Les “bons” conseils de Docteur Michel : quand Mister Sapin demande aux entreprises de ne pas trop augmenter les salaires<!-- --> | Atlantico.fr
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Michel Sapin a appelé les entreprises françaises à ne pas augmenter les salaires trop vite afin de maintenir leurs marges.
Michel Sapin a appelé les entreprises françaises à ne pas augmenter les salaires trop vite afin de maintenir leurs marges.
©Reuters

Au secours

Le ministre des Finances a recommandé mercredi 17 décembre aux chefs d'entreprise de ne pas augmenter les salaires "considérablement plus que la productivité". Une ingérence surprenante de la part du politique dans le domaine privé, qui témoigne en outre de l'entêtement du gouvernement à n'envisager la relance que sous l'angle de l'offre, sans se demander d'où viendra la demande.

Gilles Saint-Paul

Gilles Saint-Paul

Gilles Saint-Paul est économiste et professeur à l'université Toulouse I.

Il est l'auteur du rapport du Conseil d'analyse économique (CAE) intitulé Immigration, qualifications et marché du travail sur l'impact économique de l'immigration en 2009.

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Atlantico : Michel Sapin a appelé les entreprises françaises, devant des responsables de groupes étrangers et le président du Medef, Pierre Gattaz, à ne pas augmenter les salaires trop vite afin de maintenir leurs marges. L'idée de maintenir les marges est louable, mais est-ce bien le rôle de Michel Sapin ?

Gilles Saint-Paul : Certainement pas, et si les entreprises augmentaient les salaires, ce dont je ne vois pas vraiment de signe, ce serait parce qu'elles auraient de bonnes raisons de le faire, comme par exemple des pénuries de main d'œuvre. Par contre, le rôle de M. Sapin est de s'assurer qu'il existe un environnement concurrentiel et réglementaire favorable à l'emploi. Une fois les règles du jeu définies par l'Etat, il faut laisser les acteurs de l'économie exercer leur liberté contractuelle, sans intervenir de façon opportuniste et imprévisible.

Qu'est-ce que cela révèle sur la conception que le gouvernement se fait du fonctionnement de l'économie et des entreprises ?

Le gouvernement a intégré les analyses des économistes qui depuis plusieurs décennies s'accordent pour dire que l'un des facteurs essentiels du chômage est le coût du travail excessif au niveau des bas salaires. C'est cela qui explique le rôle important des politiques de l'offre et la volonté de M. Sapin d'éviter des hausses inconsidérées de salaires. Mais ces objectifs sont bien souvent en contradiction avec les intérêts de l'électorat de gauche : fonctionnaires, travailleurs du secteur protégé, syndicalistes, etc. D'où des incohérences et des hésitations dans la politique économique.

Par ailleurs, Michel Sapin semble accorder peu de crédit au soutien de la demande. A quoi sert une politique de l'offre telle que celle défendue par le gouvernement si aucune demande ne vient y répondre ?

Les deux leviers sont importants. Même en récession, certains secteurs d'activité sont contraints par l'offre et pas par la demande. De plus, relancer la demande au-delà de ce qui est déjà fait est très risqué pour nos finances publiques, au-delà de nos engagements avec Bruxelles. Cette marge de manœuvre est pratiquement épuisée et nous jouons avec le feu car les taux bas pourraient ne pas durer. De plus, la demande est faible en grande partie à cause du manque de confiance en l'avenir des investisseurs et des consommateurs ; s'ils voient l'avenir en noir, c'est parce que la taille de l'Etat continue de croître au-delà du raisonnable et que notre compétitivité ne montre pas de signes d'amélioration. En d'autres termes, l'offre et la demande sont liées et c'est l'anticipation des problèmes d'offre à venir qui rend la demande anémique aujourd'hui.

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