Lutte contre le papillomavirus : une étude écossaise confirme que la vaccination chez les adolescents garantit une excellente prévention des cancers à l’âge adulte <!-- --> | Atlantico.fr
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Une collégienne reçoit une injection de vaccin lors d'une campagne de vaccination contre le papillomavirus (infection à HPV) au collège Jean Moulin au Bouscat, dans le sud-ouest de la France, le 5 octobre 2023.
Une collégienne reçoit une injection de vaccin lors d'une campagne de vaccination contre le papillomavirus (infection à HPV) au collège Jean Moulin au Bouscat, dans le sud-ouest de la France, le 5 octobre 2023.
©PHILIPPE LOPEZ / AFP

Anti HPV

La protection par le vaccin anti HPV est très efficace et il est donc important de vacciner nos jeunes le plus tôt possible et en particulier avant les premières relations sexuelles.

Christophe de Jaeger

Christophe de Jaeger

Le docteur Christophe de Jaeger est chargé d’enseignement à la faculté de médecine de Paris, directeur de l’Institut de médecine et physiologie de la longévité (Paris), directeur de la Chaire de la longévité (John Naisbitt University – Belgrade), et président de la Société Française de Médecine et Physiologie de la Longévité.

Il est l'auteur de plusieurs ouvrages, notamment de "Bien vieillir sans médicaments" aux éditions du Cherche Midi, "Nous ne sommes plus faits pour vieillir"  chez Grasset, et "Longue vie", aux éditions Telemaque

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Atlantico : Quels sont les principaux enseignements sur la couverture vaccinale du vaccin anti HPV (papillomavirus) en termes de disparités entre les garçons et les filles, selon les données de 2022 ?

Christophe de Jaeger : Il convient de rappeler avant tout que la vaccination anti papillomavirus est un véritable enjeu de santé publique. Le papillomavirus (HPV) est l’une des trois infections sexuellement transmissibles (IST) les plus fréquentes dans la population sexuellement active. La très grande majorité des personnes ayant des relations sexuelles seront infectées par ces virus. Tout contact sexuel, avec ou sans pénétration, est associé à un risque d’infection. La primo-infection est inapparente. Après celle-ci, la durée médiane de portage du virus est d’environ quinze mois au niveau du col de l’utérus et douze mois au niveau de l’anus. Ce portage évolue dans plus de 90% des cas la disparition du virus. Mais dans environ 10 % des cas, l’infection persiste à bas bruit, d’abord sans conséquence cellulaire, puis avec l’apparition de lésions précancéreuses. Tous les cancers du col de l’utérus et 90% des cancers de l’anus résultent ainsi d’une infection par un HPV. Mais le HPV est également responsable de l’apparition de cancer dans d’autres sites (verge, vulve, vagin, larynx et plus généralement la sphère oro-pharyngée (oropharynx, amygdale, base de la langue).

Pour le cancer du col de l'utérus, il faut rappeler qu’il est le quatrième cancer le plus courant chez la femme dans le monde et l'on estime qu'il y a eu 604 000 nouveaux cas et 342 000 décès liés à cette maladie en 2020. Chaque année, en France, près de 3000 femmes développent un cancer du col de l'utérus et 1000 femmes en meurent. 

L’importance du vaccin anti HPV dans la santé publique ne peut évidemment plus être discutée. Depuis 2019, toutes les nouvelles vaccinations doivent être initiées avec le vaccin Gardasil 9®. Malheureusement, la couverture vaccinale reste relativement faible, bien que l’on observe en 2022 une augmentation de cette couverture à 41,5% chez les filles et à 8,5% chez les garçons. C’est vraiment l’enjeu des nouvelles politiques de santé de pouvoir augmenter cette couverture et sensibiliser les garçons qui restent peu sensibilisés.

Existe-il des disparités territoriales liée à la couverture vaccinale du vaccin anti HPV (papillomavirus) ?

Il existe d’importantes variations territoriales et sociales avec les mêmes proportions entre les filles et les garçons. Les régions bénéficiant de la meilleure couverture vaccinale sont le Pays-de-la-Loire, Normandie, Bretagne. A l’inverse, les territoires les moins bien couverts sont paradoxalement l’Ile-de-France, PACA et la Corse. Cette disparité recoupe en fait d’importantes différences entre Paris et les départements limitrophes. L’intérêt de cette vaccination anti-HPV est mieux perçu dans les catégories socio professionnelles les plus éduquées.

Y a-t-il des disparités socio-économiques par rapport à la couverture vaccinale du vaccin anti HPV (papillomavirus) ?

C’est le parallèle à la précédente question. En termes de santé publique, il existe un lien fort entre information et prévention. Les personnes ayant l’information sont le plus souvent, mais pas que, dans des catégories socio économiques plus favorisées. L’information y est mieux distribuée et mieux intégrée. Il existe donc naturellement des disparités socio-économiques par rapport à la prévention de l’infection à HPV. Cette disparité persiste malgré l’engagement fort des professionnels de santé.

Le fait de vacciner les adolescents le plus tôt possible permet-il de lutter plus efficacement contre les cancers à l’âge adulte ?

La protection par le vaccin anti HPV est très efficace et il est donc important de vacciner nos jeunes le plus tôt possible et en particulier avant les premières relations sexuelles. Les campagnes de vaccinations recommandent l’âge de 11 ans pour les filles et les garçons. Cette précocité est nécessaire afin de protéger l’organisme avant toute infection future.

L’intensification des campagnes de vaccination anti HPV me parait nécessaire, car c’est encore une fois, une arme particulièrement efficace contre l’émergence de nombreux cancers par la suite.

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