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Doctolib, la start-up au succès insolent dont l’assurance maladie pourrait utilement s’inspirer
©Reuters

Atlantico Business

L‘assurance maladie et l’organisation de la santé publique auraient toutes deux intérêt à regarder ce qui se passe du côté de Doctolib. L’avenir se prépare très certainement de ce côté-là.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Comme M. Jourdain faisait de la prose sans le savoir, les personnels du système de santé qui font le succès de Doctolib préparent sans doute la prochaine réforme du système de santé sur laquelle tous les politiques se sont cassés le nez. Doctolib organise la transformation radicale, peut-être sans le savoir, mais surtout sans drame. Avec le soutien de tous les partenaires du système de santé.

Doctolib vient tout juste de réussir une levée de fond de 35 millions d’euros après avoir bouclé une première opération en janvier de cette année de 26 millions. Ce qui lui permet de disposer de plus de 61 millions d’euros en 2017 pour accélérer son développement en Europe.

Doctolib est une aventure très jeune mais fascinante. Elle est née en 2013 à partir d’un standard téléphonique commun à quelques médecins pour assurer leur prise de rendez-vous par téléphone et leur secrétariat. Au début, ce secrétariat ne travaillait guère que sur quelques arrondissements parisiens. Pas plus. Le digital a tout changé.

Aujourd’hui, l‘application est devenu le leader européen de la prise de rendez-vous médicaux en ligne et des services Internet aux professionnels de santé. Pour les professionnels et les établissements de santé, Doctolib propose un logiciel de gestion de rendez-vous et des services pour gérer leurs consultations, communiquer avec leurs patients et collaborer avec les autres professionnels de santé.

Pour les patients, Doctolib facilite le parcours de soins : la recherche d’informations et la prise de rendez-vous médicaux se font gratuitement sur Internet, 24h/24 et 7j/7 et un carnet de consultations est accessible en ligne.

La société emploie 380 salariés en France et en Allemagne et possède des bureaux dans 30 villes en France et 5 en Allemagne. Elle collabore avec 30 000 professionnels de santé et 800 établissements de santé. Plus de 12 millions de patients français et allemands utilisent Doctolib chaque mois.

Depuis sa création, les fondateurs de Doctolib ont su convaincre un panel d’investisseurs de grande qualité puisqu'ils ont levé 85 millions d’euros auprès d'investisseurs comme Accel, la BPI, Kerala Ventures et auprès d’entrepreneurs français et allemands comme Pierre Kosciusko-Morizet, Nicolas Brusson, Bertrand Jelensperger, Maxime Forgeot ou Ludwig Klitzsch.

Pour Stanislas Niox-Chateau, président et cofondateur de Doctolib, « Le but de ces levées de fond est simple : investir pour fournir le meilleur service aux 30 000 professionnels de santé qui nous font confiance chaque jour et aux 2 500 nouveaux qui nous rejoignent chaque mois. C’est la clé du début de réussite de Doctolib. Par ailleurs, nous allons continuer d’investir dans l’innovation. Notre objectif : développer de nouveaux services pour faciliter le quotidien des professionnels de santé, digitaliser les différentes étapes du parcours de soins et accompagner les patients et les praticiens dans l’évolution des usages. »  

Enfin, cette levée de fonds va permettre à Doctolib d’accélérer son déploiement en Allemagne. En un an, Doctolib a connu une croissance encore plus rapide qu’à ses débuts en France. La société s’est implantée à Berlin, Munich, Cologne, Düsseldorf et Hambourg. Elle collabore déjà avec 1 000 professionnels de santé. Et depuis son lancement, Doctolib a enregistré 1,5 million de rendez-vous médicaux outre-Rhin.

Alors économiquement, le succès de Doctolib séduit la majorité des investisseurs dans la mesure où il apporte des réponses à beaucoup de problèmes qui se posent au fonctionnement du système de santé.

1er point : pour les médecins, il est évident que le logiciel leur permet d’optimiser l’utilisation de leur temps de consultations. Mais plus loin, il leur permet aussi de développer une communication sur leur spécialité, leur cadre de travail. Donc, ils peuvent faire une forme de publicité ce qui leur était formellement interdit par le conseil de l’ordre.

2e point : pour le patient, c’est tout bénéfice. Il peut choisir son médecin en fonction de l’information qu’il va trouver sur le site. Il peut surtout gérer lui même son rendez vous en fonction des plages de liberté. Le seul point sur lequel le patient souhaiterait une meilleure information, c’est le tarif exact des honoraires, mais les choses sont en train de changer.

Au delà de ses services basiques, il est évident que l’on peut imaginer des prolongements destinés à révolutionner le système de santé et son fonctionnement.

Doctolib peut disposer d’une base de donnée utilisables par le médecin, un carnet de santé et une connaissance précise du parcours de soin. A la limite et sous certaines conditions, l‘assurance maladie aussi.

Mais pour aller plus loin, Doctolib va disposer d’une base de données absolument indispensable pour mettre en place une véritable politique de prévention. Les établissements hospitaliers sont preneurs, les assureurs et les mutuelles tournent autour de cette question de façon à savoir ce qui ressort du destin, de la malchance ou parfois de la responsabilité individuelle ou professionnelle.

Au bout du compte, c’est sans doute plus de rationalité, donc plus d’efficacité et des dépenses mieux maitrisées. Le miracle dans cette aventure, c’est qu‘elle peut s’opérer avec le soutien et dans l’intérêt de tous les acteurs et partenaires du système de santé.

D’une certaine façon, cette démarche a la possibilité de transformer un sujet explosif, parce que politique, en un sujet purement technique dont l’objectif est d’améliorer les résultats en terme de santé publique. Avec en prime un horizon qui ne se limite pas à l’hexagone mais qui amorce une certaine idée de l’Europe de la santé.

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