Les rémissions du Covid long sont rares. Les médecins peinent à comprendre pourquoi<!-- --> | Atlantico.fr
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©SEBASTIEN BOZON / AFP

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Malgré les efforts du corps médical et des soignants, certains patients ont toujours des symptômes persistants liés au Covid long. Ils restent malades et ne sont pas complètement rétablis.

Antoine Flahault

Antoine Flahault

 Antoine Flahault, est médecin, épidémiologiste, professeur de santé publique, directeur de l’Institut de Santé Globale, à la Faculté de Médecine de l’Université de Genève. Il a fondé et dirigé l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique (Rennes, France), a été co-directeur du Centre Virchow-Villermé à la Faculté de Médecine de l’Université de Paris, à l’Hôtel-Dieu. Il est membre correspondant de l’Académie Nationale de Médecine. 

 

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Atlantico : Malgré les efforts du corps médical et des soignants, certains patients ont toujours des symptômes persistants liés au Covid long. Ils restent malades et ne sont pas complètement rétablis. Les données du US Census Bureau ont notamment révélé qu'environ 6 % des adultes américains souffrent actuellement du Covid long, contre environ 7,5 % à l'été 2022. Quels sont les principaux symptômes du Covid long ? Pourquoi les médecins et le corps médical ont des difficultés à appréhender le Covid long et à apporter des solutions envers les patients ?

Antoine Flahault : La question des symptômes persistants après Covid, que l’on appelle Covid long, est rendue complexe par son polymorphisme. En effet on recense aujourd’hui plus de 200 symptômes du Covid long, concernant tous les organes, comprenant principalement une fatigue intense, notamment à l’exercice, des vertiges, des douleurs, un déficit cognitif et bien d’autres encore. On estime qu’environ 10% des personnes contractant le SARS-CoV-2 développent des symptômes de Covid long. Ce pourcentage semble avoir un peu diminué depuis la vaccination qui protège partiellement du risque de persistance des symptômes du Covid long. On peut développer un Covid long après un Covid sévère, mais également après une forme légère de la maladie aiguë.

Le Covid long a-t-il tendance à entraîner chez les patients d’autres complications médicales ou des maladies ou des réactions auto-immunes, comme la myélite, qui peuvent être très incapacitantes chez les patients et "empêcher" ainsi le cycle de guérison ?

Il faut distinguer deux phénomènes différents après un Covid. Les symptômes persistants qui constituent le Covid long dont nous parlons ici, mais aussi l’augmentation de risque de développer des maladies chroniques, comme le diabète, les accidents vasculaires cérébraux ou l’infarctus du myocarde, voire comme vous le mentionnez, les maladies auto-immunes. Ces risques à moyen et long termes concernent toute la population des personnes contaminées par le SARS-CoV-2 mais viennent particulièrement compliquer la prise en charge des patients souffrant déjà de Covid long.

Comment les médecins et le personnel soignant parviennent-ils à encadrer et à comprendre le Covid long ? Quelles sont les principales solutions, l’accompagnement ou les traitements qui sont proposés aux personnes touchées par le Covid long ?

Il s’est constitué des consultations spécialisées dans la prise en charge des patients atteints de Covid longs. Lorsqu’elles sont organisées, comme à Genève, au sein de services hospitalo-universitaires, elles sont alors souvent couplées à des protocoles de recherche qui proposent aux patients d’entrer dans l’évaluation de nouveaux traitements prometteurs. Avec tant de symptômes du Covid long différents, la réponse ne peut pas être unique. Elle dépend du type et du degré de l’atteinte constatée. 

Alors que la détermination du taux de guérison du Covid long est à l’étude dans de nombreuses équipes de recherche, deux rapports récents des Centers for Disease Control and Prevention des Etats-Unis suggèrent qu'une rémission est possible. Y a-t-il de vraies chances de rémission ? Quels pourraient être les lueurs d’espoir pour le corps médical et les patients face au fléau du Covid long ? La recherche peut-elle permettre de mieux comprendre la réalité du Covid long afin de mieux accompagner les patients à l’avenir ? Y a-t-il de l'espoir pour de nouveaux traitements réellement efficaces ?

La question de la rémission du Covid long est débattue dans la recherche. Certaines équipes ont rapporté des taux de guérison pour la plupart des patients dans l’année suivant le diagnostic de Covid long. Mais ces études ont été contestées parce qu’elles se fondaient sur la diminution ou l’arrêt des demandes de recours aux soins par les patients. Or des patients atteints de Covid long peuvent cesser de recourir aux soins parce qu’ils sont guéris certes, mais aussi pour des raisons financières ou encore parce qu’aucun médecin ne parvient à les soulager, en jetant l’éponge en quelque sorte. Ainsi d’autres études ont montré en prenant comme critère de guérison, la disparition complète des signes cliniques de Covid long pendant plus de trois mois consécutifs, qu’une proportion notable de Covid longs persistait après deux ans. Si l’on n’est pas capable aujourd’hui de préciser le niveau exact de cette proportion, on sait qu’il peut persister des symptômes de Covid long pendant plusieurs années, et qu’il est urgent de continuer à chercher à mieux soulager tous ceux qui continuent à en souffrir.

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