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A peine 20 0000 manifestants à Paris ce jeudi : et maintenant, qu’ils ont tourné en rond à la Bastille, que peuvent encore faire (et obtenir) les syndicats contestataires ?
©Capture d'cran Twitter @Phontry

Tout ça pour ça

Après la manifestation de la Bastille, les syndicats peuvent revendiquer une certaine persistance de la mobilisation dans le pays, malgré le demi-échec enregistré à Paris. Plusieurs scénarios sont désormais envisageables d'ici à l'adoption définitive de la loi par l'Assemblée nationale le 5 juillet.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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Après la manifestation de la Bastille, le gouvernement et les syndicats contestataires peuvent considérer qu'ils sont sur un match nul sur le terrain de la loi Travail. Le gouvernement affirme n'avoir pas cédé, et n'avoir pas à céder, les syndicats peuvent revendiquer un maintien raisonnable de la mobilisation dans le pays, même si de sérieux tempéraments peuvent être apportées à cette idée au vu du demi-échec enregistré à Paris. Quel est désormais le scénario qui sera suivi d'ici à l'adoption définitive de la loi par l'Assemblée nationale le 5 juillet ?

Le scénario improbable d'un retrait de la loi Travail

Selon toute vraisemblance, il est acquis aujourd'hui que le scénario du pire, celui d'un retrait de la loi, n'aura pas lieu. Aucun élément majeur ne devrait intervenir, au train où vont les choses, justifiant une mesure de cet ordre. Néanmoins, par goût de la pure spéculation intellectuelle, on peut continuer à penser que la prochaine journée de mobilisation, mercredi prochain, pourrait convaincre le gouvernement d'abandonner son combat et sa réforme pour préserver la paix sociale dans le pays.

Pour que cette option soit choisie, il faudrait évidemment que François Hollande, par une illumination soudaine, se dise qu'il a tout à gagner à sacrifier Manuel Valls, ou encore qu'il a plus à y gagner qu'à y perdre. Rappelons que, sur ce point, beaucoup peuvent considérer que la loi Travail, lorsqu'elle sera adoptée, laissera une tache indélébile à gauche.

Le scénario de l'incident imprévisible

En l'état, François Hollande peut toutefois considérer qu'abandonner la loi Travail si près du but lui vaudrait plus d'inconvénients que d'avantages, dans la mesure où il dévoilerait sa faiblesse et où il se brouillerait définitivement avec tous ceux qui lui reprochent d'être versatile, imprécis et de ne pas savoir où il va.

À moins que... à moins qu'un incident dramatique n'émaille une manifestation, ou qu'un événement imprévu ne permette au camp de la contestation de jouer les martyrs et de faire basculer le débat dans une émotion irrépressible. Dans cette hypothèse dramatique, François Hollande, magnanime, pourrait décider de revenir en arrière, de transformer Manuel Valls en fusible, et de rassembler la gauche autour d'un grand feu de joie et d'amour fraternel.

Le scénario du passage en force intégral

Un autre scénario paraît plausible mais aussi improbable : celui d'une promulgation de la loi en l'état et sans amendement nouveau qui serait de nature à en modifier l'économie interne. Certes, Manuel Valls jure ses grands dieux que c'est ce scénario-là qui se réalisera. Il a en particulier assuré que l'article 2 ne serait pas modifié.

Ce chemin paraît toutefois semé de nombreuses embûches.

D'une part, il est porteur d'une forte tension parlementaire. Dans la perspective d'une éventuelle primaire, et à la recherche d'un important soutien de la part de Martine Aubry, François Hollande n'a pas intérêt à suivre une route aussi frontale. Le bon sens commande donc de lâcher un peu de lest pour reprendre de la hauteur et de l'oxygène.

D'autre part, il n'est pas absurde, après le temps de la confrontation, de chercher à la crise une voie de sortie par le haut. Sur ce point, le rapporteur Sirugue a commencé à dévoiler quelques cartes et il est très probable que l'entourage du Premier Ministre souhaite arrondir quelques angles. Manuel Valls peut probablement quitter Matignon dans une situation de complète fâcherie avec ses amis politiques, mais tout le monde à gauche n'a pas forcément les mêmes intérêts.

Le scénario d'un probable compromis de dernière minute

Tout plaide donc pour que les apparences soient sauvegardées, mais que les lignes bougent. Discrètement, certes, mais efficacement et en bonne intelligence avec les organisations syndicales.

La bonne intelligence dicte sans doute une sorte de bouquets de concessions, dont certaines seront dans la loi Travail (comme le droit de veto des branches sur les accords d'entreprise), et d'autres à l'extérieur, par exemple dans la prochaine loi de financement de la sécurité sociale où les syndicats ne diraient pas non à une réglementation protectrice de leur financement.

La discrétion commandera sans doute d'opérer ces manoeuvres en toute dernière minute, par le jeu de passe-passe des amendements récupérés ou non au moment du vote bloqué. Cette technique de vote, qui évite le 49-3, permet au gouvernement d'extraire certains amendements, de repousser les autres, et de faire adopter le texte d'un coup.

Dans la confusion de cette opération, tout pourrait devenir possible...

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