Mondialisation malheureuse : le jour où les ouvriers de Peugeot ont eu le sentiment de basculer dans le grand déclassement et d’être sacrifié au profit des pays de l’Est <!-- --> | Atlantico.fr
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Un travailleur aux côtés d'une Peugeot 107 fabriquée sur la chaîne de montage de la nouvelle usine TPCA (Toyata Peugeot Citroën Automobile) près de la ville de Kolin, en République Tchèque.
Un travailleur aux côtés d'une Peugeot 107 fabriquée sur la chaîne de montage de la nouvelle usine TPCA (Toyata Peugeot Citroën Automobile) près de la ville de Kolin, en République Tchèque.
©MICHAL CIZEK / AFP

Bonnes feuilles

Jean-Baptiste Forray publie « Au coeur du grand déclassement. La fierté perdue de Peugeot-Sochaux » aux éditions du Cerf. Lorsque Peugeot annonça la vente du FC Sochaux, les amoureux des Lions crièrent à la trahison. Mais cet évènement funeste ne venait qu'entériner le déclin d'une industrie, d'une ville, d'une légende. Et le déclassement d'une France jugée désormais dépassée. Extrait 2/2.

Jean-Baptiste Forray

Jean-Baptiste Forray

Jean-Baptiste Forray est rédacteur en chef délégué de La Gazette des Communes. Il a déjà publié Les Barons et La République des apparatchiks.

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Déjà, en 2005, il a fait un four avec sa constitution européenne. Plus des deux tiers de ses électeurs ont dit « Non » au texte qu'il avait concocté avec Valéry Giscard d'Estaing. En tête de leurs récriminations : l'élargissement de l'Union. Pour les gens de Sochaux, la Constitution européenne sacrifie l'industrie nationale au profit d'une concurrence échevelée avec les pays de l'Est. L'implantation d'usines PSA à Trnava en Slovaquie et Kolin en République tchèque est dans toutes les têtes. Les personnels de Sochaux redoutent la concurrence de salariés trois fois moins payés.

Destinée à favoriser la cause du « Oui », une émission télévisée au cours de laquelle des « vraies gens » dialoguent avec Jacques Chirac vire au fiasco. Elle met en lumière l'abîme qui sépare les couches populaires du cercle de la raison. « Si Peugeot commence à partir un peu à l'étranger, forcément, toutes les petites succursales annexes vont fermer et partir avec. Donc, nous n'aurons plus de travail... », proteste un jeune opérateur de PSA-Sochaux auprès de Jacques Chirac. Réponse présidentielle : « Cher Monsieur, je n'ai pas du tout le sentiment que Peugeot veuille partir à l'étranger. Le développement des marchés que permettent certaines délocalisations, est extrêmement positif pour les créations d'emplois en France. »

Un hymne à la mondialisation heureuse largement démenti par la suite. Pour preuve : le destin des usines de Trnava et Kolin. Contrairement aux discours originels de PSA, ces sites n'ont pas seulement produit des voitures pour l'Europe de l'Est. Leurs véhicules low cost ont vite inondé l'ouest du continent. Dans l'hexagone, les effectifs du groupe diminuent à vue d'oeil. Sochaux n'échappe pas à cette saignée.

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Les électeurs de la circonscription de Pierre Moscovici broient du noir. Ils avaient cru au slogan de François Hollande : « Le changement, c'est maintenant ». Ils s'étaient réjouis de voir le chef de campagne du nouveau président prendre les clés de la forteresse de Bercy. Mais « le changement, ça a été pour lui, pas pour nous », entend-on dans les ateliers.

Aux municipales de 2014 à Valentigney, les électeurs se paient Pierre Moscovici. Les reports de voix au second tour de Lutte ouvrière (9,6 % au premier tour) sont catastrophiques. Contre toute attente, la liste sur laquelle le ministre de l'Économie de François Hollande figure en troisième position est battue. « Je n'ai joué aucun rôle à la fois dans la campagne et les résultats des municipales à Valentigney en 2014 », se défend Pierre Moscovici : « C'est une ville qui change quasi-systématiquement de maire à chaque élection. L'expérience municipale, avec une équipe pourtant extrêmement sympathique, n'avait hélas pas été concluante. »

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Extrait du livre de Jean-Baptiste Forray, « Au coeur du grand déclassement. La fierté perdue de Peugeot-Sochaux », publié aux éditions du Cerf

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