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La location de perceuses entre particuliers se développe.
La location de perceuses entre particuliers se développe.
©Reuters

Economie collaborative

Les grandes enseignes du commerce traditionnel se prennent pour des startups et testent le collaboratif sur Internet. Mais Mr Bricolage peut-il gagner de l'argent en organisant gratuitement la location de perceuses entre particuliers ?

Hugues Serraf pour Drivy

Hugues Serraf est journaliste et directeur de la communication de Drivy, la plateforme Internet de location de voitures entre particuliers.

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Les entreprises « traditionnelles » n'étant tout de même pas peuplées d'imbéciles incapables de comprendre à quel point l'économie collaborative est susceptible de bouleverser leurs petites habitudes, elles commencent à se rebiffer...

Elles aussi, elles veulent leur part de ce nouveau gâteau ; elles aussi, elles peuvent parfaitement mettre des particuliers en contact sur le Web. D'autant plus que pour certaines d'entre elles, c'est devenu une question de survie (on imagine comment la G7, avec un poil plus de flair, aurait pu faire du Uber avant Uber et s'éviter bien des angoisses existentielles).

Mais l'initiative surprenante de la semaine, c'est celle de Mr Bricolage avec son nouveau site « La Dépanne ». Non, l'enseigne ne se lance pas dans la réparation automobile mais bien dans la location de matériel de « DIY » (perceuses, disqueuse, etc.) entre particuliers à la façon de Zilok ou de iLokYou, précurseurs du genre dans l'univers des startups.

Pourquoi c'est surprenant ? D'abord parce qu'on commence à réaliser que louer des petits équipements de ce type ne fonctionne pas si bien que ça (qui veut vraiment organiser deux rendez-vous avec un type rencontré sur le Net pour gagner 5 euros en lui prêtant sa panoplie de tournevis cruciformes ?). Mais surout parce que des perceuses et des disqueuses, c'est en en vendant dans ses 800 magasins que Mr Bricolage gagne sa vie !

Qu'il se mette lui-même à louer ces matériels, ça tombe sous le sens. Mais qu'il joue les intermédiaires sans même prélever de commission, est-ce bien raisonnable ? Et sous une nouvelle marque que personne ne connaît par dessus le marché...  La logique du distributeur est manifestement défensive dans un contexte difficile pour un secteur directement corrélé au marché de l'immobilier et dont la moyenne d'âge des clients est de 54 ans. Pour Jean-François Boucher, le patron de la chaîne, elle répond pourtant à un impératif de rajeunissement de son public et de prospection de nouveaux clients pour les magasins (l'activité sur le site est récompensée par des bons de réduction), autant qu'à l'idée qu'il vaut mieux occuper ce terrain juste au cas où...

Evidemment, Mr Bricolage n'est pas le premier distributeur à aborder le collaboratif : GoSport avec Go Sport Location et Décathlon avec Trocathlon sont déjà venus s'y frotter. Mais le premier prélève une commission de 20% sur les locations effectuées entre particuliers et le second est essentiellement une plate-forme de produits d'occasion où les vendeurs sont rémunérés en bons d'achats plutôt qu'en euros sonnants et trébuchants -- des formules qui rendent leurs modèles plus clair.

Mais sans doute faut-il juste se féliciter de voir des enseignes souvent accusée d'immobilisme prendre le risque de se planter en testant différentes formules à la manière, justement, des startups qui menacent leur existence. Après tout, c'est en bricolant que l'on devient Mr Bricolage.

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