Les socialistes déjà à la recherche de boucs émissaires de leur échec sur le front du chômage ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Jean-Marc Ayrault a affirmé mercredi que "les outils sont là" pour "renverser la courbe du chômage".
Jean-Marc Ayrault a affirmé mercredi que "les outils sont là" pour "renverser la courbe du chômage".
©Reuters

C'est pas moi, c'est l'autre

Mercredi soir, Jean-Marc Ayrault a affirmé sur France 3 que "les outils sont là" pour "renverser la courbe du chômage". Une façon de dédouaner le gouvernement et de désigner les entreprises comme seules responsables des mauvais chiffres du chômage.

Philippe Herlin

Philippe Herlin

Philippe Herlin est chercheur en finance, chargé de cours au CNAM.

Il est l'auteur de L'or, un placement d'avenir (Eyrolles, 2012), de Repenser l'économie (Eyrolles, 2012) et de France, la faillite ? : Après la perte du AAA (Eyrolles 2012) et de La révolution du Bitcoin et des monnaies complémentaires : une solution pour échapper au système bancaire et à l'euro ? chez Atlantico Editions.

Il tient le site www.philippeherlin.com

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Il semble très étonnant, presque irrationnel, que le président de la République et le Premier ministre s'engagent solennellement et à plusieurs reprises à "inverser la courbe du chômage avant la fin de l'année". Le pari est perdu d'avance avec une croissance zéro, le coup d'assommoir des nouveaux impôts et une volonté affichée de s'en prendre aux investisseurs (les "pigeons") et aux "riches" (taxe de 75%, affaire Depardieu). Pourquoi prendre un tel risque, quasi suicidaire politiquement ?

Mercredi soir au journal de France 3 à 19h30, Jean-Marc Ayrault a clairement réitéré cet engagement à la journaliste qui lui posait la question. Mais cette fois avec une argumentation qui nous met sur la piste d'une hypothèse. Il expliquait que le gouvernement "pleinement mobilisé" allait ces jours-ci faire voter de nouveaux dispositifs favorisant un volume important de nouvelles embauches, et qu’il ne restait plus aux entreprises qu’à "utiliser ces outils".

Ces nouveaux outils sont essentiellement le crédit d'impôt, le contrat de génération, l'accord sur l'emploi récemment négocié par les syndicats, et les emplois d'avenir. C'est-à-dire des dispositifs bureaucratiques, étatistes, lourds à gérer, peu adaptés à la réalité et au final inefficaces comme tout ce que produit l'administration française. On se rappelle que les 35 heures devaient aussi créer de l’emploi…

Ca ne marchera donc évidemment pas, et le gouvernement le sait bien. Mais en expliquant qu’il ne reste plus aux entreprises qu’à "utiliser ces outils" mis à leur disposition, voici les coupables tout désignés ! Le chômage ne diminuera pas précisément à cause des entreprises, des patrons, des "riches" et des "possédants" qui auront sciemment sabordé les magnifiques projets mis en œuvre par un gouvernement socialiste mobilisé à son maximum.

Il sera alors temps de désigner les entreprises à la vindicte populaire pour leur imposer des législations beaucoup plus contraignantes. Comme par exemple la loi en préparation sur la "reprise des sites rentables" (obligeant l'entreprise qui veut fermer une usine à prévenir le tribunal de commerce qui cherchera un repreneur) et qui n'est rien d'autre qu'une remise en cause des libertés économiques et du droit de propriété. Ce type de loi ouvre le règne de l'arbitraire (comment la loi va définir un site rentable, comment les juges vont appliquer cette loi ?), et plus généralement de l'étatisation de l'économie. Mais puisque les entreprises sont coupables de traîner les pieds, elles n’auront pas le droit de se plaindre.

Ce genre d'argumentation relève exactement de la même rhétorique que les régimes communistes qui mettent leurs échecs économiques sur le dos de fantasmatiques ennemis intérieurs accusés de sabotage.

Ca promet ! Et il importe dès maintenant de dénoncer cette logique de bouc-émissaire qui rajouterait à la crise économique l'utilisation de la haine comme moyen de gouvernement.

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