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Macron démission, c’est maintenant. Et c’est un pari gagnant
©FRED DUFOUR / AFP

Sortie de crise

Une partie importante de la France rêve d’une sortie de crise réussie, qui permette d’avancer sur un chemin apaisé et ouvre la voie à une transformation profonde et juste du pays. Oui, mais comment ?

Alexandre Malafaye

Alexandre Malafaye

Alexandre Malafaye a d’abord été chef d’entreprise avant de devenir cadre dirigeant au sein de grands groupes. En 2008, il décide de se lancer dans l’écriture, mettant ainsi à profit ses connaissances historiques et géopolitiques.
Il a publié plusieurs romans à suspense ayant pour cadre les grands enjeux de notre époque. Il donne également des conférences sur la géopolitique et voyage souvent à l’étranger pour ses recherches.
En 2012, il fonde Synopia et est également auditeur de l’IHEDN.

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Atlantico : Quelles questions pose la fin du Grand débat

Alexandre Malafaye : Quand une crise telle que celle-ci survient, l’après ne peut en rien ressembler à l’avant. D’autant que le mal est désormais enraciné, qu’il traverse la plupart des classes sociales et qu’il se nourrit d’un ressentiment de plus en plus éruptif et brutal à l’égard de la classe politique et de l’État, pour de multiples raisons, tantôt convergentes, tantôt fondées, tantôt irrationnelles ou irresponsables. Les violences des manifs en jaune et noir, ou celles exprimées par des forains au Mans, en attestent.

Ainsi, en mars 2019, 39% des Français considèrent que pour changer la situation du pays, il faudrait une révolution (sondage IFOP pour Atlantico). Il serait fou de négliger ce résultat, ou de mettre en cause la fiabilité du thermomètre, car en France, le mot « révolution » revêt une signification particulière : nous en connaissons le sens, même si trop souvent, nous en oublions la portée et les conséquences.

Dès lors, quelle que soit la pertinence et l’ampleur de ce qui sera mis sur la table par l’exécutif au cours des prochains mois, une seule question se pose : cela sera-t-il suffisant pour répondre aux multiples formes « d’exaspérations » pointées par le Grand débat ? Le système peut-il garantir aux Français le retour au calme ? Les centres villes redeviendront-ils les lieux de vie, de tourisme et de commerce qu’ils étaient avant le 17 novembre 2019 ? Nos ronds-points et nos routes ne se verront-ils pas de nouveau bloqués ?

Que faut-il pour que ce soit suffisant ?

La réponse se construit autour de deux mots. Acceptabilité et légitimité.

Bien sûr, il nous faut un projet, une perspective et une déclinaison de mesures, avec des effets (et des efforts) attendus à court, moyen et long termes. Les champs républicains à labourer en priorité sont ceux du pouvoir d’achat et de la fiscalité, de l’école et de l’ascenseur social, du fonctionnement de l’État, de son organisation et de la qualité et proximité des services publics, du changement climatique et de la transition écologique, de l’aménagement de nos territoires et de nos quartiers, de la démocratie et de la participation citoyenne.

Mais en l’état, sommes-nous certains que le nouveau projet du Président de la République, aussi brillant et ambitieux soit-il, avec tout ce qu’il comportera de rééquilibrages, de sacrifices, de limites et d’insuffisances, avec ses gagnants et ses perdants, sera accepté ? Pourra-t-il être mis en œuvre de façon sereine ? Les lois votées ne risquent-elles pas une fois de plus d’être annulées sous l’effet de la contestation populaire ? Et cette fois, les digues de nos institutions soi-disant si « fortes » résisteront-elles aux coups de boutoirs de cette France en colère ?

Personne ne peut répondre avec certitude à cette dangereuse interrogation.

Dès lors, si un nouveau monde existe, c’est maintenant qu’il faut l’inventer.

D’abord, en affrontant le défi de l’acceptabilité. Que le nouveau projet présidentiel soit acceptable est une chose. Qu’il soit accepté en est une autre. Que le Premier ministre nous assure de sa « détermination » ne suffit pas. En vérité, la sienne importe peu. La seule qui compte vraiment est celle des Français. Sont-ils déterminés à adhérer au projet, à se l’approprier, à se « mettre en marche » ?

Lorsque la mécanique démocratique se trouve à ce point déréglée, le consentement des Français n’est en rien acquis à l’avance. De lui dépend pourtant l’ordre public qui ne peut en aucun cas reposer sur la peur de l’autorité, ou sur la loi.

Vient ensuite l’enjeu de la légitimité de ceux qui portent et mettent en œuvre le projet. En tant qu’élu, avoir le droit et la légalité pour soi est une chose. Être légitime dans la tête et le cœur de ceux dont on attend l’engagement, ou a minima, le consentement, en est une autre. Surtout avec un pouvoir qui s’use d’autant plus vite qu’on en abuse. Et là, il faut admettre que le capital électoral, sur lequel repose la légitimé de l’actuelle équipe dirigeante paraît bien entamé.

Lors des moments critiques, les chefs n’acquièrent leur crédibilité qu’en se mettant eux-mêmes en risque. Par-delà les mesures, la situation exige donc un acte politique fort. Et plus il sera fort, plus il sera possible d’agir en profondeur et dans la durée, en évitant, autant que faire se peut, les mesures sacrificielles et l’abus de gadgets et autres mesurettes bien emballées.

A écouter le débat actuel sur le sujet, le Président de la République aurait le choix entre plusieurs options offertes par notre Constitution : le remaniement gouvernemental, la dissolution de l’Assemblée nationale, ou encore le recours au référendum.

En vérité, aucune de ces solutions ne suffira et le quinquennat sera gâché pour de bon.

La seule qui embarquera les Français dans l’aventure du « renouveau démocratique » et de la « transformation » du pays est inscrite dans la logique de nos Institutions. Comme tout procède encore du Président de la République, c’est lui qui doit monter au feu et obtenir une nouvelle victoire personnelle.

Le Président de la République doit donc démissionner et se représenter aussitôt.

S’il le fait début mai 2019, les élections présidentielles auront lieu avant l’été. Personne n’est préparé à une si soudaine confrontation au sommet. A part Emmanuel Macron, bien sûr, qui ne cesse de travailler son programme, bible du Grand débat en main, et qui est en campagne depuis le début de l’année. Et peu nombreuses sont les formations politiques à disposer de réserves financières suffisantes pour l’affronter en y consacrant les moyens suffisants.

Au plan tactique, il sera plus besoin à LaREM de faire campagne pour les Européennes. Le tsunami de l’élection présidentielle anticipée emportera tout sur son passage et assurera au parti présidentiel une nette victoire le 26 mai 2019.

Enfin, il ne faut pas douter du résultat. Les Français seront sensibles à cette prise de risque maximum et à ce sens manifeste des responsabilités. Ils apprécieront aussi le panache et l’audace de celui qui se remet en cause et cherche à obtenir le vrai soutien du pays.

Cette fois, Emmanuel Macron pourra affirmer urbi et orbi : « C’est notre projet ! » sans craindre ses détracteurs.

En définitive, il lui appartient de choisir entre la petite et la grande porte de l’Histoire. Celle qui peut lui assurer de rester dix ans à l’Élysée, mais avec le risque sérieux d’un bilan médiocre, ou d’une sortie humiliante en 2022. Ou bien celle qui limite à sept ans son séjour élyséen, mais lui offre les pouvoirs nécessaires pour mettre en œuvre son projet, main dans la main avec les Français.

« Toute hésitation serait une faute, toute frilosité impardonnable, tant le besoin de changement est radical » disait le Premier ministre lors de la séance de restitution du Grand débat. Alors oui, aux grands maux les grands remèdes ! Macron démission, c’est maintenant. Et c’est gagnant !

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