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Le quinquennat de François Hollande se termine en catastrophe : plus de 48 milliards d'euros de déficit extérieur et impossible de dire que c'est de la faute des autres
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Atlantico Business

Les chiffres catastrophiques du commerce extérieur prouvent que la France a complètement raté la sortie de crise...

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Il est aussi l'auteur du blog http://www.jeanmarc-sylvestre.com/.

Voir la bio »

Les chiffres du commerce extérieur prouvent que le quinquennat de François Hollande a complètement raté sa politique économique. Et là impossible d’accuser la BCE, Bruxelles ou l’Allemagne. Nous avons raté la sortie de crise et nous sommes pratiquement les seuls (avec la Grèce) à ne pas avoir su rebondir.

Les chiffres sont catastrophiques. Nous étions déjà le pays en Europe qui affiche le nombre de chômeurs le plus important (plus de 500 000 chômeurs de longue durée sur 5 ans), la croissance la plus faible (1%), la dette publique la plus grosse (plus de 2000 milliards), le déficit budgétaire en retard ... nous avons maintenant le déficit extérieur le plus abyssal avec près de 50 milliards d’euros.

C’est assez incompréhensible parce que le monde entier a bénéficié au cours des quatre dernières années d’une conjonction de facteurs très favorables, et notamment un pétrole pas cher et des taux d’intérêt proches de zéro, ce qui représente des injections de pouvoir d’achat considérables. Le fameux alignement des planètes : pétrole, taux, monnaie.

Si on y ajoute en France, la relance budgétaire constamment alimentée par le déficit de fonctionnement qu’on a jamais pu réduire, en bonne logique Keynésienne, on aurait gagner tous les hit-parades et rafler tous les oscars de croissance.

Plus que nos partenaires européens, nous aurions dû rebondir plus rapidement. Or c’est le contraire. Nous avons été incapables pendant ces quatre ans de transformer cette injection de pouvoir d’achat en croissance et en emploi.

Le modèle économique de la France est très simple. C’est une machine à fabriquer des importations et à relancer la croissance et les emplois mais chez les autres. Démonstration :

La politique économique injecte des tonnes de pouvoir d’achat par le biais des prestations sociales, des emplois publics, des prix du pétrole très bas, et des taux zéro. Ces tonnes de pouvoir d’achat alimentent la demande de consommation. Du coup, les magasins, et les concessionnaires automobiles font le plein, mais cette demande s’adresse principalement en produits étrangers, fabriqués ailleurs en Europe ou en Asie.

Nos principaux partenaires européens sont massivement excédentaires en commerce extérieur.

Ce qui est désolant, c’est que l’appareil de production français a été incapable au cours des 5 dernières années de répondre à la demande des consommateurs français.

Et ce déficit abyssal n’est imputable ni à l‘Allemagne, ni à l‘Europe, ni à la Banque centrale européenne. Impossible de trouver un coupable à l’extérieur.

Les seuls secteurs industriels français qui réussissent de belles performances à l’étranger sont le luxe (bravo LVMH), le militaire (bravo la Défense nationale, et "vive les guerres" qui permettent de montrer le matériel) et le tourisme (merci à la tour Eiffel).

L’appareil de production français ne répond pas à cette demande parce qu’il ne fabrique pas les produits dont les clients ont besoin à un prix compétitif. C’est tout simple. Pas besoin d’avoir lu Schumpeter pour comprendre la faillite française.

Nous avons évidemment un problème de compétitivité, coût et hors coût. Et ce problème est imputable à notre système fiscal (trop lourd), notre système social (trop rigide et trop couteux), des frais généraux trop chers et un écosystème peu favorable à l’entreprise.

Le système politique français et le système administratif n’aiment pas l’entreprise et ne savent pas comment les entreprises fonctionnent. La destruction créatrice pour permettre l’innovation est en France une coutume réactionnaire et ignominieuse. D’autre part, comme cette politique d’offre dépend des entrepreneurs et que les entrepreneurs sont considérés comme des voyous, il n ‘y a rien à attendre.

La plupart des responsables politiques, à commencer par Benoit Hamon, Jean-Luc Mélenchon, les Verts ou Marine le Pen, passent leur temps à taper sur les chefs d’entreprise, les grands comme les moyens, les banquiers, le système de marché, les européens, l’euro, bref le système économique dans lequel on vit.

Les seuls qui assument cette modernité sont fragilisés. François Fillon est abimé, et Emmanuel Macron encore futile et léger.

Le résultat : 50 milliards de déficit extérieur qu'il faut bien financer par la dette. Alors on peut comme Benoît Hamon dire « qu‘on se fout de la dette », on peut comme Marine le Pen dire qu’il faut sur-taxer les importations pour en freiner l’achat ... on peut toujours s’enfermer. Mais il faut savoir que si on s’assoit sur une dette, on se prive de tout financement (la Grèce dans ses délires les plus fous n’a pas osé couper le cordon ombilical des financements). Il faut savoir que si on ferme la frontière aux produits importés, on la ferme aussi aux exportations, mais les magasins n’auront plus rien à vendre et ce sont les consommateurs qui paieront les droits de douanes (enfin les consommateurs qui en auront les moyens).

On peut toujours réclamer une politique monétaire encore plus généreuse qu’elle ne l’est, on peut toujours dire que Mme Merkel pourrait faire un effort (mais lequel ?) on peut dire que Bruxelles nous étrangle. La vérité est que nous sommes incapables d’affronter la concurrence internationale, mais que nous voulons vivre comme des riches sans en avoir les moyens.

De deux choses l’une : ou bien on se couche, on respire peu et on vit au ralenti. On ne travaille pas, on n’innove pas, etc.etc. Il y a dans l’histoire des peuples et des cultures qui se sont éteints de cette façon.

Ou bien, on prend conscience de ce risque d’étouffement et on considère que l’entreprise est le seul acteur capable de créer des richesses pour tous. 

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