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A en croire les données de l’université du Michigan aux Etats-Unis, de plus en plus d’adultes consomment des drogues aujourd’hui.
A en croire les données de l’université du Michigan aux Etats-Unis, de plus en plus d’adultes consomment des drogues aujourd’hui.
©Daniel Munoz / AFP

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A en croire les données de l’université du Michigan aux Etats-Unis, de plus en plus d’adultes consomment des drogues aujourd’hui.

Pascal Vesproumis

Pascal Vesproumis

Pascal Vesproumis est spécialiste en Médecine générale, addictologue, hypnothérapeute, conférencier en hypnose  DIU du TDAH à tous les âges, membre de la SFA (Société française d'alcoologie) — CSAPA Addictions France à Evry (en format hybride). Son cabinet médical est basé à Epagny. Pascal Vesproumis est Président de l’ ACCH-formations à l’hypnose.

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Atlantico : A en croire les données de l’université du Michigan aux Etats-Unis, de plus en plus d’adultes consomment des drogues aujourd’hui. Environ 44% des adultes observés consommeraient ainsi du cannabis, entre autres substances, contre seulement 28% il y a dix ans. Comment comprendre cette évolution des données ? Que cache-t-elle exactement ?

Pascal Vesproumis : Ces données nous permettent d’observer que la population la plus touchée par ces augmentations de consommation se situe dans la tranche d’âge entre 40 et 50 ans. C’est une population qui n’a pas forcément découvert ces substances avant et qui, finalement, les découvre dans un deuxième temps. C’est aussi une population qui n’a pas grandi avec tous les messages de prévention qui existent aujourd’hui. 

L’usager recherche un contact immédiat avec quelque chose qui lui permet d’arrêter de penser. C’est la première fonction du produit comme le cannabis. C’est une recherche plutôt anxiolytique et anesthésiante. Un autre phénomène est à prendre en compte. Pour le cannabis, on va avoir des personnes qui vont mimer ce que font les plus jeunes. D’autant plus que l’accès au cannabis est très facile. 

Par contre, ces consommateurs ne basculent pas vers autre chose. On a cru que ces consommateurs chercheraient de l’héroïne, de l’oxycodone ou des opiacés. Ce n’est pas ce qui s’est passé. Les personnes de 40 ans utilisent surtout le cannabis pour s’endormir plus facilement. Mes patients me disent, j’en prends pour me calmer en fin de journée. 

Pour l’alcool, c’est pareil. Je vois beaucoup de personnes qui commencent à en prendre de façon pathologique (c’est-à-dire non mesurée) à partir de 35 ou 40 ans. Ce sont des personnes qui viennent de vivre une séparation, parfois avec une perte de boulot. 

La consommation parfois abusive de substances de se limite pas à la drogue. Il faut aussi tenir compte de l’alcool, que d’aucuns aiment à boire en (très) grandes quantités. Certains articles de presse n’hésitent d’ailleurs pas à parler de « binge drinking », un phénomène en forte hausse chez certains adultes de 30 à 50 ans. En moyenne, c’est le cas de 30% des adultes observés. Un chiffre en constante hausse depuis 2012. Faut-il y voir un simple phénomène générationnel ou y a-t-il une explication plus profonde ?

Qu’un adulte consomme de l’alcool massivement en 20 ou 30 minutes sans chercher autre chose, c’est tout à fait l’inverse de l’alcool convivial. Il n’y a plus de discussions avec les autres. Il n’y a plus d’échanges. On voit bien que ce n’est pas une conduite qui permet d’aller dans le lien avec l’autre. On est face à une situation qui est, probablement, une situation pathologique. A 40 ans, une personne qui recherche l’ivresse rapide, c’est une personne qui veut que ça s’arrête rapidement. Elle est en souffrance.

Quand on regarde un consommateur toxique, il demande au moment où il a une pulsion. Il veut tout de suite son produit. Cette immédiateté, c’est ce qui rend les gens extrêmement violents. L’immédiateté chez un adulte, c’est une manifestation d’impulsivité. Une violence qu’on retourne sur soi. Dans cette consommation, je vois l’usage d’un produit qui va nous faire disparaître la réalité des choses. Il y a une recherche de quelque chose qui dissocie, qui nous enlève de la réalité très rapidement.

Marijuana, binge drinking… Quels sont, d’une façon générale, les dangers de telles pratiques ? 

Les drogues, ce sont des substances qui modifient notre perception des choses. Quand une personne est dans des grandes consommations, elle n’a plus de perception du corps. Il faut permettre à ces gens de ressentir à nouveau. Or, à 40 ans, les corps commencent à fatiguer et quand on en prend beaucoup d’alcool ou de cannabis, on ne sent plus rien. On ne sent plus le corps et on ne sent plus la pensée non plus. 

Quand on prend des substances, il y a un état modifié de conscience. Ce qui veut dire que si beaucoup de personnes consomment des substances, il y a un état modifié de conscience de la société. Si on utilise des substances pour modifier la douleur présente dans notre corps et dans notre esprit, alors on sort de la réalité de la société. Quand les gens sortent du cadre festif, ils se retrouvent isolés dans cette pratique. On les a perdus. Face à cela, la prévention est la réponse la plus importante à tout ce qui est consommation.

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