comme Fabius, on retrouve le Sarkozy batailleur, le compétiteur, mais qui verse un peu trop dans la chamaillerie, à mon avis. On voit qu’il aime ce genre de joute. Ça promet un débat musclé dans l’entre-deux tours. Vous avez vu son sourire, quand il a mis Fabius dans l’embarras, en lui rappelant la façon dont il avait traité François Hollande, avant les primaires socialistes ?

Laurent Fabius était un partisan du "NON" au traité constitutionnel européen de 2005 et un soutien de Martine Aubry pendant la primaire socialiste. L'avez-vous trouvé efficace dans la défense du programme de François Hollande ?

Laurent Fabius est un politicien de grande expérience. Il n’a pas hésité à faire un parallèle entre les qualités de François Hollande et celles de François Mitterrand, pour rattraper les mots pas très flatteurs qu’il avait eu contre lui pendant les primaires socialistes. Il a fait ce qu’il fallait pour défendre le programme du candidat socialiste, avec technicité, avec intelligence, même si, à mon avis, il n’a guère parlé aux électeurs-téléspectateurs.


Les sondages étant clairement défavorables au président sortant, cette apparition télévisée est-elle en mesure de donner un coup de "boost" à sa campagne ou n'était-ce qu'un baroud d'honneur ?

Je pense que Nicolas Sarkozy n’a pas réussi ce qu’il voulait faire de ce débat. Cette soirée sur France 2 était une occasion de redistribuer une partie des cartes, à moins de 50 jours du premier tour de la présidentielle, après un début de campagne pas très bon. S’il voulait rebooster ses courbes, dans les sondages, ses propositions me paraissent assez loin des préoccupations d’une majorité  des Français. En fait, je ne vois pas bien ce que le candidat Sarkozy a gagné, ce soir. Mais je suis quasi-certain que le candidat Hollande n’a rien perdu.

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