Medef : un faux duel d’ego mais la nécessité d’un vrai programme commun<!-- --> | Atlantico.fr
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Dominique Carlac’h et Patrick Martin
Dominique Carlac’h et Patrick Martin
©Alain JOCARD/AFP

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Moins d’ego et plus de dossiers : Les deux candidats à la présidence, vont présenter à partir de ce soir leur vision du rôle que chacun pourrait tenir une fois élu. Le duel ne sera pas brutal mais le programme commun est attendu par le monde de l’entreprise

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Ils se veulent différents dans leur programme, en réalité, c’est bien évidemment un programme commun qu’ils devront réaliser une fois élu le 6 juillet prochain. 

Les personnalités sont très différentes, bien sûr. 

Patrick Martin est un chef d’entreprise qui a appris les secrets de la mécanique patronale aux cotés de Geoffroy Roux de Bezieux pendant un mandat très perturbé par les gilets jaunes, puis le corvidé, puis la guerre en Ukraine. Un mandat face à un président de la République très pro-business mais avec assez peu de rapport avec les syndicats. Tous les syndicats qui ont été assez décontenancés et perdus pendant l’épisode des gilets jaunes, très inquiets pendant le corvidé, et terriblement frustré par la réforme des retraites. Patrick Martin ne se déclare pas en rupture  avec la mandature précédente mais il constate seulement que des sujets nouveaux se sont imposés : la mutation énergétique , écologique et numérique . Son objectif est de répondre à ces mutations, sans pour autant sacrifier les potentialités de croissance. « Sans croissance, comment financerait-on les investissements y compris le modèle social qui est très fragilisé ».

Dominique Carlac’h est sur la même longueur d’onde. « Il faut plus de croissance dit- elle  aussi , et donc plus de compétitivité... Donc réduire le coût du travail sans réduire le bénéfice réel de ce travail via les revenus nets. Donc moins d’impôts , moins de cotisations sociales etc. etc.

Patrick Martin sera forcément d’accord avec les outils de la compétitivité que Dominique Carlac’h a chargé dans sa trousse d’intervention. Peut-être insiste-t-elle davantage sur la nécessité de relancer le dialogue social. Mais là encore, Patrick Martin sera d’accord sur les moyens. 

Le duel entre les deux candidats au Medef et qui sera diffusé ce soir sur BFM Business , ne sera pas violent. Ce qui sera intéressant sera de mesurer la détermination des deux candidats à répondre aux trois urgences sur lesquelles le patronat devra apporter des réponses .

1e urgence, il faudra savoir si le patronat est sincèrement prêt à relancer le dialogue social et assumer la responsabilité qui est  la sienne dans la gestion paritaire du modèle de cogestion . Les trois caisses les plus importantes ont besoin de « co-gérants » : Sur la retraite il faudra revenir surce dossier qui a été tellement maltraité pendant presque six mois . Il faudra s’attaquer à la question du partage de la valeur  générée dans l’entreprise. Sur chaque dossier il va falloir négocier , avoir des idées  et des propositions . Sinon le protocole de cogestion va s’asphyxier et le gouvernement sera obligé d’intervenir comme il l’a fait précédemment . Une des questions sera de savoir par exemple quel est  l’état des relations et des projets qui existent entre le Medef et la CFDT. La CFDT a décidé de se battre pour une société du compromis, mais le Medef ? 

La 2e urgence, ça va être de forger une doctrine très précise face à la décarbonation. L’idée est que les entreprises n’ont pas besoin de l’État ; de ses normes et de ses punitions pour se convertir à l’industrie verte . C’est pour elle, un investissement qui répond à la pression des clients, des salariés et des actionnaires . L’Etat n’a pas besoin d’en rajouter.

La 3e urgence va être de déterminer une doctrine face aux impératifs de la mondialisation. Depuis presque 30 ans, les entreprises ont sauté à pieds joints dans la mondialisation parce que tout le monde en tirait bénéfice. D’un côté du pouvoir d’achat pour les consommateurs français . De l’autre, des  marchés dans les pays émergents. Aujourd’hui , le monde entier a compris que cette mondialisation « heureuse » a dérivé grandement dans la mesure ou beaucoup de pays partenaires n’ont pas tenu leurs engagements. Pour le patronat c’est simple , la question que se posent les chefs d’entreprises  est  de savoir si demain on pourra faire du business  avec tout le monde.  Y compris ceux qui présentent des risques de non-respect des contrats , non-respect des obligations et des souverainetés.

Ces trois urgences sont tellement évidentes que le président élu au Medef qu’il soit Patrick Martin ou Dominique Carlach’ sera obligé d’y répondre,  s’il veut éviter les interventions politiques.

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