Le tourisme en Antarctique est en plein essor mais le continent peut-il y faire face ? <!-- --> | Atlantico.fr
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Des touristes visitent l'île Half Moon, en Antarctique.
Des touristes visitent l'île Half Moon, en Antarctique.
©AFP / Johan ORDONEZ

Nombre record

Selon l'Association internationale des tour-opérateurs de l'Antarctique (IAATO), un nombre record de 105 331 personnes ont visité l'Antarctique au cours de la saison australe 2022-23.

Luis Miguel Pardo

Luis Miguel Pardo

Luis Miguel Pardo est chercheur à l'Université australe du Chili, Faculté des sciences. Centre de recherche : Dynamique des écosystèmes. Dynamique des écosystèmes marins des hautes latitudes (IDEAL).

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Atlantico : Selon l'Association internationale des tour-opérateurs de l'Antarctique (IAATO), un nombre record de 105 331 personnes ont visité l'Antarctique au cours de la saison australe 2022-23. Est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle ?

Luis Miguel Pardo : Les deux à la fois. Pour vouloir protéger un territoire, il vaut mieux le connaître. Les touristes s’inscrivent dans une logique écosystémique. Le tourisme est une activité économique importante, pour l’instant encore réservée à l’élite. L’Antarctique a un biome unique qui a été largement préservé. Il faut le faire connaître et le protéger. Une réunion du Scientific Committee on Antarctic Research (SCAR) a eu lieu à Santiago de Chile il y a quelques jours, mais les pays ne sont pas d’accord pour mettre en vigueur une aire marine protégée sur la péninsule antarctique. Si le tourisme continue de progresser, il y aura aussi plus de pression pour protéger l’endroit. Le risque principal c’est que le tourisme amène avec lui des espèces invasives, dans les bateaux ou dans l’eau qui accompagne les bateaux. On monitore précisément ce qui se passe. De nouvelles espèces sont déjà arrivées, elles sont exotiques mais pas envahissantes pour l’instant. Il faut s’assurer d’installer des pédiluves pour éviter l’arrivée de ce type de problèmes.

Une étude réalisée en 2022 a révélé que les émissions moyennes de CO₂ par passager lors d'un séjour en Antarctique s'élèvent à 3,76 tonnes, soit plus que les émissions annuelles d'une personne moyenne dans des pays comme le Brésil, l'Inde ou le Mexique. Est-ce qui ne faut pas s’inquiéter de l’augmentation du trafic touristique et donc des impacts carbone ?

Evidemment, c’est le deuxième effet négatif : la pollution. On a déjà détecté du plastique et des métaux lourds en Antarctique qui sont typiques de l’activité anthropogénique. Mais c’est pour l’instant limité aux zones d’utilisation des différents pays. On observe des contaminations notamment au niveau de l’Île du Roi-George qui concentre de nombreuses bases scientifiques.

Sur les émissions carbone, il faut prendre une mesure stricte de l’impact de chaque touriste en Antarctique et de délimiter une limite maximum du nombre de voyageurs. Il faut établir la capacité de charge des touristes en Antarctique.

Est-ce qu’il y a un lien direct entre progression du tourisme et fonte des glaces ?

Pas que je sache, on ne sait jamais quels peuvent être les effets indirects mais la fonte des glaces est liée à la température de manière globale. Mais les touristes, plus ils seront nombreux, plus ils pourront constater la réalité de la fonte des glaces et ses conséquences. Je pense que la sensibilisation est différente quand on nous donne une information et quand on l’observe de ses propres yeux.  Pour cela, il faut démocratiser les voyages et faire que ce ne soit pas simplement réservé aux plus riches. Mais il faut maintenir un tourisme responsable et sécuritaire.

Comment gérer un territoire comme l’Antarctique ?

C’est le problème avec l’Antarctique qui est géré par plusieurs pays n’ayant pas les mêmes intérêts. L’organisme existe déjà, c’est la SCAR. Mais les ententes entre les pays sont de plus en plus difficiles, notamment en raison de la Chine et de la Russie. La géopolitique d’aujourd’hui complexifie tout. Sauf que si tout le monde ne se met pas d’accord, on va vivre une tragédie des communs.

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