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Les femmes et les jeunes : les nouvelles "cibles" privilégiées de la NRA
©JUSTIN SULLIVAN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Bonnes feuilles

André Kaspi publie "La nation armée" aux éditions de L’Observatoire. Pourquoi ne comprenons-nous pas le débat sur les armes à feu qui enflamme l'opinion américaine ? L'historien André Kaspi nous en explique les origines et l'actualité. Le débat divise le pays, au même titre que l'avortement, la peine de mort et l'immigration. Extrait 1/2.

André Kaspi

André Kaspi

André Kaspi, est agrégé d'histoire, spécialiste de l'histoire des États-Unis. Il a été professeur d'histoire de l'Amérique du Nord à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et directeur du Centre de recherches d'histoire nord-américaine (CRHNA). Il a présidé notamment le comité pour l'histoire du CNRS.

 

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On constate que les femmes sont de plus en plus nombreuses à acheter et à se servir d’armes à feu, à telle enseigne qu’elles peuvent acheter des sacs à main avec une poche spéciale pour y entreposer un pistolet de petite taille. Ce sont des femmes qui vivent dans les villes plus souvent que dans les milieux ruraux – à la différence des hommes. Elles s’entraînent dans les stands de tir. Il existe, par exemple, une association, Well Armed Woman, créée en 2012, qui a ouvert des succursales dans 49 États. L’une des responsables fait part de son expérience. Elle a été élevée dans une famille qui souhaite un strict contrôle des armes à feu, mais, habitant à Baltimore, elle a compris qu’elle devait pouvoir éventuellement se protéger. Elle défend aujourd’hui, bec et ongles, le deuxième amendement. 

Il faut mentionner un autre groupe de la société : ce sont les jeunes, voire les enfants, initiés à la détention et à l’usage des armes à feu – une tradition qui remonte à l’époque coloniale. La NRA a mis au point le programme « Eddie Eagle » qui apprend aux enfants et aux adolescents l’usage des armes, les précautions à prendre, la familiarité à acquérir ; il recueille des fonds qui vont à la NRA Foundation, elle-même source de financement pour la NRA. Un reportage photographique, paru dans le New Yorker le 26 mars 2018 montre que dans les États de l’Ouest et des Grandes Plaines, des adolescents, garçons et filles, possèdent des fusils, des pistolets, des armes semi-automatiques, participent à des concours de tir, chassent le gros gibier et bénéficient de l’aide matérielle de la NRA. Le photographe-reporter cite l’exemple de Cheyenne, une jeune fille du Missouri. Elle a 17 ans. Elle exerce les mêmes activités que les jeunes de son âge. Avec l’appui d’un fabricant de munitions, elle participe à un concours de tir : une course à obstacles, trois tirs (fusil, arme de poing, AR-15). « Amusant », dit-elle. D’autres filles et des femmes devraient, ajoute-t-elle, la rejoindre. Plus tard, elle travaillera dans l’industrie des armes à feu.

Les alliés idéologiques de la NRA

Même s’ils ne sont pas membres de la NRA, ces détenteurs, ces usagers d’armes à feu contribuent à soutenir efficacement l’association. Ils défendent avec acharnement la liberté d’accéder aux armes, le caractère sacro-saint du deuxième amendement, le droit de chaque individu de détenir, voire de porter une arme et de s’en servir en cas de besoin. Certes, ils sont plus souvent ruraux qu’urbains, conservateurs plus souvent que libéraux. Ils votent pour les républicains plutôt que pour les démocrates. Ils diffusent informations et arguments que l’on découvre dans les publications et les discours de la NRA. Ils agissent sur les élus locaux, dès que la législation sur les armes fait l’objet d’un débat. En permanence, ils restent sur le qui-vive, parce qu’ils ont la conviction que la défense du deuxième amendement et les lois qui en découlent protègent leurs libertés, la liberté d’opinion, la liberté de croire et de s’assembler, la liberté de détenir et de porter des armes.

Extrait du livre d’André Kaspi, "La nation armée", aux éditions de L’Observatoire.  

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