Mais pourquoi la France est-elle aussi allergique à la vérité des chiffres et des faits ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Des manifestants et des membres de la CGT défilent contre la réforme des retraites.
Des manifestants et des membres de la CGT défilent contre la réforme des retraites.
©BERTRAND GUAY / AFP

Atlantico Business

Le débat sur la retraite a une fois de plus montré le divorce qui éloigne une grande partie des Français de la vérité des chiffres et des faits. Et qui illustre la difficulté que ce pays éprouve à s’adapter et à se réformer.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Voir la bio »

Lactualité économique et sociale met tous les jours en débat la nécessité qu’on aurait à créer un consensus sur des situations évidentes, mais quune partie de lopinion refuse dadmettre. Cest particulièrement vrai sur les retraites, cest vrai sur la situation économique, cest vrai sur la question climat et environnement.

La question des retraites ne devrait pas être discutée comme elle lest, tant les données chiffrées simposent.

L’évolution de la démographie, de lactivité, de la compétitivité mondiale, de limportance du travail etc... tous les indicateurs commandent une réforme des systèmes de retraite par répartition si on veut pérenniser le principe.

Or, lopinion se braque sur l’âge de départ à la retraite ou sur le niveau dune retraite à taux plein avec des arguments tellement simplistes que les alternatives à une réforme responsable conduisent le système dans le mur. Que na-t-on entendu comme sornettes :

Que les pauvres ont droit à la retraite très tôt, sinon ils meurent.

Que les riches puissent payer les plus défavorisés, qu’il faudrait même interdire les milliardaires. Que l’idéal de la vie nest pas de travailler. Que tous les chiffres sont faux .. etc.

Ces débats ne mènent à rien, car ils reviennent et on refuse l’évidence du progrès capable.

Lexamen de la situation économique donne lieu à quelques contradictions spectaculaires et devrait au contraire générer plus de pragmatisme. Si on en croit une grande partie des commentaires publics, la France est quasiment en train de tomber dans le déclin.

À Lire Aussi

Retraite : Les Français admettent la nécessité d’une réforme mais refusent celle d’Emmanuel Macron. Ils peuvent trouver des solutions tout seuls

A trop regarder dans le blanc des tableaux Excel, on trouve ce qu’on veut pour se désoler. Si on se compare avec nos voisins et partenaires, on découvre les chiffres et les faits qui consolent.

La crise pandémique ne nous a pas entrainés dans le gouffre du chômage et des faillites, la vague inflationniste ne nous conduira pas directement à la pénurie d’énergie ou au marasme dune misère généraliste. Au contraire, la grande majorité des entreprises a trouvé dans la crise des opportunités de changement positif. La croissance de lactivité est meilleure que prévue, la création demplois na jamais été aussi forte, les créations dentreprises sont nombreuses et résilientes.

La France en colère qui ne veut pas voir cette vérité tapera sur les inégalités (qui sont hélas criantes, cest vrai), sur les conditions de logement qui sont pour les jeunes désastreuses et réclamera des aides pour les plus pauvres dun côté et une punition pour les plus riches. Comme si de faire disparaitre les riches allait éradiquer dun trait de plume la pauvreté. Passons.

Le discours dominant oublie avec absurdité de faire un lien de causalité entre une situation compliquée à vivre pour beaucoup et une situation protégée pour beaucoup dautres qui sont à labri dans un service public dont lefficacité est de plus en plus hypothéquée par son obésité.

Lapproche que nous avons des problèmes écologiques par une grande partie de lopinion atteint des records dabsurdité. Si le réchauffement climatique est avéré, si lenvironnement se dégrade à cause de la suractivité de lhomme, la solution pour beaucoup d’écologistes sera de travailler moins (on retombe sur la question des retraites et du temps de travail). Les mêmes, dailleurs, critiquaient avec sarcasme les mesures de confinement pour atteinte aux libertés essentielles, alors que larrêt généralisé revenait pourtant à travailler moins, donc à polluer moins.

À Lire Aussi

Retraite : Les points sur lesquels le gouvernement et les syndicats peuvent (ou vont) se mettre d’accord pour éviter le blocage

La vérité est pourtant à l’opposé de ces prescriptions simplistes. La vérité est quil faudra évidemment travailler plus et autrement, la vérité est quil faudra consommer moins et différemment mais surtout, il faudra investir massivement pour obtenir une décarbonation de la planète. Le comble de l’écologie, cest quelle est aussi punitive. Exemple absurde : puisque les riches polluent la planète plus que les pauvres, il faudra empêcher les riches d’être riches.

Le pragmatisme serait de faire confiance et dinciter les agents économiques à participer à cette lutte pour le climat. Quon le veuille ou non, la plupart des entreprises font le job ou se préparent à le faire.

Tout simplement parce quelles ont intérêt à le faire. Leurs clients lexigent, leurs salariés le leur demandent, leurs actionnaires aussi.

Le talent du chef dentreprise est évidement dobtenir un consensus entre tous les acteurs de lentreprise et de trouver des solutions pour que lentreprise continue de créer de la valeur en diminuant ses émissions de carbone. La lutte contre le réchauffement climatique devra être rentable ou alors elle ne le sera pas
Ni les clients, ni les salariés, ni les épargnants n’accepteront une écologie de la stagnation ou du déclin qui serait forcément polluant.

Si le président de la République a pour ambition de réformer la France pour quelle soit plus performante et plus efficace comme une entreprise, sa priorité devrait être de fabriquer un consensus autour des chiffres et des faits. Les uns comme les autres finissent par se venger.

À Lire Aussi

Retraite : Les assureurs privés en embuscade toucheront le jackpot si la réforme casse. Sinon…

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !