Mort de Lolo Ferrari : suicide ou homicide ?<!-- --> | Atlantico.fr
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La bimbo, morte en 2000, pourrait bien avoir été contrainte d'avaler les médicaments lui ayant coûté la vie.
La bimbo, morte en 2000, pourrait bien avoir été contrainte d'avaler les médicaments lui ayant coûté la vie.
©Reuters

Mystère et boule de gomme

Le 5 mars 2000, l'extravagante bimbo est retrouvée morte à son domicile. Il semblerait qu'elle ait avalé un puissant cocktail de médicaments. Pour Bernard Pascuito, il est difficile de savoir si elle les a pris en toute connaissance de cause ou sous contrainte. Extraits de "Morts étranges 2" (1/2).

Bernard  Pascuito

Bernard Pascuito

Bernard Pascuito est journaliste et éditeur. Il a notamment été reporter, puis rédacteur en chef à France dimanche. En 2004, il a fondé sa propre maison d'édition.

Biographe, il a publié des ouvrages sur des célébrités diverses, parmi lesquels : Gainsbourg, le livre du souvenir (Sand, 1991), Coluche, toujours vivant (Payot, 2006) ou Dalida, une vie brûlée (l'Archipel, 2007).

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Le 5 mars 2000, Lolo Ferrari est retrouvée morte dans son lit par son mari, qui déclarera aux policiers : « Je l’ai aidée à se coucher la veille au soir vers 22 heures car elle ne se sentait pas bien et toussait beaucoup. Elle avait pris des antibiotiques. Pour ne pas la déranger, je suis allé m’installer sur le canapé du salon. » Vers 7 heures, toujours selon ses dires, Éric Vigne est monté voir si sa femme dormait toujours. Il l’a recouverte puis s’est rendormi jusqu’à 14 heures. En retournant dans la chambre, il a tout de suite découvert que sa femme avait cessé de vivre.

[...]

L’autopsie révéla que la jeune femme avait ingurgité une trop forte dose de médicaments, assez pour la tuer. Alcool, antidépresseurs, somnifères et antibiotiques, c’est beaucoup, surtout pour un organisme qui absorbait quotidiennement plusieurs litres de café. Quant à savoir si elle avait choisi ce moyen pour en finir avec une vie qui ne voulait plus d’elle, ou s’il s’agissait d’une surdose involontaire… 

Les dernières années ont été éprouvantes, dégradantes à un point que l’on a du mal à imaginer. Elle était devenue un phénomène de foire que l’on ne voulait plus voir. Il y avait bien, dans son village, son amie la coiffeuse à qui elle rendait visite chaque jour, les habitués des Gémeaux avec qui elle bavardait gentiment, les passants qui venaient s’attabler à l’occasion pour prendre de ses nouvelles… D’heure en heure, de Coca light en café noir, Lolo égrenait sa désespérance au fil des jours.

[...]

Paris, le monde, sa gloire monstrueuse, tout cela était loin. Loin aussi l’époque où elle arborait comme des trophées ses prothèses mammaires pesant chacune trois kilos et se perchait sur des talons de douze centimètres pour avancer plus vite vers son destin.

Désormais, elle n’avançait plus et tombait même régulièrement, déséquilibrée autant par ses talons que par ses seins. Dans la rue, sur scène, pour les quelques misérables « spectacles » de strip-tease que d’obscurs cabarets lui donnaient en pitance, elle trébuchait de plus en plus souvent, s’étalait lourdement. Et il s’en trouvait pour rire tandis que d’autres détournaient la tête pour regarder ailleurs. Les barbituriques de toutes sortes étaient devenus ses meilleurs amis, ses compagnons de jour et de nuit.

Tout allait si mal, au fond, qu’il paraissait bien naturel qu’elle se soit donné la mort.

Son mari avait confié aux enquêteurs qu’elle avait rendu visite à une entreprise de pompes funèbres, quelque temps auparavant, dans l’idée d’organiser ses funérailles. Elle avait même précisé que sa tombe serait de couleur blanche et qu’elle souhaitait être enterrée avec son ours en peluche favori, Winnie l’Ourson.

[...]

Si le premier rapport médical conclut à une mort naturelle, un deuxième rapport, le surlendemain, penche pour la version d’une surdose médicamenteuse.  [...] Déjà, les parents de Lolo Ferrari redevenue Ève Valois décident de porter plainte pour non-assistance à personne en péril.Ils sont convaincus que leur gendre a menti dans sa relation des faits. Au mieux, il n’aurait pas tout fait pour sauver sa femme. Leurs doutes reposent sur leur antipathie envers Éric Vigne. Leur fille se serait souvent plainte d’être battue et psychologiquement maltraitée par son mari. Elle a aussi confié à sa famille que toutes ses souffrances physiques pour devenir une poupée monstrueuse, Éric l’a forcée à les endurer pendant des années. Les parents évoquent des lettres en forme de S.O.S. :

« Maman, papa chéris, pardon, je vous aime. Ce n’est pas moi qui ai voulu être comme ça. Il m’oblige, alors j’ai peur. » Une autre fois : « Ça recommence. Éric me fait reprendre des médicaments. J’ai peur. Je voudrais mourir. »

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Extrait de "Morts étranges" aux éditions l'Archipel (juin 2012)

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