Les contes berbères de mon grand-père : la mésaventure du rossignol<!-- --> | Atlantico.fr
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Jamil Rahmani a publié « Les Contes Berbères de mon Grand-Père » chez Orients éditions.
Jamil Rahmani a publié « Les Contes Berbères de mon Grand-Père » chez Orients éditions.
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Bonnes feuilles

Jamil Rahmani a publié « Les Contes Berbères de mon Grand-Père » chez Orients éditions. Les contes sont les plus vieilles histoires du monde. En Kabylie, à l'heure de la veillée, ces contes retraçaient des histoires d'humains aux prises avec des ogresses, des magiciens, des animaux. Extrait 2/2.

Jamil Rahmani

Jamil Rahmani

Jamil Rahmani est chef du service d'anesthésie réanimation urgences à l'Institut hospitalier franco-britannique de Paris.

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Le rossignol, que nous aimons tous entendre dans les bocages et les jardins, de l’aube à la nuit tombée, eut un matin la désagréable impression d’être pris dans des rets. Ce fut une aventure angoissante dont il garderait toujours le souvenir.

La veille du renouveau, à la tombée de la nuit, l’oiselet, las d’avoir volé çà et là pour son plaisir ou en quête de pâture, aperçut une grande treille, une treille aux multiples sarments secs et enchevêtrés qu’il prit pour du bois mort.

Confiant, il se faufila dans la vigne et, la tête sous l’aile, s’endormit profondément.

Alors qu’il dormait paisiblement, un curieux phénomène dont seule la nature a le secret, eut lieu durant la nuit. La sève, qui s’était figée aux premiers jours de la morte saison, irrigua de nouveau les branchages décharnés. De toutes petites vrilles poussèrent en silence, augurant l’apparition du feuillage.

L’arbuste renaissait, c’était le printemps !

À l’aube, le rossignol, saisi par la fraîcheur du jour naissant, redressa la tête, s’ébroua, étira l’aile droite puis la gauche et commença sa toilette. Du bec, il lissa ses plumes avec soin.

Frais et dispos, il tenta de s’envoler.

Frrt !... Frrt !...

Peine perdue, en dépit de nombreux essais, il n’y parvint pas. Effrayé, il jeta de tous côtés des regards désespérés.

Ne décelant rien d’anormal, il essaya encore de prendre son essor, mais il était cloué sur place. Il se débattit violemment mais ses pattes étaient entravées. Il s’aperçut, ô surprise, qu’elles étaient enserrées par de minuscules tentacules verts.

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Pendant la nuit, les fines pattes du petit dormeur avaient été prises au piège dans les délicates griffes des vrilles de la vigne.

Après un court instant de désarroi, l’oiseau entreprit de se libérer. Il attaqua du bec les filets qui le retenaient prisonnier, tranchant, déliant tour à tour ses liens.

Après un long et patient labeur, tirant à toute force sur ses pattes, il se dégagea du piège et s’échappa.

Ivre de liberté et d’espace, il salua le jour d’un chant mélodieux et joyeux. Le bonheur l’inspira comme jamais.

Depuis, il met en garde ses congénères et vocalise sans cesse deux jolis vers sur la traîtrise de la vigne :

N’aie jamais confiance en la vigne,

Qu’elle soit verte ou sèche !

Ur ttamen azbeṛbuṛ

La izegzu la iqqur.

Chat échaudé ne craint-il pas l’eau froide ?

Le rossignol, méfiant depuis cette fâcheuse aventure, ne se pose plus sur la vigne et ne s’arrête pas longtemps sur une même branche. Il voltige d’arbre en arbre, de buisson en buisson, lançant roulades et trilles mélodieuses en guise d’avertissement.

Extrait du livre de Jamil Rahmani, « Les Contes Berbères de mon Grand-Père », publié chez Orients éditions

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