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Les plateformes d’indépendants nous permettent collectivement d’être plus résilients face à la crise
©Tolga AKMEN / AFP

Monde d'après

Hervé Novelli revient sur le rôle et les efforts des travailleurs indépendants lors de la crise du Covid-19. Les travailleurs indépendants et les plateformes ont permis d’assurer un service indispensable à tous pendant la crise tout en maintenant du lien social.

Hervé Novelli

Hervé Novelli

Hervé Novelli est Président de l’API (l'Association des plateformes d’indépendants). Il a été Secrétaire d'État au Commerce, artisanat, entreprises, professions libérales, tourisme et services. Il était également député européen jusqu'en 2002, et député d'Indre-et-Loire jusqu'en 2007.

 

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Il y a 2 mois, certains s’interrogeaient sur la pertinence du modèle des plateformes numériques de travail. Ne fallait-il pas requalifier en salariés tous les indépendants qui les utilisaient et mettre fin à la plateformisation d’une partie de l’économie ? Après 6 semaines de confinement, il est pourtant clair que ces plateformes et leurs indépendants jouent en réalité un rôle essentiel pour le bon fonctionnement de notre économie. Nous aurons aussi besoin d’elles pour la reconstruire.

La crise sanitaire a montré leur niveau de responsabilité. Certaines, comme la plateforme de services à domicile WeCasa, ont pris la décision difficile d’interrompre leur service de mise en relation dès le début du confinement. D’autres, comme les plateformes de VTC et de livraison (Stuart, Frichti, UberEats, Deliveroo etc.), se sont rapprochées des pouvoirs publics pour décider s’il fallait ou non poursuivre leur activité. Elles ont fait le maximum pour protéger les indépendants en y mettant tous les moyens : communication et formation intensive sur les gestes barrières, remboursement et de distribution de gels, distribution de masques de protection.

Les travailleurs indépendants et les plateformes ont surtout permis d’assurer un service indispensable à tous pendant la crise tout en maintenant du lien social. Des milliers de livreurs collectent et livrent chaque jour courses alimentaires et repas pour des personnes isolées et des personnels soignants. Des milliers d’étudiants indépendants sur les plateformes de “jobbing” (StaffMe, JobyPepper), apportent un renfort décisif à la grande distribution qui n’aurait pu faire face, seule, à l’explosion de la demande. Peut-on imaginer ce qui se serait passé sans ces modèles hyper-réactifs de mise en relation digitale et instantanée ? 

Cette crise a montré tout le potentiel d’innovation, le civisme et l’agilité de nos structures, dont il serait préjudiciable demain de vouloir priver notre économie. Capables de monter en quelques jours une offre de livraison express de produits sanitaires et de médicaments dans toute la France ou encore d’envoyer des indépendants de la restauration (Brigad) en renfort dans des cliniques ou des Ehpad confrontés à d’importantes pénuries de personnel, nos plateformes ont été au rendez-vous en étant un formidable facilitateur.

Ces simples constats nous permettent de formuler quelques souhaits pour « l’après ». 

Il nous faudra être tout aussi résilients pour surmonter l’immense crise économique qui s’annonce. C’est pourquoi, la contribution de tous les travailleurs indépendants à la création de richesses, à la prospérité et au bien commun en France doit être reconnue à sa juste valeur. Il faut en finir avec l’idée mortifère et discriminatoire que seules des professions libérales très qualifiées ou des développeurs informatiques auraient un droit à rester indépendants, tandis que les jeunes et les peu qualifiés seraient obligatoirement abonnés au salariat.

La controverse juridique autour du statut de nos indépendants doit prendre fin. 

Nous demandons que la loi normalise le modèle des plateformes et le travail indépendant qui lui est lié, sans les mettre à la merci d’une jurisprudence aléatoire, poussant au contentieux et inadaptée aux nouvelles formes de travail.  

Du côté de la protection sociale des indépendants, il nous faut œuvrer pour combler certains écarts de droits sociaux sur la santé, la prévoyance et la protection contre les aléas économiques majeurs. 

Qui sait par exemple que le chiffre d’affaires des autoentrepreneurs est soumis au même niveau de cotisations sociales que le SMIC ? Il est temps de faire preuve de la même solidarité nationale vis-à-vis des indépendants fragiles que celle qui a été mise en place pour les salariés. A travers le Fonds de solidarité, le Gouvernement a fait un pas important dans cette direction. Cette aide n’a pas été obtenue sans douleur, du fait de garde-fous complexes qui tranchent avec les systèmes universels de nos voisins allemands ou danois. Nous demandons à très court terme la prolongation et l’extension des aides accordées aux indépendants, puis, lors du déconfinement, une réforme ambitieuse de leurs protections.

Face à l’ampleur de la crise économique, nous aurons besoin de toutes les énergies entrepreneuriales pour rebâtir une économie solide. Et plus qu’en 2009 – année de naissance de la micro-entreprise – le travail indépendant sera un des moteurs de cette reconstruction, un facteur de résilience face à la crise.

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