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70 % des adultes ne peuvent pas calculer un pourcentage, une fraction ou une situation de proportionnalité.
70 % des adultes ne peuvent pas calculer un pourcentage, une fraction ou une situation de proportionnalité.
©D.R.

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Selon une enquête du sociologue Michael Handel, moins d'un quart des travailleurs américains déclarent utiliser dans le cadre de leur emploi des connaissances mathématiques dépassant le cadre des simples fractions ou des pourcentages.

Michel Vigier

Michel Vigier

Michel Vigier est ingénieur et président-fondateur de l'Association pour la prévention de l'innumérisme. Ses travaux ouvrent de nouvelles voies pour une réelle " refondation " des apprentissages mathématiques à l’école. 

Michel Vigier est le concepteur du "boulier didactique" et le co-auteur de la Méthode des Abaques, ouvrage publié par l’association. Il est également l'auteur d'un A-book paru en 2014 sur Atlantico éditions : La France handicapée du calcul - Vaincre l'innumérisme pour sortir du chômage

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Selon une enquête du sociologue Michael Handel (voir ici), moins d'un quart des travailleurs américains déclarent utiliser dans le cadre de leur emploi des connaissances mathématiques dépassant le cadre des simples fractions ou des pourcentages. Qu'en est-il en France ?

On se demande à la lecture de la dernière étude INSEE, comment l’économie française peut fonctionner : 70 adultes sur 100 auraient des performances médiocres ou préoccupantes en calcul. Soyons clair ! 70 % des adultes seraient au niveau du CM2 ou en dessous ? Qu’est ce que cela signifie ? Et bien, que 70 % des adultes ne peuvent pas calculer un pourcentage, une fraction, une situation de proportionnalité et qu’une minorité forte ne peut même pas résoudre une situation faisant appel à une des quatre opérations. Comment faire au travail ? Attendre le retour du chef ? Ces situations où un calcul s’impose, se présentent-t-elles très souvent ?

L’innumérisme est encore un concept nouveau; le Sénat vient juste de l’inscrire, dans la loi de « Refondation de l’Ecole » au même titre que l’illettrisme. L’INSEE n’en est pas encore là, mais une étude américaine nous apporte un éclairage intéressant.

Un sociologue de « Northeastern University », Michael Handel a examiné 2 300 personnes sur leur lieu de travail ; les conclusions de son étude relayée par le site « theatlantic.com » datée du 24 avril 2013 sont très intéressantes :

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Ainsi pratiquement tous les travailleurs ont besoin de notions mathématiques dans leur activité professionnelle : 94 % devraient utiliser une notion mathématique ou une autre, 86 % devraient utiliser l’addition ou la soustraction, 78 % la multiplication ou la division, 68 % les fractions (proportionnalité, et pourcentages, donc). Ensuite la chute est brutale, 22 % doivent utiliser des notions plus complexes incluant de l’algèbre. Les taux décroissent, alors, régulièrement suivant les difficultés des notions.  

Une autre information est très surprenante : Sauf en statistiques, ce sont les « cols bleus » et non les « cols blancs » qui utiliseraient le plus les notions mathématiques complexes.

Quelle conclusion doit-on en tirer ? Il existe, dans l’entreprise, une séparation franche entre l’utilisation de l’arithmétique, très courante, et l’algèbre ou la géométrie plus rare.

Au travail on a besoin des fondamentaux du calcul, pas de l’algèbre. C’est le socle commun préconisé par l’Education Nationale, moins quelques velléités de maintenir certaines notions algébriques (identités remarquables, fonctions) ; ces dernières peuvent, d’ailleurs, être traitées de façon arithmétique. Mais c’était aussi le programme du Certificat d’Etude Primaire abandonné depuis des décennies. L’existence du collège unique est posée ; le gouvernement devra sans tarder choisir entre la ligne officielle et la position de certains élus, dont Ségolène Royal. Le socle commun n’est pas applicable sans l’instauration de deux filières distinctes à partir de la quatrième, ceci d’autant plus que ce sont les « cols bleus » qui utilisent le plus les calculs de base.

Enfin, les bonnes décisions se prennent, souvent, après un rapide calcul mental. Ainsi la mémorisation des ordres de grandeur façonne l’expérience. Il est édifiant de constater que la perte de compétitivité de l’économie française depuis vingt ans, correspond à la baisse régulière des compétences des élèves, en calcul, depuis trente ans. Peut-on encore croire à un redressement économique relatif, par rapport à nos partenaires, alors que ceux-ci nous précèdent dans les classements internationaux des compétences mathématiques moyennes ?

La lutte contre l’innumérisme devrait être, très certainement, une priorité nationale.

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