Natalité : le baby krach français se confirme<!-- --> | Atlantico.fr
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Les chiffres révèlent une baisse de la natalité exceptionnelle par l’ampleur de son volume et de son pourcentage dans un laps de temps aussi court.
Les chiffres révèlent une baisse de la natalité exceptionnelle par l’ampleur de son volume et de son pourcentage dans un laps de temps aussi court.
©Philip FONG / AFP

Inquiétant

Par rapport à 2022, 30.000 bébés en moins sont nés entre janvier et juillet 2023 (soit -7 %), selon les données de l’Insee.

Atlantico : La question des naissances en France est une préoccupation persistante. Il n’y a même pas eu de pic des naissances traditionnel au mois de juillet… Par rapport à 2022,  30.000 bébés en moins sont nés entre janvier et juillet 2023 (soit -7 %), selon les données de l’Insee. Quels sont les principaux enseignements de ces chiffres ?

Laurent Chalard : Les chiffres révèlent une baisse de la natalité exceptionnelle par l’ampleur de son volume et de son pourcentage dans un laps de temps aussi court. C’est la première fois qu’une baisse aussi rapide est enregistrée depuis la fin du baby-boom.

Cette baisse du nombre de naissances s’inscrit dans une dynamique plus longue et structurelle depuis 2010 pour la France métropolitaine. Cette baisse suivait un rythme moins rapide. Elle avait été stoppée lors de l’année 2021, lors du Covid. La natalité avait connu un léger rebond, très temporaire. Dès 2022, la natalité est repartie à la baisse.    

Pourquoi la pente inquiétante de ces dernières années s’est mise soudainement à décroître de manière accélérée ? Que cache cette baisse soudaine ?

Il y a deux facteurs explicatifs. Il existe un facteur structurel qui est lié à la composition par âge des femmes en âge d’avoir des enfants. On constate aujourd’hui que l’âge moyen de la maternité s’est allongé. Il se situe à 31 ans. Une large part des naissances a lieu entre 28 et 34 ans.

Lorsque l’on étudie l’évolution des naissances en France aujourd’hui, il faut analyser l’évolution du nombre de femmes en âge de procréer mais pas comme il est fait de manière traditionnelle (entre 15 et 49 ans, pendant toute la durée de fécondité).

La natalité aujourd’hui est très concentrée sur quelques années. Il faut donc regarder l’évolution sur les femmes âgées entre 28 et 34 ans. Cela permet de découvrir que les femmes aujourd’hui qui arrivent à l’âge d’avoir des enfants, au pic de la natalité à 31 ans, sont celles qui sont nées en 1992.      

Les femmes nées en 1992 sont beaucoup moins nombreuses (plusieurs dizaine de milliers de moins) que les femmes nées en 1986. En effet, il y a eu une forte baisse de la natalité au début des années 1990 (sur les années 1991 - 1992 – 1993 – 1994).

Or, qui à l’heure actuelle a des enfants autour de 31 ans ? Il s’agit de ces femmes qui sont nées en 1991, 1992, 1993, 1994. Il est donc logique de constater qu’il y ait une accélération de la baisse des naissances car cela correspond au pic de natalité des femmes qui sont les moins nombreuses aujourd’hui dans la structure par âge française.

Les femmes qui sont nées en 1993 sont 70.000  de moins que les femmes nées en 1986. Cela représente donc potentiellement 70.000 naissances de moins en quelques années.

Il s’agit donc du facteur explicatif primordial qui concerne un effet de structure par âge des femmes en âge de procréer à l’âge où il y a le pic de la natalité.

Mais ce n’est pas le seul facteur explicatif. Ce phénomène est accéléré par une baisse de la fécondité conjoncturelle probablement liée au contexte géopolitique et international consécutif de la guerre en Ukraine et de ses conséquences économiques, notamment en termes d’inflation.

Il y a une corrélation entre le début de la guerre en Ukraine et l’accélération de la baisse de la natalité.

Il y a donc un effet structurel avec un faible nombre de femmes en âge de procréer. Et également un effet conjoncturel lié à un contexte géopolitique international qui a pu avoir un impact sur le calendrier de naissances en France. Cela peut avoir un impact sur 1 à 2 % des ménages mais cela va continuer d’accélérer la baisse des naissances.

Quels sont les enseignements par rapport au baby krach ? Qu’est-ce que cela laisse présager ?

Tout va dépendre de l’effet conjoncturel que cela pourrait potentiellement avoir ou non. Sur le plan structurel, le nombre de femmes en âge d’avoir leur pic de natalité va finir par remonter. Nous sommes actuellement au creux de la vague. L’effet structurel va finir par se tasser, le nombre de naissances devrait finir normalement par remonter, mais pas autant que pour les générations nées dans les années 1980.  

Mais l’incertitude demeure par rapport à l’effet conjoncturel. L’environnement, la situation économique et géopolitique sont très moroses. La France est le pays où les gens sont le plus inquiet pour leur avenir. Ce contexte morose peut continuer à plomber la natalité française. Surtout que certains mouvements écologistes prônent une baisse de la natalité.

Si cette tendance morose et ce choix de réduire le nombre d’enfants se poursuivent, il est possible d’envisager un alignement progressif de la natalité française sur les autres pays européens. La moyenne européenne est autour de 1,5 à 1,6 enfant par femme. La France est encore proche de 1,8. Il est donc possible d’envisager un alignement en France vis-à-vis de cette moyenne européenne, ce qui diminuerait encore plus le nombre de naissances, la marge de baisse étant encore importante.  

Y a-t-il une lueur d’espoir ? La France pourra-t-elle connaître à nouveau un boom des naissances ou de fécondité ? A quelle échéance pourrait-il se produire ?

La lueur d’espoir est que le nombre de femmes en âge de procréer, qui vont arriver à leur pic de natalité, va augmenter dans les prochaines années. Mécaniquement, si leur nombre réaugmente, le nombre de naissances devrait remonter, sous réserve d'un niveau de fécondité équivalent.

Le moral des ménages, en berne, peut difficilement descendre plus bas. Des jours meilleurs pourraient s’annoncer dans les prochaines années et pourraient contribuer à augmenter la natalité. 

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