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Le Sénat, l’autre enjeu des élections américaines
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Trans-Amérique Express

Il faut quatre sièges de plus aux Républicains pour emporter la majorité au Sénat. L’affaire est loin d’être faite. Mais, après la Maison blanche, la «chambre haute » est le second enjeu du scrutin. Voici les courses à suivre.

Gérald Olivier

Gérald Olivier

Gérald Olivier est journaliste et  partage sa vie entre la France et les États-Unis. Titulaire d’un Master of Arts en Histoire américaine de l’Université de Californie, il a été le correspondant du groupe Valmonde sur la côte ouest dans les années 1990, avant de rentrer en France pour occuper le poste de rédacteur en chef au mensuel Le Spectacle du Monde. Il est aujourd'hui consultant en communications et médias et se consacre à son blog « France-Amérique »

Il est aussi chercheur associé à  l'IPSE, Institut Prospective et Sécurité en Europe.

Il est l'auteur de "Mitt Romney ou le renouveau du mythe américain", paru chez Picollec on Octobre 2012 et "Cover Up, l'Amérique, le Clan Biden et l'Etat profond" aux éditions Konfident.

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Ce 6 novembre, les Américains ne voteront pas seulement pour élire leur président. Ils voteront pour renouveler l’ensemble de la Chambre des Représentants (435 sièges) et un tiers des Sénateurs (33 sur 100). Onze Etats élisent aussi leur gouverneur. 

Les Républicains disposent d’une majorité de 242 sièges contre 193 à la Chambre, depuis les élections de 2010. Un coussin qui devrait leur permettre de préserver cet avantage.

Au Sénat, par contre, les Démocrates sont majoritaires. Mais de seulement trois sièges, 53 contre 47, sachant que deux de ces sièges eux sont occupés par des Indépendants -Joe Libierman du Connecticut et Bernie Sanders du Vermont- qui votent avec les démocrates.

Le contrôle du Congrès –Chambre des Représentants et Sénat- sera essentiel au futur président pour mener sa politique. L’attention se focalise sur le Sénat car sur les 33 sièges à pourvoir 10 seulement sont occupés par des Républicains, 2 par des Indépendants  et 23 par des Démocrates. Ceux-ci ont donc plus à perdre qu’à gagner. D’autant que six Sénateurs démocrates ne se représentent pas.  Or dans le club très fermé du Sénat, c’est souvent lorsqu’un sortant laisse la place que le parti adverse s’en saisit…

En 2010 les Républicains avaient gagné six sièges, dont quatre en profitant de la retraite du sortant démocrate. De quoi se remettre de leur défaite cuisante de 2008 quand les démocrates, surfant sur la vague Obama, leur avaient repris huit sièges. Cette fois, il leur en faut gagner quatre, sans en perdre un seul, pour parvenir à 51.   

Le site RealClearPolitics identifie douze scrutins indécis, cinq concernent des sièges détenus par un républicain et sept par un démocrate ou un indépendant.  Les Etats concernés sont les suivants : Arizona, Connecticut, Indiana,  Maine, Massachusetts, Montana, Missouri, Nebraska, Nevada, Nord Dakota, Virginie, Wisconsin.

Côté républicain.

Dans l’Arizona, le sénateur sortant Républicain Jon Kyl ne se représente pas. Jeff Flake, représentant à la Chambre,  brigue sa succession face au Démocrate Richard Carmona, ancien « Surgeon General » (« chirurgien en chef », c’est-à-dire mandataire du gouvernement fédéral aux questions de santé publique) qui se présente comme un Indépendant. Flake est en tête d’un cheveu dans les sondages.

Dans l’Indiana, le « vieux » Sénateur Richard Lugar (six mandats consécutifs depuis 1976) a  été battu lors de la primaire républicaine.  Son tombeur, Richard Mourdock, est talonné dans intentions de vote par le démocrate Joe connelly.  

Dans le Maine, la sénatrice républicaine modérée Olympia Snowe, réélue en 2006 avec 73% des voix, soit la plus large victoire de tout le Sénat, abandonne son siège, rebutée par la polarisation extrême des débats. La course à sa succession met aux prises trois candidats, dont le gouverneur de l’Etat Angus King qui se présente en tant qu’Indépendant. Il a la faveur des sondages et voterait sans doute avec les démocrates s’il était élu.

Dans le Massachusetts, Scott Brown, élu surprise en 2010 au siège de Ted Kennedy, décédé en 2009, se présente pour un mandat complet. Il affronte Elizabeth Warren, professeur de droit à Harvard,  qui pourrait bien rendre aux démocrates ce siège qu’ils considèrent comme leur revenant de droit, tant cet Etat est un fief du parti de l’âne.

Dans le Nevada, le sénateur John Ensign, réélu en 2006 a dû démissionner, à cause d’une affaire d’adultère. Dean Heller a été désigné par le gouverneur pour lui succéder. Pour être confirmé dans ce siège par les électeurs il doit battre la démocrate Shelley Berkley, actuellement représentante à la Chambre. 

Parmi les sièges démocrates qui pourraient basculer, ceux des futurs retraités du Sénat : Joe Lieberman dans le Connecticut, Bob Nelson dans le Nebraska, Kent Conrad dans le Nord Dakota , Jim Webb en Virginie et Herb Kohl dans le Wisconsin.

Dans le Connecticut, le représentant Chris Murphy sera opposé à Linda McMahon, une riche femme d’affaires qui finance seule sa campagne. Les sondages donnent Murphy d’une courte tête. 

Dans le Nebraska, l’ancien sénateur et candidat à la présidence des Etats-Unis Bob Kerrey tente de reconquérir le siège qu’il occupa de 1988 à 2000. Il affronte la sénatrice d’Etat Deb Fischer, dans un bastion républicain et accuse un retard de plus de dix points dans les intentions de vote.

Dans le Nord Dakota, c’est Heidi Heitkamp, l’ancienne « Attorney General » (garde des sceaux) de l’Etat, qui a emporté la nomination démocrate.  Elle sera opposée au républicain Rick Berg, représentant à la chambre, et crédité de cinq points d’avance dans les sondages. Le Nord-Dakota, dont le sous-sol recouvre du gaz de schiste, est un des rares états américains à connaître un boom économique.  

En Virginie, l’ancien gouverneur et président du parti démocrate Tim Kaine, affronte l’ancien sénateur républicain George Allen, battu en 2006. Ce  sont deux ténors de la politique au coude à coude.  

Dans le Wisconsin, la retraite du sénateur Herb Kohl, après quatre mandats, a ouvert la voie à l’ancien gouverneur républicain Tommy Thompson. Il défie la démocrate Tammy Baldwin, dans l’Etat dont est originaire le candidat républicain à la vice-présidence, Paul Ryan.  

Sont également sur la sellette les sièges démocrates du Montana et du Missouri.

Dans le Montana,  John Tester a été élu de justesse en 2006, et brigue un second mandat face au républicain Denny Rehberg. Les deux hommes sont dans un mouchoir.  Le Montana vote toujours républicain à la présidentielle, mais souvent  démocrate au Congrès. C’est aussi un Etat qui a la réputation de « sortir les sortants »… 

Le Missouri, enfin, a déjà fait les gros titres cet été. Claire McCaskill, sénatrice démocrate élue en 2006, avait été identifiée par les républicains comme vulnérable. Son challenger Todd Akin se dirigeait vers une victoire facile quand il s’est sabordé en parlant de « viol légitime » et du fait qu’une femme violée ne puisse tomber enceinte.  Lâché par le parti, sommé de se retirer, il s’est accroché, a financé seul sa campagne, et s’en est sorti. Il accuse toujours un retard de trois à cinq points dans les sondages.  Mais sa candidature est viable et emblématique. Car s’il reste en course malgré des déclarations à l’emporte-pièce, c’est que l’économie du Missouri, en particulier de la ville de Saint Louis, va très mal. La région est prise depuis des années dans un cycle de pauvreté et de dépendance. Les démocrates vantent leur capacité à canaliser l’aide fédérale. Mais cela ne suffit plus. De nombreux électeurs sont prêts à essayer autre chose pour s’en sortir…

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